Brugmann, comme un petit air de Paris en plein cœur de Bruxelles
Le quartier regorge d’immeubles haussmanniens et d’hôtels de maître chics. Mais aussi de commerces de quartier et de boutiques de mode, d’Amen à Supermarket en passant par Lundi.
Publié le 28-01-2021 à 08h59 - Mis à jour le 29-01-2021 à 09h49
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À la frontière d'Ixelles et d'Uccle, Brugmann combine une belle architecture, des bâtiments en bon état, un emplacement à équidistance de la Bascule et du Châtelain, et des services et magasins en quantité. "C’est un tout petit quartier, qui se limite, pour moi, à la place Brugmann et à ses alentours", cadre le notaire Dimitri Cleenewerck de Crayencour, dont l’étude est établie avenue Louise, 126. "Il est assez homogène sur le plan du bâti, de ses habitants et des magasins."
"C’est une zone qui n’a pas connu la démolition massive des années 1970. Trop excentré pour intéresser les promoteurs, il a été bien préservé. C’est une vraie bénédiction", embraye Jacqueline Fouque-des Cressonnières, à la tête de l’Atelier d’Architecture JFC, installé avenue Brugmann, 82.

Organisé autour de la célèbre place Georges Brugmann en forme de "T" et centré autour de l’emblématique église Notre-Dame de l’Annonciation financée par la famille du mécène visionnaire, le quartier se compose d’artères très résidentielles, comme les rues Louis Hymans, Emile Bouillot ou Joseph Stallaert, mais aussi plus mixtes et vivantes, comme les rues Louis Lepoutre, Berkendael, Franz Merjay ou Darwin. "C’est à la fois un quartier tranquille, où rares sont les bars ou les restaurants qui ferment tard, mais animé de par le nombre de commerces qu’on y trouve", complète Laurent Wets, notaire installé au n° 587 de l’avenue Brugmann.
L’esprit de Brugmann
Urbanisé au tournant du siècle précédent lors de la promotion de la zone Berkendael, le quartier offre une belle harmonie. On y voit se côtoyer de multiples témoins des courants Beaux-Arts et Éclectique, mais aussi Art Déco. "Les nouvelles constructions ont respecté les hauteurs et les alignements de l’époque. Il n’y a pas de grande discordance architecturale, même s’il y a des différences de style et des immeubles plus modernes", pointe Jacqueline Fouque-des Cressonnières, qui vit et travaille dans le quartier). "Autre atout, la commune d’Ixelles n’a pas été désireuse de fractionner les bâtiments. Les surfaces habitables y sont généralement plus grandes que dans les quartiers voisins."
Parmi les rares reconversions de grande ampleur, un ancien bâtiment de bureaux appartenant à la Croix Rouge sur la place Brugmann même, au coin de la Rue Stallaert, a été transformé en appartements de standing en 2009. Porté par le promoteur BPI Real Estate et dessiné par les bureaux d’architecture AAU et DDS +, l’ambitieux Brugmann Court offre 86 appartements et 162 places de parking en sous-sol sur 12 000 m². Et Jacqueline Fouque-des Cressonnières de noter que "c’est très rare de voir d’aussi grosses promotions dans le quartier. Il n’y en a plus eu depuis lors."
Une large communauté
Petit bémol, le manque de places de parkings. "À l’achat, on est sur des prix similaires au Zoute, entre 80 000 et 90 000 euros. J’ai déjà vendu deux places pour 145 000 euros ! À la location, cela tourne autour de 250-300 euros/mois. C’est une ressource rare et une plus-value certaine à un appartement", explique Dimitri Cleenewerck de Crayencour.
Très prisé par les Français durant des années, Brugmann séduit également expatriés et eurocrates. "Les Parisiens retrouvent un mode de vie et une ambiance proches de ce qu’ils connaissent à Paris, entre les immeubles haussmanniens, les belles façades ou encore les excellentes librairies et boulangeries. La structure des bâtiments avec des magasins au rez-de-chaussée rappelle les rues des 6e et 7e arrondissements", note encore Me Cleenewerck de Crayencour.
Vibrant tissu commercial
Les établissements phares du quartier, comme le restaurant le Toucan sur Mer ou le diner à l’américaine le Balmoral, ont vu arriver une vague de petits nouveaux ces dernières années. "Boutiques de décoration, antiquaires, pharmacies, coiffeurs ou restaurants, on peut tout faire à pied", affirme le notaire Laurent Wets. Et son confrère Dimitri Cleenewerck de Crayencour de souligner que "c’est un quartier qui vit le dimanche. De nombreuses enseignes sont ouvertes. La seule chose qui manque, à mon sens, c’est une supérette de proximité ou un magasin bio. Il faut aller du côté de Vanderkindere pour cela."

Parmi les nouveaux venus, Filigranes y a notamment installé un corner, Voltaire a remplacé Gaudron, le prometteur jeune chef Kevin Lejeune a repris la Canne en Ville et en a fait un étoilé, la chaîne The Winery a ouvert un bar à vin et le médiatique chef bruxellois Pascal Devalkeneer a lancé Amen, petit restaurant de quartier à la cuisine méditerranéenne.
"On a vu arriver pas mal de jeunes entrepreneurs et de projets moins traditionnels qui font du bien au quartier et qui le bousculent un peu. On y trouve une grande variété de commerces, même s’il y a peu d’Horeca. Le tissu commercial est équilibré et se régule bien", se réjouit Thomas Koks, cofondateur de Chez Franz, institution locale depuis bientôt dix ans. "Il y a un côté village ici avec une vraie vie de quartier. L’atmosphère y est très agréable. On échange beaucoup avec d’autres nouveaux commerçants, comme les fondatrices de la papeterie Lundi ou les fleuristes de Nouveau", témoigne Marine Pirson, une des trois fondatrices de Supermarket, nouveau concept store de l’avenue Franck Merjay. Et Dimitri Cleenewerck de Crayencour de conclure : "c’est un quartier cher, mais très intéressant et agréable. Il n’a pas vraiment d’équivalent dans Bruxelles."
Reconversion design
Architecte active de longue date dans le quartier, Jacqueline Fouque-des Cressonnières a reconverti un hôtel particulier datant de 1903 occupé par des bureaux en trois appartements sur 1 000 m². Installé au n° 82 de l’avenue Brugmann, le bel hôtel a été rénové en profondeur. “J’y ai notamment aménagé un duplex de 170 m² et un simplex sur 140 m². Les divisions sont agréables, chacun a de la place.”

L’architecte, qui s’est chargée elle-même de la promotion immobilière, y a élu domicile il y a cinq ans et installé son bureau. Étalé sur deux ans, le chantier s’est réalisé par étapes pour que les logements soient prêts à tour de rôle. “J’ai essayé de mêler ancien et nouveau pour alléger l’ensemble. Face à une énorme cheminée d’époque, j’ai ajouté un escalier en métal très léger. Ce geste contemporain enlève un peu de la pesanteur de l’architecture initiale.” Point fort du projet, un îlot central arboré offre un havre de paix. “On y aperçoit encore quelques arbres plantés du temps de Brugmann. En été, on se croirait vraiment hors de la ville.”
Le Supermarket, nouvelle pépite à découvrir
Installé dans un magnifique bâtiment industriel autrefois occupé par Lucia Esteves au bout de la rue Franz Merjay, le concept store durable insuffle une nouvelle dynamique dans le quartier. Centré sur les créateurs européens et responsables, Supermarket propose depuis mi-octobre 2020 vêtements, fleurs, disques, objets de décoration ou encore vêtements de seconde main sur environ 200 m². Toutes entrepreneuses dans la mode, Marine Pirson, Katherine Wanet et Julie Lefort, les trois jeunes fondatrices du projet, souhaitent en faire un lieu de rencontres ouvert sur l’extérieur. Parmi les marques exposées, les délicats bijoux Ultime, les cosmétiques bio Maiwe ou encore les créations unisexe d’IEL Clothing.
