Une ancienne usine nivelloise transformée en logements : "À l’heure où le prix des matériaux explose, nous récupérons briques et autres matériaux"
Le projet Chantrenne a pour cible un terrain situé à quelques centaines de mètres du cœur historique de la commune brabançonne de Nivelles.
Publié le 11-05-2022 à 15h39 - Mis à jour le 11-05-2022 à 15h48
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"Le présent rencontre le passé." C'est sous ce slogan qu'est présenté le projet Chantrenne, qui a pour cible un terrain situé à quelques centaines de mètres du cœur historique de la commune brabançonne de Nivelles.
Cela fait plusieurs années que les autorités locales accueillent avec enthousiasme la venue de promoteurs animés par un objectif de redynamisation des friches et anciens sites industriels désaffectés que compte l’entité. C’est que la cité aclote n’en manque pas et que pour rendre vie au centre de Nivelles, il faut lui donner un nouveau visage.
Économie circulaire
Le projet Chantrenne entre pleinement dans cet objectif, puisque Benjamin Piret-Gérard, gérant de la société immobilière bruxelloise Redev, qu'il a fondée en 2014, a entrepris de transformer une usine bâtie en 1880 par Edmond Chantrenne. "Pour revenir sur l'historique de ce site de 70 ares, il s'agit d'une ancienne manufacture qui fabriquait des machines servant à la production de papier, raconte le promoteur. En 1980, arrivée à la troisième génération de patrons, l'entreprise a déposé le bilan avant d'être reprise par un autre industriel qui a lancé une production plus lourde, avec de la fonderie, du vitrage ou encore de la glacerie sur-mesure. Il faut savoir que quand on a racheté le site, l'usine fonctionnait encore, mais avec des conditions de travail à l'ancienne, très rudes."

Le projet porté en lieu et place de l'usine par la société Redev ne se contente pas de remplacer un chancre par de nouveaux immeubles flambant neufs, mais s'inscrit dans une volonté bien spécifique. "Une page de l'histoire se tourne, mais je voulais préserver au maximum l'esprit du site, confie Benjamin Piret-Gérard. Il était compliqué de garder la structure existante car les murs étaient très anciens, les fondations insuffisantes, l'isolation presque inexistante, etc. Le permis d'urbanisme imposait aussi la construction d'une voirie interne, donc il était indispensable de tout abattre et de repenser l'endroit. Mais j'ai eu l'idée de récupérer des briques et d'autres matériaux pour promouvoir l'économie circulaire."
Outre l'aspect écologique du réemploi d'éléments existants, ce parti pris apporte aussi une solution économique et confortable pour le voisinage. "On évite un important charroi puisqu'on va diminuer fortement les allers-retours de camions durant la démolition, puis la reconstruction, précise-t-il. À l'heure où le prix des matériaux explose, c'est aussi une piste qui permet de contrôler les coûts. Il est presque deux fois moins cher de réutiliser toutes ces briques plutôt que d'en acheter des neuves. Nous avons également récupéré beaucoup de poutres, de colonnes, de vieilles lampes, de machines, etc." Le tout à des fins utiles, mais aussi décoratives, avec pour objectif de rappeler le passé du site à ses futurs habitants.

66 logements
Au programme, un complexe de 10 713 m² imaginé par le bureau d'architectes bruxellois DDS+. Il se décline en quatre immeubles totalisant 61 appartements, mais aussi cinq maisons et trois espaces pour professions libérales. Sans oublier des salles communes censées participer à construire une vraie vie en communauté. "Plusieurs salles auront pour but de se réunir ou d'organiser des événements. Je prévois aussi la mise à disposition d'un potager, d'une voiture partagée ou encore d'une salle de bricolage avec des outils. Cela ne sert à rien d'avoir 60 foreuses qu'on utilise une fois par an alors qu'on peut en avoir une ou deux à s'échanger. C'est cela aussi, l'économie circulaire", souligne le promoteur.

Côté timing, les premiers emménagements se feront à l'horizon 2025. "On a commencé la démolition il y a deux semaines, explique Benjamin Piret-Gérard. La première pierre a été posée ce mardi 10 mai et on prévoit la fin de la démolition pour le mois de novembre. Par la suite, on espère commencer la construction en janvier 2023, pour un chantier qui devrait durer environ deux ans."
En temps de crise
D'ici-là, le promoteur croise les doigts pour que la situation se calme sur les différents marchés. "Aujourd'hui, au vu des troubles économiques et géopolitiques, il est difficile de s'engager pour deux à trois ans, souffle-t-il. On parle tout de même d'une augmentation moyenne du prix des matériaux de 15 à 20 %, 70 % pour certains produits. Cette crise complique les choses et il va falloir trouver des prix acceptables pour tout le monde. On n'a pas le choix, le projet doit être rentable."
Car Benjamin Piret-Gérard croit à son projet. "J'y tiens vraiment et je souhaite le mener à terme, sans être contraint de le revendre à un autre promoteur. Il y a une vraie demande pour des projets comme celui-ci, qui n'a fait l'objet d'aucun recours et qui a été soutenu par la Ville."