Audrey Hanard (bpost) : "J’ai rencontré Paul Magnette trois fois dans ma vie"
La présidente de bpost, Audrey Hanard, a répondu positivement à la demande des députés de transmettre au parlement l’audit interne sur la concession de journaux qui fait l’objet de soupçons de collusion.
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Publié le 16-05-2023 à 17h51 - Mis à jour le 16-05-2023 à 19h44
Le suspense aura duré trois heures. La présidente de bpost Audrey Hanard, a répondu à la demande pressante des députés de la majorité comme de l’opposition de transmettre au Parlement l’audit interne sur la concession de journaux qui fait l’objet de soupçons de collusion. Elle l’a annoncé lors du débat en Commission parlementaire ce mardi.
“Le document sera transmis d’ici la fin de la semaine à titre confidentiel dans le cadre d’une data room. Certains extraits seront barrés en noir. Des dizaines de personnes ont été interrogées. Elles ont droit à la confidentialité”, a expliqué Audrey Hanard alors que de nombreux députés s’étaient offensés ne pas avoir accès à ce document contrairement à la presse.
La présidente avait commencé son allocution en expliquant que “la période est difficile pour bpost mais qu’il n’y avait pas d’autre choix. La page doit être tournée”.
"Échanges normaux"
Interrogée sur ses liens avec des ténors du PS, la présidente a expliqué, dans sa réplique, qu’elle respectait deux principes majeurs : “la transparence et l’indépendance”. “J’ai été nommée par le PS, ce n’est un secret pour personne, comme d’autres administrateurs représentant l’Etat. Nous exécutons notre mandat en toute indépendance”, a-t-elle assuré. Elle voit son rôle comme “un chef d’orchestre et un ambassadeur”. Son rôle de chef d’orchestre consiste à préparer les réunions du conseil “afin de prendre les décisions de manière collégiale. Chaque décision est prise collégialement”. Quant à son rôle d’ambassadeur, il consiste à rencontrer un certain nombre de personnes. “Ce sont des contacts normaux et souhaitables. Moi et le CEO avons rencontré des membres des cabinets ministériels. Tout s’est fait en toute transparence. Il n’y a rien d’illégal. Ce sont des échanges normaux pour présenter les enjeux de l’entreprise. Le conseil d’administration a été informé”.
La présidente est revenue sur la question de la réunion dans les bureaux de bpost avec le président du PS, Paul Magnette. “Là aussi, cela s’est fait en toute transparence, au vu et au su de tous et cela ne portait pas sur la question de la concession des journaux. Les contacts avec le monde politique sont utiles. C’est une bonne chose. J’ai rencontré trois fois Paul Magnette dans ma vie et quatre fois Pierre-Yves Dermagne”, le ministre PS de l’Economie en charge de l’appel d’offre pour la concession de la distribution des journaux.
Pas de rationalisation
Jos Donvil, le patron de bpost Belgique, a lui démenti les rumeurs de plans de rationalisation qui expliqueraient l’intervention du PS désireux de s’y opposer. “Dire qu’il y a un plan social n’est pas correct. Notre tâche est d’assurer l’emploi à long terme”, a-t-il dit, tout en reconnaissant que l’entreprise qui est, derrière la Défense, le deuxième plus grand employeur en Belgique (avec 25 000 emplois dont 15 000 facteurs) doit “s’adapter à la réalité et trouver des nouvelles activités pour assurer l’emploi à long terme”.
Il a aussi démenti les chiffres alarmistes cités par le député N-VA, Michael Freilich, en matière d’absentéisme. “En avril 2023, il était de 9,34 %”, a-t-il expliqué, soulignant que ce n’est ni parmi les plus hauts ni parmi les plus bas.
Avant la réplique de la présidente, les députés avaient fortement critiqué le powerpoint très détaillé sur les grandes étapes de l’audit et avaient posé de nombreuses questions sur les contacts que la présidente du conseil a eu avec des ténors du PS, à commencer par son président Paul Magnette et aussi le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne. “Je dois être honnête, j’ai encore beaucoup de questions. Le grand perdant est le contribuable. Vous n’avez pas pu nous convaincre que vous êtes de son côté. Soyons clairs, il y a encore un épais brouillard autour de ce dossier”, a souligné la députée Open VLD Marianne Verhaert.
Tout en jugeant la mise à disposition de l’audit comme “une belle avancée”, le député MR Emmanuel Burton a estimé qu’il “restait encore beaucoup de questions sans réponse”.
Pointant “tout un faisceau de partialité” dans le choix des avocats pour effectuer l’audit, Michaël Freilich a demandé qu’Audrey Hanard fasse “un pas de côté”.