La fédération Horeca réclame 100.000 euros à Fabian Hermans: "Il y avait une surfacturation de ses prestations pour sa mission de 'Mr Covid'"
Président de la Fédération Horeca Bruxelles durant toute la crise Covid, Fabian Hermans est aujourd’hui cité à comparaître devant le tribunal de l'entreprise de Bruxelles.
- Publié le 31-05-2023 à 09h50
- Mis à jour le 31-05-2023 à 10h08
:focal(410x296:420x286)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4RMBPSUFGRHZ7ADR74UWERTF3A.jpg)
Depuis le début de l’année 2022, Fabian Hermans n’est plus le président de la Fédération Horeca Bruxelles. Il a même démissionné purement et simplement au mois de mai 2022. Depuis lors, quelques rumeurs circulaient sur les raisons de ce retrait soudain. Divergences de points de vue ? Détournement d’argent ? Muette durant de long mois, la nouvelle présidente de la fédération, Ludivine de Magnanville est sortie du bois.
C’est avec son trésorier, Matthieu Léonard, qu’elle a dévoilé les coulisses de cette affaire qui a pris une tournure juridique ces derniers jours. La Fédération Horeca Bruxelles, par la voix de son avocat Me Antoine Declève, a ainsi cité son ancien président à comparaître. Le but de la manœuvre ? Réclamer la somme de 100.000€ à Fabian Hermans.
Mais comment en est-on arrivé là ? Et que lui reproche-t-on exactement. “Il y a un système tout à fait opaque qui s’est créé au fil des années autour de Fabian Hermans, avance Ludivine de Magnanville. Il est d’abord devenu administrateur en 2016, avant de devenir trésorier en 2019 et de cumuler ces casquettes avec celle de président en juillet 2021 et de “Mr Covid-19”, via une convention. Sa mission était de nous représenter auprès de toutes les instances politiques et administratives dans le cadre de la crise sanitaire, mais aussi de représenter la fédération dans les médias.”
Une mission qui était rémunérée à hauteur de 50€ de l’heure HTVA, et c’est là que les problèmes ont commencé. “Fin 2021, un nouveau conseil d’administration a été mis en place, et je suis devenu trésorier, se rappelle Matthieu Léonard. Sa convention de “Mr Covid” avait cessé, mais il a continué à envoyer des factures de plus de 10.000 € par mois. Il m’envoyait des messages pour que je procède au paiement, mais je n’avais pas encore accès aux différents programmes pour valider ces notes de frais et ces factures. J’ai payé la première, mais quand une nouvelle facture est arrivée deux semaines plus tard, je me suis posé des questions.”
C’est là que Ludivine de Magnanville et Matthieu Léonard ont commencé à éplucher toutes les factures envoyées par Fabian Hermans. “On l’a tenu au courant de chaque étape et on lui a demandé des comptes. On s’est rendu compte qu’il y avait une sur-facturation de toutes ses prestations liées à sa mission de “Mr Covid”. Il facturait beaucoup plus d’heures que celles réellement prestées, ou bien des heures prestées dans d’autres missions qui n’avaient rien à avoir avec la crise sanitaire.”
Une démission inévitable
Face à tout cela, Fabian Hermans a accepté de démissionner, début mai 2022. “La mission était alors de rassembler un maximum de preuves, et nous n’avons repris que les éléments entre septembre 2021 et février 2022”, indiquent les deux membres du CA. Au total, ce sont exactement 100.500€ qui sont réclamés à Fabian Hermans. “La majeure partie concerne cette sur-facturation, mais aussi des prises de risque avec l’argent de la fédération. Un compte titre avec une prise de risque financière – certes faible – a été créé avec la seule signature de Fabian Hermans pour un montant total de 250.000€. Je prends aussi l’exemple de l’achat d’appareil de ventilation via une société sans procéder à un appel d'offres. Il a contracté un prêt pour acheter ces machines avant même la validation par le CA et la validation d’un subside régional de 70.000€ (pour un achat estimé à environ 100.000€, NdlR). Enfin, je précise que nous n’avons même pas repris les notes de restaurants abusives dans notre calcul. Par rapport des restaurants à deux pour plus de 800€ ou un lunch le jour de Noël”, pointe notamment Matthieu Léonard.
Voilà donc la Fédération Horeca Bruxelles face à une histoire dont elle se serait bien passée. “On avait le choix de laisser cette histoire sous le tapis, mais c’était un cas de conscience. On a une ligne claire avec le nouveau CA : la transparence avant tout. Cela vaut pour nos membres qu’on appelle à cesser le travail au noir, mais cela vaut pour nous aussi ! Travailler à assainir la fédération, c’est avoir plus de crédibilité ensuite face aux décideurs politiques et face à la population. Moi, j’en ai marre d’entendre que les fédérations profitent de l’argent des restaurateurs et que l’Horeca est un monde de pourri. Je ne voulais pas être mêlée à cela plus tard”, avance Ludivine de Magnanville.
Fabian Hermans nie en bloc : “Je n’ai jamais eu la moindre discussion avec eux"
Nous avons évidemment contacté Fabian Hermans pour lui demander sa version des faits. “Pour commencer, je n’ai encore reçu aucune citation à comparaître, assure-t-il. Je voudrais donc bien savoir ce qui m’est reproché. J’ai démissionné en mai 2022 car je n’étais plus en phase avec le nouveau conseil d’administration de la fédération.”
Et quand on lui demande s’il a eu des échanges par rapport à cette affaire avec Ludivine de Magnanville et Matthieu Léonard avant ou après sa démission, il est catégorique. “Personne ne m’en a parlé. Je voudrais bien savoir quand ils m’ont convoqué pour avoir le moindre renseignement. Je tombe des nues et je me réserve le droit de leur répondre. Ce que vous me racontez devient diffamatoire de leur part !”
Il assure vouloir jouer la transparence par rapport à ce dossier et donne quelques éléments de réponse. “Si mon souvenir est bon, j’ai facturé 16.000€ de frais de restaurant en 2021, une année où j’ai passé mon temps à rencontrer des ministres, des bourgmestres, etc. Pour le compte titre ouvert à la KBC, l’argent est toujours à la fédération, où est le problème ? Et il faut trois signatures pour ouvrir ce genre de compte, et je les ai eues.”