Immobilier: risque de suroffre, à long terme, en Wallonie

D'ici 2020, et si elle construit autant que ces 6 dernières années, la Wallonie pourrait friser l'état de suroffre, selon une étude ING.

Charlotte Mikolajczak
Immobilier: risque de suroffre, à long terme, en Wallonie
©Jean Luc Flemal

Relayés par les entrepreneurs et les architectes, les consommateurs se plaignent de l’impossibilité qu’ils ont d’acheter de la brique (manque de terrain, manque de permis, manque de crédit hypothécaire…). C’est d’ailleurs l’une des trois thématiques du salon Batibouw, où l’on peut débusquer si pas des logements abordables, à tout le moins des trucs et astuces réduisant les prix.

Perturbé (et campagne électorale oblige), le politique en vient à imaginer la création d’une ville nouvelle près de La Louvière pour abriter les légions de ménages annoncées par les nombreuses études démographiques. Et, par là même, réduire un peu la pression de la demande sur l’offre.

Et voilà qu’ING jette un drôle de pavé dans la mare : là où les autres voient un marché en pénurie, la banque le voit en équilibre, voire peut-être, demain, en suroffre.

"Dans l’ensemble, le marché semble être à l’équilibre", indique Julien Manceaux, Senior Economist ING Belgium. Même s’il convient qu’en matière d’offre et de demande, Bruxelles est et reste en pénurie de logements, la Flandre frise l’équilibre alors que la Wallonie l’a atteint, voire est un peu au-delà. "A Bruxelles, la pénurie se chiffre à quelque 10000 unités, explique-t-il. Un déficit néanmoins compensé par des surplus en Flandre et en Wallonie; mais très faibles, représentant moins d’une année d’activité du secteur. On est donc très loin d’une situation où il y a trop de logements." Et pas du tout dans un scénario à l’espagnole.

Au sein même des deux autres Régions, Julien Manceaux convient également que certaines provinces sont sans doute moins bien loties. Comme le Brabant wallon ou le Brabant flamand, par exemple, où viennent toujours se réfugier des Bruxellois en mal de logement.

Danger des prévisions à long terme

Ceci étant, l’équilibre d’aujourd’hui ne perdurera peut-être pas. L’économiste s’est ainsi demandé ce qu’il adviendrait du parc de logements si la construction continuait sur sa lancée (moyenne des 6 dernières années), c’est-à-dire si la Flandre continuait de produire de 30 à 31000 logements par an, si la Wallonie en mettait chaque année quelque 16000 sur son territoire et Bruxelles environ 2000. "Il faudrait alors s’attendre, en Flandre, à une petite baisse de la pression d’ici à 2020 (l’équilibre resterait tendu); à Bruxelles, à une situation de pénurie bien plus grave encore qu’en 1995; et en Wallonie, à une suroffre de logements affectant les prix." Ceci, bien sûr, tout en regardant l’évolution démographique annoncée. Ce qu’il veut bien faire jusqu’en 2020, mais certainement pas jusqu’en 2030 et au-delà. "Prévoir l’évolution du nombre de ménages sur le long terme est très risqué. Les probabilités d’erreurs sont grandes. De plus, des dynamiques de vieillissement différentes entre les régions impliquent des réalités très contrastées", assure Julien Manceaux. Qui voit donc un danger à se précipiter, aujourd’hui, sur des politiques de construction uniformes.

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