Une société belge impliquée dans un projet à 2 milliards de dollars au Texas
Tree Energy Solutions veut construire une usine de production de gaz synthétique au Texas, en partenariat avec TotalEnergies.
- Publié le 31-05-2023 à 16h11
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Fondée en 2019, la société belge Tree Energy Solutions (TES) entend tirer profit du juteux business de la transition énergétique. Derrière elle, on retrouve Marcel et Paul van Poecke, deux frères à la fois cofondateurs et coprésidents de l’entreprise. TES compte aussi parmi ses actionnaires de grands noms tels que l’énergéticien allemand E.ON, ou encore les banques HSBC et UniCredit.
Basée à Zaventem, la société belge a aussi des bureaux en Allemagne, au Texas, à Abou Dabi… En octobre 2022, TES a été sélectionnée par le gouvernement allemand en vue de construire une nouvelle unité flottante permettant d’accueillir du gaz naturel liquéfié (GNL). L’infrastructure, basée à Wilhelmshaven, doit entrer en service en octobre prochain. La start-up belge a aussi été sélectionnée pour construire une unité de production d’hydrogène vert, dans ce même port de Wilhelmshaven.
Entre 2 et… 5 milliards
Ce mercredi, TES a annoncé qu’elle envisageait de procéder à un nouvel investissement important, en partenariat avec le géant français TotalEnergies. Il s’agit d’un investissement de minimum 2 milliards de dollars, dans une unité de production de gaz synthétique (ou e-gaz). Une décision finale d’investissement sera prise l’année prochaine. Si le projet devait se concrétiser, TES et TotalEnergies détiendraient chacun 50 % des parts.
Mais qu’est-ce que le gaz synthétique ? Le gaz synthétique a la même composition chimique que le gaz naturel. Il émet donc aussi du CO₂ quand il brûle. Par rapport à l’hydrogène vert (qui n’émet pas de CO₂ lors de la combustion), il a l’avantage de pouvoir être utilisé dans les mêmes infrastructures (transport, usine…) que le gaz naturel.
Plus ou moins neutre
La grande différence entre le gaz synthétique et le gaz naturel réside dans leur processus de production. TotalEnergies et TES devront d’abord produire de l’hydrogène vert, à partir d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques alimentant un électrolyseur. Ensuite, l’hydrogène vert devra être combiné avec du CO₂, pour produire du gaz synthétique.
Pour que le gaz synthétique soit considéré comme neutre en carbone, le CO₂ servant à sa fabrication doit être capté dans l’air ou être biogénique (fixé par les plantes). En effet, l’émission de CO₂ qui a lieu lors de la combustion du gaz de synthèse est alors compensée par la capture du CO₂ en amont.
Le problème est que la capture du CO₂ dans l’air coûte encore très cher. Dans son communiqué, TotalEnergies évoque donc l’utilisation de carbone biogénique. Contactée, TES évoque aussi d’autres possibilités, comme le recours à du CO₂ capté à la cheminée des usines. Dans ce cas, le gaz synthétique ne serait pas neutre en CO₂, même si son empreinte carbone serait moindre que celle du gaz naturel.
Inflation Reduction Act
Selon les deux partenaires, le choix du Texas comme lieu de production n’est pas étranger à la mise en place de l’Inflation Reduction Act (IRA), un mécanisme de soutien US aux technologies vertes. Certains voient d’ailleurs dans ce projet la concrétisation du risque de fuite des investissements de l’Europe vers les USA.
Néanmoins, TES n’aurait jamais envisagé d’installer son unité de production de gaz synthétique en Europe. En effet, l’entreprise cherchait un endroit ensoleillé et venteux, avec beaucoup d’espace disponible pour installer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques. Or, selon TES, l’Europe n’offre pas cela. Le Texas était donc en concurrence avec l’Australie et le Moyen-Orient pour accueillir l’usine. “L’Inflation Reduction Act a été un accélérateur, nous explique Kristiana Gjinaj, head of external relations chez TES. Grâce aux subsides américains, le projet a été accéléré de 1 ou 2 ans”.
L’investissement, compris entre 2 et 3 milliards de dollars, comprend les électrolyseurs (permettant de produire l’hydrogène vert) et l’unité de méthanation (permettant de combiner l’hydrogène vert au CO₂). “Mais si TotalEnergies et TES devaient installer eux-mêmes leurs éoliennes et panneaux photovoltaïques alimentant les électrolyseurs, l’investissement pourrait monter jusqu’à 5 milliards de dollars”, précise Kristiana Gjinaj.
L’objectif est de produire 100 000 à 200 000 tonnes par an de gaz synthétique. Il pourra être utilisé aux USA, mais aussi exporté, sous forme liquide, en Europe et en Asie. On ne parlerait plus alors de gaz naturel liquéfié (GNL), mais de gaz de synthèse liquéfié.