Un promoteur wallon sur quatre se dit réticent à lancer ses projets immobiliers
En cause, des coûts de construction qui explosent, qu’ils ne pourront peut-être pas inclure dans les prix de vente.
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Publié le 13-09-2022 à 19h02 - Mis à jour le 14-09-2022 à 21h04
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La bête noire des promoteurs et développeurs immobiliers est loin de s’apprivoiser. Au contraire. La durée moyenne pour l’obtention d’un permis d’urbanisme ne semble pas diminuer. Selon la dernière enquête de l’Upsi, la fédération qui représente les grands promoteurs et développeurs (175 membres), elle est aujourd’hui de 3 ans et 8 mois en Flandre, de 4 ans en Wallonie et de 5 ans et 9 mois en Région de Bruxelles-Capitale !
Ce laps de temps englobe deux périodes : la préparation du permis jusqu'au dépôt de la demande et… les recours. Contre toute attente, et quand bien même une majorité des projets font l'objet d'un recours au Conseil d'État (60 % à Bruxelles, 54 % en Flandre, 37 % en Wallonie), c'est la première période, celle qui précède le dépôt, qui est la plus longue et la plus problématique. "Ça correspond au processus anticipatif durant lequel les autorités publiques et les développeurs privés discutent, détaille Pierre-Alain Franck, administrateur de l'Upsi. Il est long et complexe. Parce que commune et Région ne parviennent pas à s'entendre sur ce qu'elles veulent et que les promoteurs doivent passer du bouwmeester aux pompiers, des Monuments et Sites aux spécialistes de la mobilité, etc. Résoudre l'équation de tous les intervenants devient de plus en plus épineux. C'est à ce niveau qu'il faudrait agir."
Mais cette année - l’enquête en est à sa troisième édition -, d’autres éléments viennent perturber la production neuve de bureaux, de logements et de commerces : la frilosité de certaines administrations à prendre des décisions vu la proximité des élections communales et provinciales de 2024 ; l’insécurité par rapport aux réglementations en cours (le futur règlement régional d’urbanisme bruxellois baptisé "Good Living", les charges d’urbanisme en Wallonie…) ; le coût et la raréfaction du foncier ; et, surtout, l’explosion des coûts de construction.
Le coût des matériaux inquiète davantage les Wallons
D'ailleurs, ces trop longs délais ne sont pas le principal élément perturbateur, à tout le moins pas le seul. Les promoteurs flamands mettent le coût et la disponibilité des matières premières et des matériaux de construction sur le même plan. Pour leurs homologues wallons, ces coûts passent même avant la gestion administrative des permis et des recours. "Parce que les prix de vente sont plus faibles en Wallonie, ajoute l'expert. Les 300 à 400 euros supplémentaires au mètre carré qu'ils représentent sont plus difficiles à ajouter à un prix de vente moyen de 2 500 euros qu'à un prix de 3 500 ou 4 000 euros."
Ils s'inquiètent dès lors davantage de leur capacité à vendre leur production, sachant qu'ils auront du mal à faire passer une logique de prix variables. "Les notaires wallons et les banques sont assez réticents." Pour preuve, c'est en Wallonie que le nombre de promoteurs préconisant l'arrêt de chantiers autorisés, mais non entamés, est le plus important : 26 %, c'est-à-dire un sur quatre, alors qu'ils ne sont que 21 % à Bruxelles et 16 % en Flandre.
"Le contexte n'a jamais été aussi compliqué pour le promoteur", conclut Pierre-Alain Franck. Par comparaison, le coût et la disponibilité de la main-d'œuvre et les coûts de financement semblent être une bagatelle.