No Waste Republic, la première start-up à industrialiser la fabrication de bière à partir de restes de pain
Libre Eco week-end | Start-up à impact. La jeune pousse récupère les surplus de production des industriels du pain.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/b6d415ca-bddc-4323-93f6-8207b36b87e0.png)
- Publié le 02-06-2023 à 09h58
:focal(2011x1517:2021x1507)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6TN4ONRU4BEZ3FWVHRIFGATPDI.png)
Fondée en juin 2022, la jeune pousse No Waste Republic ambitionne de rendre plus verte la fabrication de bière. Pour cela, elle veut utiliser les surproductions de pain pour brasser le breuvage, une idée déjà mise en place par de petites structures mais dont l’effet est marginal et peu rentable. On citera par exemple Janine boulangerie-brasserie ou la bière Babylone de Brussels Beer Project. “Ici, nous voulons revaloriser le pain à l’échelle industrielle pour rendre possible la circularité du pain dans le domaine brassicole”, appuie Charles-Louis Stinglhamber, cofondateur et CEO de No Waste Republic.
Jusqu’à 40 % de pain
Le projet a commencé petit, en 2019, avec la création d’une première bière au pain nommé La Miche et de la jeune pousse Anazao. “Après sept ans passés chez AB InBev, j’avais envie de devenir entrepreneur et d’avoir un impact positif sur la planète”, raconte le dirigeant de No Waste Republic. Charles-Louis Stinglhamber crée donc une bière en collaboration avec le boulanger bio Bonpain situé à Anderlecht et la Brasserie de Brunehaut, première brasserie d’Europe certifiée B Corp – certification octroyée aux entreprises répondant à des exigences sociétales, environnementales, de gouvernance et de transparence envers le public. Aujourd’hui, Anazao commercialise deux recettes de bières qui ont pris le nom de Grain Again (pils) et Flour Power (pale ale).
”Pour faire de la bière, il faut nécessairement quatre ingrédients : de l’eau, du houblon, de la levure et des céréales, décrypte l’entrepreneur. Les céréales contiennent de l’amidon, qui se transforme en alcool par l’action de la levure lors du processus de fermentation. Dans 100 litres de bière, il y a environ 20 kg de céréales comme le malt d’orge, le riz, le maïs ou le froment. Or, ces céréales ont été arrosées, cultivées, transportées, stockées, maltées… En en remplaçant une partie par du pain qui aurait été gaspillé – jusqu’à 40 % – on diminue ainsi l’empreinte carbone et la consommation d’eau.” A noter que l’utilisation de pain à la place des céréales n’a pas d’influence sur le goût de la bière.
Les surproductions avant les invendus
En 2022, Charles-Louis Stinglhamber sait qu’il tient le bon bout mais la compétition sur le marché brassicole est rude et l’entrepreneur aurait besoin de beaucoup de financements pour atteindre la rentabilité. Une rencontre avec David Mellet, fondateur et CEO du “start-up studio” à impact BeeFounders, change alors la donne. “J’ai réalisé que notre force n’était pas la bière, mais notre savoir-faire dans la récolte et la transformation du pain, explique Charles-Louis Stinglhamber. Nous avons alors créé No Waste Republic, un projet dont le business model est basé sur la récolte à grande échelle des restes de pain. Ils sont triés, stabilisés, stérilisés puis certifiés utilisables pour les brasseurs sous forme de granulats de pain.” L’entrepreneur est actionnaire principal de la nouvelle start-up aux côtés de BeeFounders et de trois actionnaires minoritaires.

Pour l’instant, No Waste Republic récupère uniquement les surplus de production des industriels du pain. La récupération d’invendus auprès des supermarchés et des boulangeries est en effet plus complexe au niveau de la législation. S’attaquer à ce segment est toutefois un objectif à moyen terme de la jeune pousse. Elle devra alors traiter avec l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (AFSCA).
Une usine de 450 m² à Anderlecht
Aujourd’hui, la start-up fabrique ses granulats de pain sur son site de production de 450 m² aux Abattoirs d’Anderlecht. Les granulats sont issus d’un mélange de pains spécifique et constant. “Nous avons déjà récupéré deux tonnes de pain et l’objectif est d’atteindre les 100 à 200 tonnes en 2024 et 5 000 tonnes de pain par an d’ici trois à cinq ans”, précise Charles-Louis Stinglhamber. L’entreprise compte déjà Brussels Beer Project comme client et a entamé un processus de vente avec une dizaine d’autres brasseries belges.
No Waste Republic compte aujourd’hui 4 collaborateurs actifs et cherche à recruter cette année deux profils en production. Elle travaille pour cela directement avec Actiris. Enfin, la start-up a déjà levé plus d’un demi-million d’euros et envisage une levée de fonds plus conséquente aux alentours de juin 2024.