"Ce n’est pas bon pour les banques si leurs clients en viennent à s’intéresser à d’autres placements"
La Banque nationale fait comprendre aux banques qu’elles ont intérêt à proposer de meilleures conditions sur leurs livrets d’épargne.
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- Publié le 31-05-2023 à 16h11
- Mis à jour le 31-05-2023 à 18h47
Le message de la Banque nationale de Belgique (BNB) à propos du débat sur le niveau jugé trop bas des taux des livrets d’épargne est clair : les banques doivent proposer des conditions qui pousseront les épargnants à continuer à placer leur argent chez elles. Voilà ce qu’a dit, en substance, ce mercredi, le vice-gouverneur Steven Vanackere, lors de la présentation du rapport annuel sur la stabilité financière du secteur. “Ce n’est pas bon pour les banques si leurs clients en viennent à s’intéresser à d’autres placements. La stabilité du secteur est garantie par la fidélité des clients belges. Ce facteur de stabilité risque d’être mis en péril le jour où les clients auront l’impression de ne pas avoir des conditions raisonnables”, a souligné le membre du comité de direction de la BNB. Il a fait cette mise en garde tout en reconnaissant que la préoccupation des banquiers de maintenir une rentabilité suffisante était compréhensible. Tout comme il comprend leur argument que la hausse des taux porte sur tous les dépôts et “seulement” sur les nouveaux crédits.
Plus de clarté sur les chiffres
Sur la proposition de certains partis de gauche d’imposer un taux minimum sur les livrets, Steven Vanackere est resté prudent, soulignant qu’il n’y avait “pas beaucoup de pays qui offrent un taux minimum. Des mesures uniformes pour les livrets d’épargne pourraient être dangereuses." Il s’est bien gardé de dévoiler le contenu de la note demandée à la BNB par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V). Et qui devrait servir à guider le gouvernement De Croo dans ce débat.
La note réalisée en collaboration avec la Banque centrale européenne (BCE), devrait aussi apporter un peu plus de clarté sur tous les chiffres qui circulent actuellement, en particulier sur les dépôts des banques traditionnelles auprès de la banque centrale belge, qui sont rémunérés au taux de 3,25 %. Dans les colonnes de La Libre, l’économiste Paul De Grauwe avait avancé que cela rapportait aux banques 8,45 milliards sur un an. Le CEO de BNPP Paribas Fortis, Michael Anseeuw, a relativisé ce chiffre, avançant des revenus d’intérêts de maximum 1,7 milliard.
Steven Vanackere a insisté sur le fait que la situation était bien différente d’une banque à l’autre. “Certaines banques n’ont rien placé à la BCE. Certaines d’entre elles sont aussi un peu plus exposées que d’autres à la remontée des taux d’intérêt. Le montant déposé auprès de la BCE est moins relevant que les marges d’intérêts. La question est un peu plus compliquée que certains laissent le croire”, a-t-il dit.

”Pas d’autosatisfaction exagérée”
Pour le reste, il s’est montré confiant sur la santé du secteur financier, qu’il s’agisse des banques comme des assurances. “Le système financier est assez stable pour résister à des chocs. Et il n’y a aucune forme d’autosatisfaction exagérée dans ce constat”, a-t-il martelé. La forte remontée des taux - le taux de la BCE a été relevé de 375 points de base depuis juillet 2022 à 3,25 % - “a été bien assimilée par l’ensemble des acteurs."
Les banques belges ont “très bien digéré les risques de taux d’intérêt'. Elles affichent des profits bruts en hausse à 9,1 milliards en 2022. Cette profitabilité s’explique par des revenus d’intérêts en hausse ainsi que des pertes sur les crédits “assez limitées. On est au niveau de provisions le plus bas depuis la crise de 2008-2009. Il n’y a pas d’emprunteurs qui ont des problèmes. Ce qui nous surprend. Mais il faut rester prudent par rapport aux crédits non performants. Chiffre rassurant : 60 % des dépôts sont couverts par la garantie bancaire de 100 000 euros. Un pays comme le Luxembourg n’atteint qu’un niveau de 10 %.
Rien d’inquiétant non plus à signaler du côté immobilier. En tenant compte de l’inflation, les prix des maisons ont baissé de 6 %. “La surévaluation a baissé en 2022.” La production des crédits immobiliers reste importante avec un montant de 40 milliards mais est au-dessous des 50 milliards atteints dans la foulée de la crise sanitaire. “La situation se normalise”, a conclu Steven Vanackere.