Pourquoi le viaduc Herrmann-Debroux ne sera pas démoli en 2027 comme prévu
Libre Immo | Le dossier : Peu de choses ont avancé depuis que le gouvernement bruxellois a approuvé le PAD Herrmann-Debroux le 28 avril 2022.
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Publié le 02-02-2023 à 08h45
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Il y a des projets d'aménagement urbain dont on entend tellement parler, en bien comme en mal, qu’on finit par ne plus savoir s’ils verront le jour. La démolition partielle du viaduc Herrmann-Debroux, situé dans la commune bruxelloise d’Auderghem, en fait partie.
Qui, à ce stade, peut donner une date sur le premier coup de pelleteuse ? Même Didier Gosuin, l'ancien bourgmestre d'Auderghem (Défi), qui, en 2006, fut le premier à lancer l'idée d'une refonte complète du quartier ne se risque pas dans des pronostics hasardeux. "Verrais-je le projet se réaliser de mon vivant ? Je n'en sais rien", nous dit-il . Et de renvoyer la balle aux ministres bruxellois en charge du dossier.
Planning de Bruxelles Mobilité
Le planning prévisionnel établi par Bruxelles Mobilité avance une démolition autour de 2027. "C'est une date théorique sujette à caution vu la complexité du projet", prévient-on du côté de Bruxelles Mobilité. La seule date connue et sûre à ce stade concerne le cahier spécial des charges (csc) pour le marché d'études qui porte sur la démolition et sur le réaménagement lourd du viaduc. Bruxelles Mobilité finalise la rédaction de ce cahier des charges et le présentera pour approbation à la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), "à la fin du 1er trimestre 2023 au plus tard." Soit près d'un an après la décision formelle de démolir le viaduc…
"Plus de suspense"
C'est, en effet, le 28 avril 2022, après des années de tergiversations et de blocages sur fond de lobbying des navetteurs inquiets de voir cette entrée de Bruxelles condamnée, que le gouvernement bruxellois dirigé par Rudi Vervoort (PS) a approuvé en troisième lecture le PAD (Plan d'aménagement directeur) Herrmann-Debroux, dont la démolition est un volet à côté d'autres tels que la construction de nouveaux logements.
Si cette approbation ouvre la voie à la phase d'exécution, elle va faire l'objet d'encore beaucoup de discussions et d'opposition en tout genre. "Il n'y a plus de suspense sur les modalités de la démolition. En revanche, le calendrier des travaux mériterait une concertation. L'approche n'est pas très harmonieuse entre les deux Régions concernées. Bruxelles et la Wallonie se livrent à un jeu de ping-pong. On est loin du confédéralisme de coopération", regrette le député bruxellois MR Gaëtan Van Goidsenhoven.
Une nouvelle plateforme
L'objectif du PAD Herrmann-Debroux est bien d'améliorer la qualité de vie en ville. L'idée est de "créer un espace urbain plus apaisé", avec des "boulevards urbains plus intégrés, des lieux publics valorisés, des espaces arborés. Le PAD fixe le cadre de déploiement complet. Cela peut prendre dix ans pour qu'il se concrétise", nous explique Antoine de Borman, le directeur de Perspectives.brussels, l'entité qui était en charge de piloter le projet. Et de faire le parallèle avec "la démolition du viaduc Reyers qui a eu un effet structurant." D'après lui, la suppression partielle du viaduc pourrait intervenir au mieux vers 2027. Ce qui correspond au timing de la finalisation de la voie à quatre bandes 161 qui doit relier Ottignies à Watermael-Boitsfort dans le cadre du RER. Car, tout le monde semble d'accord pour dire que la démolition est inenvisageable tant que le très attendu chantier RER ne sera pas mis en œuvre.
Préalable évident
La démolition du viaduc est également étroitement liée à la construction d’un nouveau parking de transit.
À l'instar de la ligne RER, la construction de ce parking de dissuasion est même un préalable évident. "La démolition du viaduc n'est à l'heure actuelle pas un projet en soi mais un des nombreux sous-projets du PAD Herrmann-Debroux. Dans la zone où le viaduc se trouve (délimitée à l'ouest par le boulevard du Souverain et à l'est par le carrefour entre le Ring Ouest et l'autoroute E411), la démolition est jusqu'à présent indissociable de la construction du parking Park+Ride à hauteur de l'Adeps (également appelé Hub Mobilité) et du réaménagement de l'avenue Herrmann-Debroux, qui comprend lui-même l'extension de la ligne de tram 94 entre le boulevard du Souverain et l'Adeps. Plusieurs phases de la démolition (coordination entre toutes les parties prenantes, demande de permis, désignation de l'entreprise, travaux) sont fortement dépendantes de ces autres sous-projets, si bien que le planning de la démolition du viaduc est purement indicatif", confirme Marie Thibaut, porte-parole de la ministre Elke Van den Brandt.
C'est bien à cette dernière que revient la responsabilité essentielle d'introduire le permis pour le parking de transit (d'une capacité de 800 à 1 500 places) prévu près de l'Adeps. Mais aux yeux d'Alain Lefebvre, échevin de l'Urbanisme (Défi) d'Auderghem, "cela ne bouge pas assez. On souhaiterait qu'on avance de manière plus ferme dans les études techniques", souligne-t-il. Et de s'inquiéter que le cabinet Van den Brandt étudie actuellement la variante "avec zéro parking de transit" à Auderghem. Ce qui, selon ses informations, irait de pair avec des discussions entre la ministre et la Région flamande pour aménager un parking plus en amont (vers Jezus-Eik) plutôt qu'à Auderghem.
"Idéal théorique"
Une information que ne semble pas démentir formellement le cabinet Van den Brandt "Comme convenu en troisième lecture du PAD, Parking.brussels est en train de faire une étude pour confirmer la localisation et la programmation du Hub Mobilité du PAD", nous répond Marie Thibaut. Aménager un parking de dissuasion en amont est en effet "un idéal théorique", explique-t-on du côté Bruxelles Mobilité. Tout en reconnaissant que les chances d'y arriver sont loin d'être évidentes vu que ce parking ne se trouverait pas sur le territoire du PAD.
Reste la question de savoir si le fait d’envisager ce cas de figure ne fait pas perdre encore plus de temps…