Taïwan déroule le tapis rouge pour le patron de Nvidia, nouvelle superstar de l’IA
Jensen Huang, le CEO et cofondateur américano-taïwanais du fabricant de “super” puces électroniques, a fait salle comble à l’ouverture du salon Computex de Taïpei.
- Publié le 30-05-2023 à 07h25
- Mis à jour le 30-05-2023 à 16h00
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Jensen Huang était attendu comme le messie, lundi, à Taïpei. Une heure avant son discours d’ouverture du salon Computex, on faisait déjà la file devant les portes du gigantesque forum du centre d’exposition de la capitale taïwanaise. L’entrepreneur américano-taïwanais est devenu, en l’espace de quelques mois, la nouvelle superstar de l’industrie informatique, des sociétés actives dans l’intelligence artificielle (IA) et, accessoirement, des marchés financiers. La capitalisation de la société a franchi la barre de 1000 milliards de dollars ce mardi sur le Nasdaq.
Veste de cuir et pantalon noir, le cofondateur et patron du fabricant de puces électroniques, a arpenté la scène du Computex durant près de deux heures. “Cela faisait longtemps que je n’avais plus eu l’occasion de m’adresser à vous en public et j’avais beaucoup de choses à vous dire”, a conclu Jensen Huang, tout sourire, comme pour s’excuser d’avoir dépassé l’horaire prévu auprès d’un public à la fois conquis par la technologie de Nvidia et séduit par le succès de son patron.
Un point de basculement a été atteint
Jensen Huang, qui s’était déjà exprimé quelques jours plus tôt devant les nouveaux diplômés de l’Université nationale de Taiwan, a profité de son allocution à Computex pour faire une multitude d’annonces : sorties de nouvelles puces surpuissantes, production d’un nouveau super ordinateur, présentation du processeur de calcul accéléré doté d’une mémoire géante, partenariats avec de grandes entreprises (comme Softbank et WPP)… À travers ces déclarations, il a surtout expliqué qu’on avait atteint un “point de basculement” en raison, d’une part, de l’informatique accélérée (rendue possible par la puissance de calcul des puces) et d’autre part, de l’essor phénoménal de l’IA générative (basée sur le traitement de très grandes quantités de données). De quoi, dit-il, transformer toutes les applications actuelles et d’en créer de nouvelles dans de très nombreux domaines (industrie, santé, mobilité, etc.).
Nvidia, qui s’est fait connaître à la fin des années 1990 par l’invention des puces “GPU” (Graphics Processing Unit) utilisées pour les images 3D dans les jeux vidéo, est en train de tirer pleinement profit de l’engouement mondial suscité par ChatGPT. La puissance de calcul des “GPU” répond en effet parfaitement aux “grands modèles de langage” à la base de l’IA générative. OpenAI a d’ailleurs eu recours à des “GPU” de Nvidia pour entraîner et exécuter ChatGPT.
Une aubaine pour l’industrie taïwanaise
Taitra (Conseil de développement du commerce extérieur de Taïwan) et TCA (Association informatique de Taïpei), les organisateurs de Computex, ne pouvaient évidemment pas rêver meilleur orateur pour lancer un salon qui fait son grand retour après trois années de crise sanitaire. “Computex a été créé en 1981, en même temps que le premier PC, a souligné James Huang, président de Taitra. Aujourd’hui, on connaît un nouveau changement considérable avec l’intelligence artificielle et l’informatique en est le moteur”. C’est évidemment une aubaine pour une industrie qui est en sérieuse perte de vitesse, avec une forte chute des ventes d’ordinateurs.

Pour Paul Peng, président de la TCA, l’attention mondiale pour l’IA et ses multiples applications sont une excellente pour l’économie taïwanaise. “Taïwan, a-t-il insisté, est un lieu clé pour le développement mondial des semi-conducteurs. Les forces et les avantages de l’industrie taïwanaise des TIC (technologies de l’information et de la communication) sont la combinaison de la technologie d’ingénierie, des capacités de production de masse et des délais de livraison pour répondre aux besoins des acheteurs mondiaux”.
La Wallonie en mission exploratoire
Computex, qui s’ouvre ce mardi et se clôturera vendredi, attend plus d’un millier d’entreprises provenant de vingt-six pays. La plupart des grands acteurs de l’industrie des semi-conducteurs et de l’informatique seront présents (Intel, Texas Instrument, Siemens, NXP, STMicrolectronics, Asus, Acer, ARM, Supermicro, …). Computex réservera aussi une large place à l’innovation avec Innovex, espace qui rassemblera quelque 400 start-up originaires de 22 pays différents.
Pour la première fois, la Wallonie y occupera un stand, avec la présence de cinq start-up et PME technologiques (Calyos, Exostiv Labs, Dinec Assembly, Lisam et Intopix). Outre leur présence à Computex et Innovex, ces entreprises wallonnes prendront part à une mission exploratoire de l’Awex (Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers) destinée à faire connaître leur savoir-faire au sein de l’écosystème taïwanais. Ils seront accompagnés de représentants de l’UCLouvain, de l’Ecam et de WSL (incubateur des “techno-entrepreneurs”). Une mission dont nous aurons l’occasion de reparler.