Le neuf face à la pénurie de terrains à bâtir : "D’ici 2040, on ne pourra plus rien construire en Flandre"
Les terrains sont une ressource rare dans le croissant est de la capitale. Serres reconverties et démolitions-reconstructions sont des solutions.
Publié le 21-04-2021 à 10h37 - Mis à jour le 27-04-2021 à 14h17
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Comme le Brabant wallon, le Brabant flamand pèche par une pénurie de terrains à bâtir. Certainement dans son croissant est. Qu’on cherche à construire à Tervuren, Overijse ou Kraainem, c’est la disette partout.
"Les permis de bâtir isolés sont rares dans toute cette partie du Brabant flamand. On voit parfois des projets qui se construisent sur des jardins ou des morceaux de parcelles subdivisés", introduit Renaud Grégoire, porte-parole de Fednot, la Fédération royale du notariat belge. Autre possibilité, les communes vendent de temps en temps des terrains occupés par d’anciennes écoles, mais cela reste exceptionnel sur le marché.
Résultat ? "On rase pour reconstruire. Ce sont des projets qui mettent des années à se monter. C’est très difficile pour un particulier de racheter ces terrains-là", souligne la notaire Alexandra Jadoul, dont l’étude est située à Tervuren. "Quand une parcelle se libère, c’est généralement un promoteur qui l’emporte, souvent pour construire des appartements de luxe", embraye Jonathan Petyt, gérant de Mak Real Estate, une agence de Kraainem.
Et Hélène Goret, notaire à Overijse, d’ajouter : "ma commune est connue pour son activité de culture de raisins et de serres. Il y a malheureusement de moins en moins de serristes qui se retrouvent avec de grands domaines. Ceux-ci peuvent, dans certains cas, être lotis ou divisés en plusieurs terrains."
Pour maximiser les surfaces disponibles, on voit de plus en plus de projets d’appartements sortir de terre, de même que des petits lotissements. "Les communes réclament une mixité entre maisons et appartements", note Jérémy Henderson, responsable commercial chez We Invest.
Changement de génération
Les seniors ayant revendu leur villa sont la cible privilégiée de ces nouvelles promotions. "Une évolution démographique peut contribuer à expliquer l’engouement actuel. La périphérie s’est surtout peuplée entre les années 80 et 90. Certains de ces habitants ont envie de quitter leur maison pour un habitat plus confortable et moins lourd à entretenir. D’autres ont investi à l’étranger et veulent garder un pied à terre en Belgique", précise encore Jérémy Henderson. "Ce sont généralement des jeunes couples ou des familles qui rachètent leurs biens et les rénovent." Et Rudy Van Geel, manager de l’agence Ifac Service établie à Tervuren, d’ajouter que "la pression de Bruxelles sur la périphérie s’accentue. On voit arriver de plus en plus d’acquéreurs plus jeunes qui habitaient avant à Woluwe Saint-Pierre, Etterbeek ou Ixelles. Ils ne peuvent plus se payer une maison là où ils habitaient avant et ils quittent la capitale."
Du côté des seniors qui leur cèdent leurs biens, on privilégie les petits centres urbains bien pourvus en commerces et services. L’offre d’appartements neufs dans ces zones étant bien inférieure à la demande, il faut à nouveau se décider vite. "Dès qu’un nouveau lotissement est construit, il se vend très vite", constate Hélène Goret. "Il s’agit généralement de projets de taille modeste. Overijse, comme ses voisines, n’est pas une commune avec de grandes promotions."
Parmi les projets d’envergure en cours, Tervuren se montre plutôt dynamique. "Il y a dix ans, Immobel construisait un premier projet de 60 appartements de luxe. Depuis lors, les projets se sont multipliés", affirme Rudy Van Geel. Citons notamment le projet Panquin développé par ION dans une ancienne caserne de 3,7 hectares, qui a obtenu son permis d’urbanisme l’été passé et débuté les travaux au printemps. Quatre immeubles de 107 appartements sont prévus et la chaîne Martin’s Hotels y ouvrira un hôtel.
Reconversions en série
Dans la même commune, l’ancien site scolaire du Gito situé entre la Brusselsesteenweg et la Puttestraat, sera bientôt reconverti par BPI dans le cadre du projet Arboreto : 70 logements, une crèche et des espaces de coworking seront conçus sur une surface totale de 7 200 m². "Dans un tel projet, il faut généralement compter entre cinq et dix ans pour avoir racheté les parcelles nécessaires", partage Alexandra Jadoul. Un peu plus loin, le projet purement résidentiel Casalta d’Eckelmans en cours de deuxième phase prévoit deux bâtiments d’appartements.
À Wezembeek-Oppem, le projet de future maison communale s’accompagnera d’un parc public et de six nouveaux bâtiments résidentiels. "D’ici 2040, on ne pourra plus rien construire en Flandre. La seule piste sera de démolir et reconstruire. L’extension horizontale n’étant pas infinie, il faudra bâtir des biens plus compacts, plus hauts et ergonomiques", prévoit Jérémy Henderson.