Les entreprises exportatrices belges plus optimistes mais visiblement moins "concernées" par le dérèglement climatique
Si les exportateurs belges se montrent optimistes pour les trois prochaines années, ils se focalisent davantage sur l’inflation énergétique que sur l’urgence climatique.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/6965eff1-e129-4a35-a8b1-4689b267ab04.png)
- Publié le 09-06-2023 à 10h02
:focal(2839x1605:2849x1595)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LEBY3JMS2BD53NJQ2LVKOPKRPE.jpg)
Guerre en Ukraine, problèmes d’approvisionnement, inflation… Malgré le contexte international difficile, les entreprises exportatrices belges affichent un regain d’optimisme, nous apprend le baromètre des exportateurs de Credendo, publié par l’assureur-crédit jeudi. Plus de deux tiers des 1 000 sociétés interrogées – des entreprises dont les exportations représentent au moins un quart de leur chiffre d’affaires – prévoient jusqu’à 25 % de croissance de leurs exportations sur les trois prochaines années et ce, en dépit des multiples crises environnantes.
Comment expliquer cette résilience des exportations du Plat Pays ? Les entreprises ont fait le ménage dans leurs priorités, en s’axant surtout sur la baisse de leur consommation énergétique. Cette dernière implique une multitude de “mesures vertes” comme la sensibilisation des employés à avoir un comportement plus durable (adoptée par 55 % des entreprises répondantes), la production d’énergies propres à travers l’installation de panneaux photovoltaïques ou de mini-éoliennes (40 %) ou encore l’isolation des bâtiments (22 %).
Recul des enjeux environnementaux
En parallèle de ces comportements durables, Credendo constate pourtant un recul du dérèglement climatique dans les priorités des exportateurs belges, l’inflation énergétique étant désormais la préoccupation principale.
”En 2021 et 2022, on avait 47 % et 43 % des entreprises qui s’inquiétaient du dérèglement climatique sur leurs activités. Cette année on tombe à 36 %, ce qui est une baisse quand même significative”, explique Nabil Jijakli, Deputy CEO de l’assureur-crédit. “Mais je pense d’abord qu’en 2021, on a eu ces fameuses inondations en Belgique. Ensuite, on a eu de très fortes chaleurs en 2022. Et puis, les autres années, on faisait l’enquête en octobre juste après l’été. Ici, l’enquête a été faite avant l’été en avril…”
”Par contre, on demande également si les entreprises doivent adapter leurs décisions en fonction des risques climatiques et 83 % des répondants disent oui”, poursuit Nabil Jijakli. “Et 80 % d’entre elles disent qu’elles doivent agir sans attendre les contraintes gouvernementales.”
Multiplication des fournisseurs
Autre élément qui pèse dans les priorités actuelles des exportateurs belges : la diversification géographique. Si elle permet notamment aux entreprises de diminuer leur dépendance à un trop petit nombre de fournisseurs, elle suppose des risques politiques : guerres, troubles sociaux, expropriations, catastrophes naturelles… “Plus vous faites de la grande exportation – c’est-à-dire pas vers la France ni l’Allemagne mais le Nigéria, l’Afrique du Sud ou la Chine – plus ces risques peuvent être importants et se combiner.”
Par ailleurs, si on en revient aux enjeux climatiques, la diversification géographique implique également une hausse potentielle de l’empreinte écologique de l’entreprise. “C’est une question complexe et délicate. C’est au cas par cas”, veut nuancer Nabil Jijakli. “Ça dépend de ce que vous prenez comme fournisseurs, vous en avez qui sont plus vertueux… Evidemment, si globalement vous aviez un fournisseur qui est en Wallonie, que vous êtes basés à Bruxelles et que vous le remplacez par trois fournisseurs plus éloignés, ce n’est pas un bénéfice sur le plan environnemental, au contraire”, concède-t-il.
Un enjeu qui fait son chemin
Le Deputy CEO veut toutefois se montrer optimiste : “70 % des entreprises exportatrices disent que le changement climatique représente une donnée assez importante pour elles.”
En guise d’exemple du côté wallon, l’Agence wallonne à l’Exportation (Awex) recense 19 entreprises “qui croient au développement durable” et qui sont notamment actives dans la production alimentaire, la construction ou la mode. L’Awex explique même sur son site que les 17 Objectifs du Développement Durable des Nations Unies (ODD) sont “désormais devenus incontournables pour toute stratégie entrepreneuriale tournée vers l’international” et explique que “c’est le meilleur investissement à terme” au niveau de la performance, de l’approvisionnement en matières premières, de la compétitivité et de l’attraction de nouveaux talents. Du côté flamand, Flanders Investment and Trade a publié en 2018 un guide pour “renforcer la stratégie commerciale” des entreprises flamandes exportatrices, en adoptant les ODD. L’enjeu fait son chemin dans l’industrie internationale belge…
”Quand je vois les différents indicateurs, on va dans le bon sens”, médite Nabil Jijakli. “Alors est-ce que c’est suffisant ? Je pense que ce ne le sera jamais. Mais ça, c’est une autre question…”