Dans la périphérie nord de Bruxelles, les prix ont déjà grimpé de 10% : "Une simple logique financière, le sud et l’est de la capitale, c’est devenu trop cher"
La périphérie flamande séduit enfin. Les prix y grimpent rapidement.
Publié le 21-04-2021 à 12h14 - Mis à jour le 26-04-2021 à 13h20
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Bruxelles est ceinturée du nord jusqu’à l’ouest par une série de communes qui sont entrées l’an passé dans la catégorie des endroits où les Bruxellois ne rechignent plus à aller se balader pour dénicher, qui sait, le nid dont ils rêvent. On parle ici de Grimbergen, Meise, Wemmel, Zellik, Grand-Bigard et Dilbeek. Une série de lieux où, que l’on parle d’appartements ou de maisons, les prix ont grimpé de quelque 10 % en 2020.
Le résultat d’une fuite vers les zones calmes et verdoyantes de la périphérie, en raison de la crise sanitaire ?
Pour Eric Verlinden, le patron de Trevi Group, il y a sans doute un peu de cela, mais de manière accessoire. "En réalité, la hausse des prix du résidentiel est globale. Ici, ce à quoi nous assistons est un transfert d’intérêt dans le chef des Bruxellois confrontés à l’inadéquation de leur envie d’acheter à Bruxelles et de leur budget. Une simple logique financière qui fait aussi qu’une part des acheteurs repousse l’idée d’essayer de trouver un bien au sud et à l’est de la capitale : c’est devenu trop cher. On savait depuis des années que ce mouvement vers le nord et l’ouest aurait lieu, et ça se concrétise."
Évolution classique
Apparemment, ce mouvement vers la périphérie s’inscrit dans une logique qui a déjà marqué la capitale dans son évolution au fil du temps. C’est un peu du déjà-vu. Selon Eric Verlinden, ce transfert s’inscrit dans la suite de la redécouverte des communes du nord de Bruxelles, mises historiquement à l’index par les habitants des communes du sud et de l’est de la capitale. "Il y a de cela, des préjugés, des a priori qui tendent à s’effacer face à la réalité budgétaire, mais aussi grâce à la qualité du bâti dans ces communes, à l’existence de beaux quartiers arborés. Le glissement est une réalité depuis une grosse année. Et l’on a vu ça auparavant à Saint-Gilles, et plus récemment à Schaerbeek qui devient une commune enviée pour la qualité du bâti", explique encore Eric Verlinden, évoquant le phénomène dit de gentrification.
La réalité des chiffres
Dans les chiffres, le marché des communes de la périphérie flamande est bien plus proche des prix moyens que les Belges accordent à l’acquisition d’un bien résidentiel. "En effet, si l’on considère que le budget moyen pour un appartement est de 250 000 à 300 000 euros et que celui d’une maison s’inscrit dans une fourchette de 350 000 à 400 000 euros, il faut faire des choix. Or, dans le sud ou l’est de Bruxelles, on se retrouve souvent face à un bien à rénover dans cette gamme de prix. Et là, le choix est rapide surtout face à la qualité du bâti. Qui plus est, les quartiers situés dans les communes de la périphérie flamande vont en s’améliorant. Les promoteurs y développent des projets de belle qualité, ce qui tire le marché vers le haut. On observe aussi cela dans les nouveaux projets à Anderlecht ou le long du Canal à Molenbeek-Saint-Jean où l’architecture et le confort de vie sont bien présents."
Un autre confort de vie
Les communes de la périphérie nord-ouest ont d’autres atouts dont le sud ne peut pas toujours se prévaloir. À commencer par la desserte en transports en commun qui évolue aussi en fonction des plans de De Lijn, associée à la Stib. Pour les prix qui y sont pratiqués, elles offrent aussi un cadre verdoyant, et permettent à ceux qui le souhaitent, de sortir du cadre urbain à proprement parler, tout en conservant les mêmes facilités. C’est qu’il y a, hors de la ville, une qualité de vie que beaucoup ont enviée durant les périodes de confinement. Et pour ceux qui le souhaitent, en marchant quelques kilomètres en tournant le dos à la capitale, on se retrouve rapidement dans les champs ou dans les bois. La formule souvent attribuée (à tort, puisqu’elle serait de Jean-Louis-Auguste Commerson) à Alphonse Allais, "il faudrait construire les villes à la campagne, l’air y est plus sain", résume bien la situation.
Un petit problème de langue
Mais il y a aussi des problèmes à migrer de Bruxelles vers la périphérie flamande, à commencer par l’usage des langues, à l’exception notable de Wemmel qui reste une commune à facilités. "Des candidats acheteurs francophones hésitent face aux soucis administratifs à régler en néerlandais, c’est vrai", explique encore Eric Verlinden. "Et il y a d’autres problèmes, comme la pénurie d’appartements. Le manque de projets développés en la matière conduit à une hausse des prix qui gêne notamment les habitants de maisons dans la périphérie qui souhaitent aller vers une habitation plus en phase avec leur situation. On est là dans un marché en plein essor avec un phénomène de rareté. Il offre des appartements, mais parfois plus chers que leurs équivalents à Bruxelles, avec des prix qui vont jusqu’à 3 300 euros le mètre carré."