"Il y a une dizaine d'années, on pensait que cette technologie allait révolutionner l'industrie"
Libre Eco Weekend | Le dossier. Les atouts de l'impression 3D sont indéniables, mais sa lenteur, les investissements que cela représente en termes de temps, d'argent et de "mindset" limite les avancées, pour le moment.
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- Publié le 09-06-2023 à 16h54
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"Il y a une dizaine d'années, on pensait que ça allait révolutionner l'industrie. Mais aujourd'hui, on voit que l'additive manufacturing (impression 3D, NdlR) est pour le moment surtout un outil supplémentaire", lance d'emblée Sven Hermans, Business Group Leader Manufacturing chez Agoria.
"Il y a de nombreuses possibilités. Avec les polymères, les métaux, les différents types d'impression, dont le selective laser melting (la fusion de poudre de métal ou autres alliages par laser, NdlR). Mais ces technologies demandent une expertise beaucoup plus importante qu'on ne l'imagine", ajoute-t-il.
Les atouts en termes de réduction de pertes de matières sont indéniables, tout comme le niveau de complexité de création de pièces, d’où l’intérêt pour certains secteurs, comme l’aviation, l’automobile et même l’armement. La FN Herstal a d’ailleurs une ligne de production, relativement limitée, mais pour des pièces spécifiques où la complexité et la légèreté font que l’impression 3D est intéressante.
"Ce n'est pas une 'push the button tech'"(une technologie rapide et facile à mettre en place, NdlR)
"Mais l'adaptation de l'industrie doit se faire avec la question : quelle valeur peut-on dégager ? C'est un investissement de temps énorme", nuance Sven Hermans.
Un atout pour la compétitivité ?
Néanmoins, selon le responsable d’Agoria, le gain en nombre de mouvements utiles des robots fait que l’impression 3D peut permettre une augmentation de la productivité des lignes sur certains points. Et potentiellement optimiser la productivité de l’industrie en Europe, où la robotisation et l’automatisation sont des points essentiels pour la compétitivité au niveau international.
"Le Covid a montré l'importance de pouvoir créer des pièces localement"
"Le Covid a montré l'importance de pouvoir créer des pièces localement. La pandémie a poussé certaines entreprises à s'avancer dans le domaine et a mis cette technologie à l'agenda. Mais ce n'est pas une solution pour toutes les activités. Ce n'est pas une 'push the button tech' (une technologie rapide et facile à mettre en place, NdlR). Cette technologie reste relativement lente pour des lignes de production et cela dépend du nombre de pièces que l'on doit produire", renchérit-il. Pour Sven Hermans, pour le moment, ce serait donc une technologie de niche qui nécessite un changement de mindset, d'état d'esprit, profond, en plus du changement technique des lignes de production.
Matières premières et énergie
Selon Sven Hermans, la question de l'approvisionnement en matières premières se pose, même s'il se montre confiant pour les polymères et même pour les métaux. Mais il nuance : "Oui, il y a moins de perte de matière. Mais l'énergie nécessaire et l'empreinte globale peuvent être élevées".
Selon lui, la technologie continuera d'évoluer, mais restera pour le moment une niche. Cependant des formes d'impression 3D, comme le Waam (fabrication additive Arc-fil, Wire Arc Additive Manufacturing), sorte de soudures par couche, montre des intérêts indéniables. "Ce sera adopté, mais lentement et pas partout", termine-t-il. Les entreprises doivent avoir le temps, l'argent et la certitude de la rentabilité pour se lancer. Pas toujours évident. Welcome to reality.