Le patron de Ryanair en guerre contre les contrôleurs aériens français : "Neuf personnes peuvent bloquer quasi-tout le ciel de l'Europe"
La compagnie irlandaise craint de devoir annuler des "milliers" de vols cet été. Elle demande qu’un service minimum soit instauré chez les contrôleurs aériens français en cas de survol de l'Hexagone.
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- Publié le 31-05-2023 à 13h50
- Mis à jour le 31-05-2023 à 18h38
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Comme il en a l’habitude, Michael O’Leary, le patron de Ryanair a assuré le spectacle ce mercredi matin devant la Commission européenne. “J’ai organisé la manifestation la plus calme de l’histoire de l’Europe, explique-t-il. On est des Irlandais, pas des Français : on n’a pas l’intention de brûler des bâtiments ou de laisser des déchets devant le Berlaymont”. Vêtu d’un T-Shirt avec la mention “Gardez-le ciel ouvert” , le CEO était accompagné d’une dizaine de personnes (”des employés et des étudiants qu’on a engagés pour faire plus jeune”) pour remettre une pétition contenant plus d’un million de signatures à la présidente Ursula von der Leyen.
Sa demande ? Que la Commission européenne mette la pression sur le gouvernement français pour que ce dernier impose un service minimum en cas de grève des contrôleurs aériens du pays. La compagnie irlandaise craint ainsi de devoir annuler “des milliers” de vols cet été “si la situation perdure”.
Une situation géographique fondamentale
Ryanair a fait ses comptes : depuis le début de l’année, il y a eu 57 jours de grèves de contrôleurs aériens à travers l’Europe, “soit dix fois plus qu’en 2022”, la majorité ayant eu lieu en France. Or, vu la situation géographique de l’Hexagone, de nombreux vols survolant le pays doivent être annulés ou sont retardés : même un vol entre la Belgique et l’Espagne a de très fortes chances de ne pas avoir lieu en cas de grève française. “Ce qui est complètement injuste, c’est que le gouvernement français a prévu un service minimum mais uniquement sur les vols nationaux, peste Michael O’Leary. Un vol entre Lille et Marseille peut donc avoir lieu en cas de grève française mais pas un trajet entre le Portugal et le Danemark”.
D’après le patron irlandais, les Français peuvent aussi “prendre facilement le train ou la route” pour se rendre à leur lieu de vacances. “Mais comment fait un Irlandais qui a réservé un séjour en Italie et dont le vol a été annulé à cause des Français ? Il n’a pas le temps de trouver une solution de rechange”.

Depuis le début de l’année, Ryanair a dû annuler 1200 vols, impactant 216 000 passagers, et retarder près de 18 000 vols “à cause de ces grèves en France”. “On doit faire de gros détours en contournant l’espace aérien français, ce n’est pas tenable écologiquement et économiquement”, justifie la compagnie.
Des "haussements d’épaules" du gouvernement français
”On a déjà interpellé le gouvernement français mais tout ce qu’on a eu comme réponse étaient des haussements d’épaules, soupire Michael O’Leary. Nous avons aussi été devant la cour européenne de justice, il y a cinq ans, mais sans résultat. On ne veut pas de changement de législation au niveau européen, cela prendrait 25 ans. Mais on veut que la Commission mette la pression sur le gouvernement français pour qu’il instaure un service minimum en cas de survol de son territoire dès cet été, comme c’est déjà le cas en Italie et en Grèce”.
D’après Ryanair, légalement, une pétition avec 1 million de signatures oblige Ursula von der Leyen à agir. “C’est le devoir de la Commission de protéger la liberté de mouvement en Europe, poursuit M. O’Leary. Ce n’est pas normal qu’un nombre minuscule de personnes puissent bloquer tout le ciel européen. La dernière fois, il y a eu neuf grévistes chez les contrôleurs aériens français et le système s’est effondré pendant trois jours, ils ont quasi bloqué toute l’Europe. Les grévistes protestaient contre la réforme des pensions de Macron, alors même que les contrôleurs aériens en sont exemptés”. Le patron irlandais n’exclut pas des actions légales contre la Commission si rien n’est fait dans les prochaines semaines.