L’aura internationale de la Mipim Awards Gallery profite surtout... aux petits pays, dont la Belgique
En 32 éditions, la Belgique a ramené 25 awards. Cette année, deux sont en jeu.
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Publié le 09-03-2023 à 11h25
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Libre Immo | Le dossier
La cérémonie des Mipim Awards qui aura lieu le troisième jour du salon, le mercredi 16 mars, est et reste un grand moment du rassemblement cannois. Très certainement pour les Belges qui, tout au long des 32 éditions de ce concours, ont remporté 25 statuettes dont neuf pour le seul bureau d’architecture bruxellois Assar.
Cette année, la Belgique compte trois projets parmi les 43 présélectionnés dans 22 pays suivant onze catégories, au même titre que l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. La France, pays organisateur, a six projets; la Chine et l’Allemagne, quatre.
Mais les trois nominés belges le sont dans deux catégories seulement, ce qui ne donne au plat pays que deux chances de remporter un prix : le Best Residential Project où figure le "Collegium" à Zottegem, signé par Studio Farris Architects et développé par Vanhout Project, et le Best Alternative Project, une toute nouvelle catégorie où sont en compétition le "Circularium" bruxellois de 51N4E pour D'Ieteren Immo et "Scholen Van Morgen" (ou la rénovation/reconstruction de quelque 180 écoles flamandes) développé par AG Real Estate et BNP Paribas Fortis pour le gouvernement flamand, avec le concours d'une septantaine de bureaux d'architecture belges et étrangers.

Cette dernière catégorie est importante en ce qu'elle donne le ton des préoccupations immobilières mondiales du moment. Tout comme l'ont été, en leur temps, la durabilité, la mixité, l'urbanité… "Le jury s'est concentré sur la façon dont les projets intègrent une démarche ESG dans un contexte où le secteur souhaite accélérer la transformation de l'environnement bâti vers un modèle plus durable, pointe le président du jury, cité dans un communiqué. Les projets ont été sélectionnés sur la base de six critères : qualités environnementales, intégration du projet dans son environnement et sa communauté, qualité de l'expérience utilisateur, apport économique, originalité du concept, et enfin, ses qualités architecturales." La plupart sont durables, certains présentent "des tendances de fonds intéressantes, en particulier les notions de 'ville partagée' et de 'communauté' qui sont au cœur de ces développements."
Contexte international
Rien ne dit, bien entendu, que la Belgique l’emportera : sur 32 éditions des Mipim Awards, elle est revenue seize fois bredouille, n’ayant pas été présélectionnée ou parce que le(s) projet(s) nominés n’avaient pas passé la rampe.
Mais est-ce important d'être primé ? Et n'y a-t-il pas, au fil du temps, une certaine lassitude ? "Très certainement pas dans le chef des promoteurs et architectes, répond d'emblée Georges Binder, fondateur de Buildings&Data, pour lesquels la seule présélection est déjà un moteur." Une nomination signifie, en effet, d'être présenté dans la Mipim Awards Gallery "située dans le couloir le plus central du salon. Même si un pourcentage limité des plus de 20 000 participants regarde les panneaux, cela fait tout de même beaucoup de monde qui, un bref moment, apercevra le projet et les noms de ses auteurs."
"Cette mise en valeur rappelle le contexte international de l'événement, poursuit l'expert. Indirectement, en faisant se côtoyer les projets présélectionnés dont certains signés par les plus renommés, basés à Londres ou à New York, la Mipim Awards Gallery fait profiter tous les nominés de la même aura internationale. Ce qui bénéficie à tous, et peut-être plus particulièrement aux… petits pays." Alors que d'un strict point de vue de diffusion médiatique, les nominés et les lauréats belges sont généralement circonscrits à la seule Belgique, "au Mipim, ils atteignent une stature internationale", insiste Georges Binder.
Une reconnaissance du secteur
Sans pour autant favoriser d'emblée l'internationalisation des bureaux belges lauréats, ou leur participation à des projets belges d'envergure internationale. "Peut-être les neuf Awards obtenus auraient-ils joué un rôle plus important si nous nous étions davantage profilés à l'international ?", s'interroge Renaud Chevalier, partenaire et directeur de Assar Architects qui s'est "surtout concentré sur nos marchés de base que sont la Belgique, le Luxembourg et la France."

Sans doute le bureau Jaspers Eyers qui a aussi remporté quelques Mipim Awards, ne dirait pas la même chose, plus ouvert qu’il est vers l’étranger avec des projets dans une dizaine de pays jusqu’en Chine.
"Un Mipim Award n'est pas un critère de choix, pas plus qu'une porte d'entrée immédiate à des projets, poursuit Renaud Chevalier, mais est à voir comme une reconnaissance par le secteur des qualités esthétiques et techniques d'un projet." Et peut-être aussi, puisque les références du jury ont évolué au fil du temps et évoluent toujours, "comme la preuve d'une capacité d'adaptation, voire d'anticipation aux critères qui sont dans l'air du temps." C'est, en effet, moins pour des projets emblématiques ou stars qu'Assar a été primé (le bâtiment de l'Otan, proposé en son temps au jury, n'a pas même été présélectionné, tout comme, cette année, le très iconique PwC Campus) que pour des réalisations plus urbaines, plus mixtes, plus durables, plus novatrices.