Toopi Organics, société française pionnière de la valorisation agricole de l’urine humaine, va se déployer en Belgique
Toopi Organics a bouclé une levée de fonds de 16 millions d’euros. Elle prévoit la construction, d’ici 2027, d’un site industriel en Wallonie avec l’appui de deux fonds belges.
- Publié le 12-09-2023 à 06h40
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En pleine séquence belge du “pipigate”, dont divers médias français ont fait leurs choux gras la semaine dernière, voici une information franco-belge très sérieuse et très prometteuse pour le secteur de l’agriculture : Toopi Organics, jeune société française spécialisée dans la valorisation agricole de l’urine humaine, a annoncé à La Libre vouloir accélérer son déploiement industriel et commercial en France et en Belgique. Si tout se passe comme prévu, Toopi prévoit d’implanter, en province de Liège, une première unité de production de son produit Lactopi Start d’ici 2027.
“La Belgique est la première à avoir donné son feu vert pour la mise sur le marché. Cela nous a permis de démarrer la commercialisation du Lactopi Start en début d’année."
Créée en 2019 en Gironde, Toopi Organics est une entreprise de biotechnologie spécialisée dans la collecte et la transformation de l’urine humaine en biostimulants microbiens pour l’agriculture. La société a obtenu, l’an dernier, l’autorisation de commercialiser son premier produit urino-sourcé dans six pays de l’Union européenne. “La Belgique est la première à avoir donné son feu vert pour la mise sur le marché. Cela nous a permis de démarrer la commercialisation du Lactopi Start en début d’année avec la Scam (Société coopérative agricole de la Meuse)”, salue Michael Roes, cofondateur de Toopi. Et les premiers relevés réalisés cet été chez des agriculteurs wallons sur des cultures de maïs et de betteraves seraient très prometteurs. “C’est de très bon augure pour la commercialisation en France, que nous venons d’amorcer avec le distributeur Qualifert”, se félicite Alexandra Carpentier, directrice générale de Toopi Organics.
Un modèle économique viable
”En 2019, considérer l’urine comme une ressource naturelle renouvelable faisait sourire. Depuis, un consensus scientifique a émergé sur l’intérêt de la collecte séparative de l’urine”, explique Michaël Roes depuis ses bureaux de Loupiac-de-la-Réole, petite commune du sud-ouest de la France où est implantée la première unité de traitement de Toopi Organics (d’une capacité de 250 000 litres par an). “Avec notre technologie pour l’hygiénisation et la fermentation de l’urine humaine, ajoute-t-il, nous apportons un modèle économique viable pour la valorisation agricole de l’urine. Notre ambition est d’aller vite et loin, en Europe et ailleurs”. La recette de fabrication du Lactopi Start ? C’est secret défense ! Le savoir-faire de Toopi, protégé par quatre brevets, a l’énorme avantage de ne pas souiller l’eau potable aux toilettes, de réduire l’apport en engrais minéraux et de réduire les émissions de CO2.
Après une première levée de fonds d’environ 4 millions d’euros au début 2020 (dont 1 million en capital), Toopi Organics vient de boucler un nouveau tour de table de 16 millions pour financer son déploiement industriel et commercial en France et en Belgique. Ce tour de table est constitué d’une série A de 11 millions d’euros et de 5 millions de subventions françaises (ADEME et Bpifrance). Le fonds singapourien VisVires New Protein a mené la levée de fonds, suivi des fonds belges Edaphon et Noshaq, de MAIF Impact, ainsi que de BNP Paribas Développement. Les investisseurs historiques, dont IRDI, JOHES et MakeSense, ont également participé à ce tour de financement.
Une future unité de production en région liégeoise
Ces fonds vont permettre à Toopi Organics d’étendre son réseau de collecte d’urine humaine, de développer trois nouveaux biostimulants urino-sourcés et de construire deux usines de transformation, d’une capacité globale de 3 millions de litres par an, en France et en Belgique. L’unité française de 2 millions de litres sera opérationnelle dès le début de 2025. “La construction de l’usine belge, en province de Liège, pourrait commencer dès 2025. La mise en route de l’usine dépendra de la traction commerciale, mais cela pourrait être en 2026”, indiquent Alexandra Carpentier, directrice générale de Toopi Organics, et François Gérard, directeur de Toopi en Belgique. L’impact en termes de créations d’emplois sera relativement réduit puisque le pilotage d’une unité de 2 millions de litres ne nécessite que cinq personnes. Mais il faut y ajouter le personnel pour la collecte de l’urine et pour la distribution auprès des agriculteurs, argue Alexandra Carpentier. Toopi emploie actuellement une petite trentaine de personnes (dont François Gérard). “Il est prévu de doubler les effectifs d’ici deux ans et que l’on soit un peu moins de 100 en 2027”, avance Alexandra Carpentier.
”Avec cette nouvelle levée de fonds, notre objectif 2027 est de déployer une gamme de quatre biostimulants urino-sourcés sur plus de 600 000 hectares agricoles en Europe."
”Avec cette nouvelle levée, poursuit la directrice générale, notre objectif 2027 est de déployer une gamme de quatre biostimulants urino-sourcés sur plus de 600 000 hectares agricoles en Europe. Aujourd’hui, le Lactopi Start constitue donc une solution écologique pour réduire la dépendance aux importations d’engrais phosphatés issus de l’extraction minière, tout en conservant les rendements et en réduisant les coûts de fertilisation pour les agriculteurs”. L’ambition de Toopi est de réaliser un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros en 2027 en France et en Belgique.
En France, Toopi Organics a structuré un réseau de collecte de l’urine autour de grands acteurs comme Vinci Autoroutes, le Futuroscope et WC Loc pour les festivals de musique. L’entreprise a mené des expériences en Belgique à l’occasion de la dernière édition de la Foire de Libramont et du festival des solidarités à Namur.