Pourquoi les grandes banques ne sont pas transparentes sur les comptes à terme
Ce type de produit est nettement mieux rémunéré que le livret d’épargne et coûte donc plus cher aux banques. Qui en font un produit d’appel ou de fidélisation pour une clientèle fortunée.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/3794e68f-5aa0-49a3-b726-bed694fe37b9.png)
- Publié le 11-09-2023 à 08h28
:focal(1870x1255:1880x1245)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ULJ7RJB7TVFO3L26HT4M5UNBSE.jpg)
Lors de l’émission des bons d’État, plusieurs banques-Axa Banque, Beobank, Argenta et Deutsche Bank- ont ajusté leurs conditions sur leurs comptes à terme sur un an. Pour retenir leur clientèle, elles ont joué à fond la carte de la transparence. Ce qui est loin d’être le cas des grandes banques belges qui, pourtant, voient les montants déposés sur les comptes à terme fortement augmenter. Et cela en raison d’une rémunération plus intéressante que sur les livrets d’épargne mais qu’il est impossible de comparer avec celle proposée par les outsiders.
Portefeuille conséquent
Les raisons invoquées par les grandes banques pour justifier ce manque de transparence sont multiples. Les quatre grandes banques du pays expliquent que ce taux dépend du montant et de la durée. Traduction : plus le montant est élevé, plus la rémunération est élevée. Bref, elles ne veulent pas afficher un taux auquel le petit épargnant n’aura pas droit.
Lors de la récente conférence de presse sur les résultats semestriels de Belfius, Olivier Onclin, directeur du département retail, a expliqué que les informations sur les taux des comptes à terme sont réservées aux clients, ce qui donne une “latitude commerciale.” Il nous revient que le taux actuel à un an oscille entre 3,15 et 3,25 % bruts. Ce qui donne un rendement net (après déduction du précompte mobilier de 30 %) d’environ 2,20 %. Un rendement nettement supérieur au livret d’épargne si l’on prend en prend en compte la prime de fidélité. Le compte Belfius Fidelity offre en effet 1,15 % dont 1,05 % de prime de fidélité.
En marge de la présentation des résultats semestriels, Michael Anseeuw, le CEO de BNP Paribas, nous a expliqué, quant à lui, qu’il y a davantage de transparence sur les comptes d’épargne car “c’est un produit standardisé” sur lequel il est facile de communiquer alors que le compte à terme est lié “à l’évolution de l’Euribor” (taux sur les marchés internationaux). De plus, c’est un “produit pour lequel on préfère entamer une discussion avec le client car on peut proposer des alternatives intéressantes. Cela fait partie des décisions d’investissement”. Traduction : à partir d’un certain montant, les banques préféreront pousser certains produits comme les sicav qui leur rapporteront plus en termes de commissions. Elles sont d’autant plus incitées à le faire qu’elles ont trop de liquidités.
Éléments dissuasifs
Il est donc clair qu’en termes de rentabilité, les banques n’ont aucun intérêt à mettre en avant les comptes à terme. Car ces dépôts leur coûtent beaucoup plus chers que le livret d’épargne, qui bénéficie d’une exemption du précompte jusqu’à 980 euros. Chez Belfius, un des moyens utilisés pour limiter l’intérêt des clients est de ne pas rémunérer le réseau d’agence sur la “vente” de ce produit contrairement à l’ouverture d’un carnet de dépôt. Autre élément dissuasif : l’activation ou le renouvellement d’un montant à terme nécessite bien, selon nos informations, un rendez-vous en agence contrairement d’ailleurs à ce qu’affirmait Olivier Onclin.
En fait, ce sont quelques institutions outsiders axées sur le conseil en investissements, comme Deutsche Bank Belgique, qui ont relancé le segment du compte à terme quand les taux ont commencé à remonter, il y a quelques mois. “Notre offre en comptes à terme-NdlR pour un montant minimum de 100 000 euros- est un succès commercial déjà depuis fin de l’année passée. On était un des premiers acteurs (si pas le premier) à être agressif sur ces taux et les résultats enregistrés lors de l’émission des bons d’Etat ont dépassé nos attentes les plus optimistes”, nous explique Jean-Michel Segers, directeur du département communication de Deutsche Bank. Pendant la période d’émission du bon d’Etat, la succursale belge de la banque allemande avait offert un rendement net très légèrement supérieur à celui des bons d’Etat (2,81 % nets).
Jusqu’à 10 millions
La banque Puilaetco a aussi essayé d’attirer de la clientèle en proposant des taux élevés. Mais les montants requis le sont aussi. Elle propose 3,90 % bruts (2,73 % nets) à un an pour des montants compris entre 500 000 et 1 million. Elle va jusqu’à 4,20 % bruts pour 10 millions. “Nous constatons depuis l’été une forte demande pour les dépôts à terme combinée à un retour des investisseurs vers les placements obligataires traditionnels offrant de meilleurs rendements”, nous explique Mathieu Bonte, le responsable de la communication.
Face à de telles offres qui visent une clientèle fortunée, il est clair que les grandes banques ne peuvent pas rester sans réaction. Mais elles le font en toute discrétion…