Des délais de prise de rendez-vous et réparation qui explosent ? "Chez Ermès, nous réparons les vélos dans un délai de quatre jours maximum"
Libre Eco week-end | Adrien Guilmin a ouvert un atelier à Ixelles. Sa marque de fabrique : la rapidité d’intervention.
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- Publié le 16-09-2023 à 12h30
Faire de sa passion son métier, puis le cœur de son propre projet professionnel. Telle a été la démarche d’Adrien Guilmin, 32 ans aujourd’hui. Un homme passionné de vélo depuis son plus jeune âge. “D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours pratiqué le vélo, depuis que ma mère m’envoyait dans les bois de Marche-en-Famenne à une époque où je manifestais des troubles de l’attention”. Aujourd’hui, Adrien participe à des courses d’ultra-endurance – en autonomie – sur de très longues distances, donc. “J’ai pris part à des épreuves de 1500 km, à une course au Kirghistan dans les contreforts de l’Himalaya, j’ai traversé l’Italie, la République Tchèque…”, raconte-t-il.
Un business dans son garage, comme Steve Jobs
Logique, dès lors, qu’après des études en marketing et en communication, l’homme se soit dirigé vers le sport à l’heure de choisir son premier métier, dans l’atelier de Decathlon, à Evere. Après y avoir travaillé comme manager pendant 3 ans, il rend toutefois son tablier, part marcher à l’autre bout du monde, revient en Belgique faire un passage dans l’entreprise familiale qu’il quitte rapidement. Un peu désœuvré, il se met à retaper, dans le garage de sa colocation, des vélos d’amis, puis d’amis d’amis… “Le bouche-à-oreille a fait son œuvre. Des numéros inconnus ont commencé à m’appeler. J’ai eu de plus en plus de travail. J’ai rencontré deux business-angels”.
Adrien se jette alors dans le grand bain : il lance sa propre société, Ermès, engage un mécanicien (“génial”), fait son business-plan et ouvre son atelier de réparation et d’entretien de vélos, dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles, en juin 2021. Un atelier mais aussi un service de réparation de vélos à domicile, lancé grâce à l’achat d’une camionnette. “L’acquisition de clients a pris du temps car nous n’avions pas pignon sur rue, j’ai proposé nos services à des sociétés de leasing de vélos, des professionnels avec de grandes flottes. Mais ce n’était pas simple sur le plan logistique”.
Il faut parfois attendre plusieurs semaines avant d’obtenir un rendez-vous dans d’autres ateliers. Or, cela peut être impossible à vivre pour ceux qui ont choisi le vélo comme moyen de locomotion principal.
Finalement, s’est imposé le projet d’ouvrir un grand et bel atelier dans un endroit de passage, ce qui a été fait en mai 2023 à Ixelles (chaussée de Vleurgat), à quelques mètres de l’avenue Louise. Un atelier qui rassemble aujourd’hui trois mécaniciens et deux apprentis, en plus du patron d’Ermès. Et le succès est au rendez-vous : “Les vélos rentrent non-stop, nous sommes multimarques, nous acceptons tous les types de vélos, sauf les modèles 'vintage' et quelques modèles électriques ‘exotiques’.” Une camionnette permet d’aller chercher les vélos au domicile des clients pour les réparer dans l’atelier – avec des frais de déplacement, évidemment.
Un service entre 2 et 4 jours ouvrables
Mais la marque de fabrique d’Ermès, c’est surtout la rapidité d’intervention. “Nous avons un service express en deux heures pour des réparations basiques, pour les freins ou chambres à air, par exemple. Et en période normale, un vélo est réparé ou entretenu en 2 à 4 jours ouvrables, alors qu’il faut parfois attendre plusieurs semaines avant d’obtenir un rendez-vous dans d’autres ateliers, puis encore du temps avant de retrouver son vélo, précise Adrien Guilmin. Or, cela peut être extrêmement pénalisant, voire impossible à vivre, dans des familles, de plus en plus nombreuses, qui ont choisi le vélo comme moyen de locomotion principal”.
Ambitieux, Adrien Guilmin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. “Nous avons beaucoup travaillé sur la productivité, sur les bonnes formules de tarification. Et nous souhaitons continuer à nous développer : ouvrir un deuxième atelier en 2024 ; agrandir l’équipe ; acheter un nouveau vélo à remorque électrique pour ramener les vélos du domicile des clients vers l’atelier ; numériser tout ce qui est possible dans la prise de commandes, la logistique, la gestion prédictive des entretiens…”.
Tout cela représentera des investissements, évidemment : après un prêt convertible de 100 000 euros pour ouvrir l’atelier de Vleurgat, le patron d’Ermès souhaite lever 300 000 euros pour financer ses nouveaux projets, notamment via une opération de crowdfunding. Vivre de sa passion, c’est bien, mais cela ne se fait pas sans prendre quelques risques…