Après ses logements, la Région bruxelloise pleure ses entrepôts et ateliers disparus (INFOGRAPHIE)
La mixité, c’est aussi rester dans une logique de centres d’activités. Au risque de créer une capitale-dortoir.
Publié le 16-05-2018 à 08h14 - Mis à jour le 16-05-2018 à 16h05
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La mixité, c’est aussi rester dans une logique de centres d’activités. Au risque de créer une capitale-dortoir.Il fut un temps, pas si lointain, où la Région bruxelloise pleurait après des logements. Aujourd’hui, elle aurait tendance à pleurer ses entrepôts et ateliers disparus. Pas tant parce qu’il y en aurait nettement moins qu’avant (à peine 700 m² de moins sur un total de 4,7 millions de m² répartis à concurrence de 42 % d’ateliers, 46 % d’entrepôts et… 12 % d’espaces vides), mais surtout parce qu’à l’heure de l’e-commerce et du "just in time", il en faudrait bien davantage. Or, et c’est un des enseignements de la dernière édition de l’Observatoire des activités productives, cette offre immobilière qui se concentre toujours de part et d’autre du canal, semble toujours mieux trouver son bonheur en périphérie. Tant que c’est en Région bruxelloise, aux confins d’Anderlecht ou de Bruxelles, du côté de Haren ou de Neder-over-Hembeek, passe encore. Mais quand c’est au-delà, c’est autre chose… Du moins pour les taxes et les emplois que ces espaces génèrent. On parle en effet ici d’entrepôts logistiques, d’atelier de fabrication métallique, de garages de commerces de gros, de transformation alimentaire, de centres de tri et recyclage de déchets, de stations d’épuration, de dépôts de la Stib…
A l’occasion de la tenue du salon de l’immobilier belge Realty (Tour&Taxis, 16-17 mai), Perspective, le bureau bruxellois de la planification, avait à cœur de se manifester aux professionnels du secteur. Les années précédentes, c’est avec son Observatoire du bureau qu’il le faisait. Mais voilà, il ne sera prêt que mi-décembre. Pourquoi pas, alors, la version réactualisée de son Observatoire des activités productives (artisanales, industrielles, logistiques) réalisé en collaboration avec Citydev et Bruxelles Mobilité ? De quoi donner un éclairage sur la situation en 2011 et en 2017.
Une vacance à objectiver
Si, en chiffres, elle a peu évolué, sur le terrain, la dynamique est bien réelle. Géographique, avec cette migration avérée vers le nord et le sud (cf. infographie ci-dessous). Mais pas seulement. Où l’on mesure les effets des reconversions de sites (en logements, commerces, écoles…), mais aussi la disparition de petits espaces compensée par l’émergence de grands (comme les 80 000 m² de bpost). Et si le vide semble impressionnant (587 000 m²), il est à objectiver. Il englobe en effet 186 000 m² ayant trouvé, au moins sur papier, un avenir dans la reconversion, 228 000 abandonnés ou à usage inconnu et finalement 173 000 m² seulement prêts à l’emploi, à vendre ou à louer.
Mais ce n’est peut-être pas ce que le marché demande. Notamment du côté des logisticiens qui veulent du moderne, du grand (plus de 10 000 m²) et, surtout, du central compte tenu du coût du carburant et de la congestion, de la multiplication des petits colis, etc. La Région a tout intérêt à leur trouver des solutions. Déjà aujourd’hui, selon l’analyse de Bruxelles Mobilité, 14 % du trafic entrant dans la Région (800 000 mouvements par semaine) sont liés au transport de marchandises. Effectué en camions (6 %) et camionnettes (8 %), du moins sur les grands axes, mais pas encore suffisamment à… vélo-cargo. Or ce trafic compte pour 30 % de la pollution de l’air, sans parler du bruit, de la congestion…
La vigilance est donc de mise. Les premiers exemples de Zemu (zones d’entreprises en milieu urbain) cristallisent le risque. Surtout celles le long du canal. Alors qu’en théorie, il s’agissait d’introduire des logements dans d’anciennes zones industrielles, en pratique, les logements, commerces et autres équipements chassent les entrepôts et ateliers.
