La frénésie immobilière continue : "Les candidats acquéreurs ne se contentent plus de proposer 10 000 euros de plus que le prix demandé"
Dans un marché immobilier où la concurrence fait rage, les acquéreurs sont prêts à tout de peur de laisser passer leur chance. Quitte à viser bien plus haut que la valeur réelle du bien.
- Publié le 01-09-2021 à 08h09
- Mis à jour le 02-09-2021 à 09h00
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Si les prix d'achat des logements n'en finissent pas de monter, c'est désormais moins dû à un phénomène de rattrapage après le confinement du printemps 2020 qu'au syndrome que les Anglo-Saxons nomment Fomo, soit fear of missing out ou "peur de passer à côté". "C'est quelque chose de terrible, s'inquiète Renaat Acke, administrateur délégué d'Hypotheek.winkel, courtier en crédit. Il y a un réel déséquilibre entre offre et demande. Et une crainte infondée que les taux augmentent de manière considérable. Pour s'assurer la propriété d'un bien dans un marché devenu hyperconcurrentiel, les candidats acquéreurs ne se contentent plus de proposer 5 000 ou 10 000 euros de plus que le prix demandé, mais bien plus. Jusqu'à 100 000 euros sur une maison proposée à 400 000 euros ! Ils sont vraiment prêts à tout de peur de rater la maison de leurs rêves, et même la maison qui n'est pas tout à fait de leurs rêves." Or, la période des taux bas est loin d'être terminée, insiste-t-il, évoquant la politique de la BCE (Banque centrale européenne) et le fait que les Etats européens sont plus endettés que de coutume et qu'une hausse des taux leur porterait préjudice à eux avant tout.
Des conséquences sur plusieurs plans
"Les particuliers se précipitent, achètent trop rapidement. Il n'y a plus rien de rationnel dans leur choix. Rien que de l'émotionnel", ajoute-t-il. Au risque de le payer très cher, au propre comme au figuré. Car un prix plus élevé, ce sont des droits d'enregistrement, des frais de notaires et un apport de fonds propres plus élevés car proportionnels. "Or, pour peu que plusieurs organismes de prêt aient atteint le quota maximum accordé par la Banque nationale, ajoute-t-il, les acquéreurs risquent de devoir augmenter à nouveau leur apport de fonds propres afin de limiter leur quotité à 90 %."
Mais surtout, en allant au maximum de leurs possibilités, tant en remboursements mensuels qu'en fonds propres, "les acquéreurs compromettent leurs capacités à effectuer les rénovations énergétiques potentiellement nécessaires permettant à la Belgique de répondre aux exigences européennes en matière d'émissions de CO2", dit encore l'expert.