Santé et bien-être chez soi : Qu'est-ce que la neuro-architecture?
Fiona Beenkens, architecte, fait appel à la neuro-architecture notamment pour créer des habitats et des lieux de travail plus sains.
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Publié le 16-03-2023 à 18h00
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"Quand je tape 'bureau' ou 'chambre' sur Internet et que je vois les photos postées, je me dis que rien ne va. Les gens privilégient l'esthétique et la mode au bien-être et à la santé. À tort", estime Fiona Beenkens, architecte et fondatrice de BetterAtHome, société spécialisée dans le bien-être dans l'habitat. Une approche qui n'est pas enseignée dans les écoles d'architecture. "On nous apprend à construire des maisons qui ne vont pas s'écrouler, qui vont être esthétiques, mais sans tenir compte du bien-être des habitants. Ou même de leurs besoins, leur façon de vivre. Trop souvent, c'est la mode qui prime. On privilégie les grandes baies vitrées et les cuisines ouvertes, mais cela ne correspond peut-être pas à tout le monde."
Passionnée depuis toujours par l'humain, Fiona Beenkens avait proposé de faire son mémoire de fin d'études sur la création d'espaces de méditation dans la ville. "Mes professeurs m'ont regardée de travers… Mais avec le Covid, les choses ont changé. La question de la santé mentale a pris de l'importance", raconte la jeune femme, qui s'intéresse alors de près à la neuro-architecture. Celle-ci étudie l'influence de l'environnement sur les processus cérébraux et, par conséquent, sur notre comportement. "Cela m'a permis de revenir vers mes professeurs avec quelque chose de plus concret, de scientifique. Ils ont approuvé mon nouveau sujet de mémoire sur le rôle de l'architecte dans le besoin de déconnecter."
À sa sortie de l'université, Fiona Beenkens a continué à se former et a créé sa société qui inclut, dans la conception de l'habitat, de la neuro-architecture en complémentarité avec le Feng Shui notamment. Sur les projets, elle souhaite intervenir en amont. "Car par après, quand le bien est construit, il y a des choses qu'on ne peut plus changer."
Dans son approche elle s’intéresse à plusieurs aspects.
Le subconscient
La neuro-architecture tout d'abord. Notre cerveau est composé de plusieurs parties dont le subconscient, qui est responsable de nos réflexes de survie. "Dans une chambre, il est, par exemple, fortement déconseillé d'accrocher un cadre au-dessus de la tête de lit. Consciemment, on sait bien que le cadre est correctement accroché et qu'il ne va pas tomber, mais notre subconscient voit là un danger et restera éveillé toute la nuit, ce qui nous empêche de rentrer dans les couches de sommeil les plus réparatrices." Dans le même ordre d'idée, placer le lit au milieu de la chambre est contre indiqué. "C'est quelque chose qu'on voit souvent dans les chambres d'enfants, pour des raisons esthétiques en général. Il vaut toujours mieux mettre la tête de lit contre un mur sinon notre cerveau reste en alerte par crainte d'un danger pouvant venir de derrière. Il faut aussi avoir une vue sur la porte. Pour avoir la possibilité de s'échapper. Le cerveau a besoin qu'il n'y ait rien qui puisse se passer derrière lui." Ce dernier conseil vaut également pour un espace de travail. "Là, il convient, en outre, d'éviter de se retrouver avec un bureau face au mur. C'est bloquant."
Dans les immeubles de bureaux, Fiona Beenkens déconseille les open spaces. "Notre cerveau est dans le doute tout le temps car, même si nous travaillons avec un casque pour atténuer le bruit, notre subconscient reste en alerte de par la circulation incessante de collègues. Une des plus grandes causes de fatigue ce sont les open spaces."
Se protéger des ondes
Autre élément essentiel : se protéger des ondes. "Une tendance absurde est de faire des têtes de lit avec la salle de bains derrière. Dans ce cas, les canalisations passent alors souvent dans la tête de lit, ce qui est très mauvais. Idem pour les distributeurs électriques, le wifi. Les ondes traversent les parois. Pour une bonne qualité de sommeil, il faut protéger le crâne", souligne l'architecte, qui insiste aussi sur l'importance de la circulation d'énergie.
C'est ce qu'on appelle le courant d'air. Il faut vérifier que les endroits ou l'on dort et où l'on travaille ne soient pas dans cette circulation d'énergies car c'est très fatigant. Pour vérifier cela, elle regarde sur les plans où sont prévues les fenêtres et les portes et tire un trait entre les deux. "On ne place pas le lit ou le bureau dans ce courant d'air", ajoute-t-elle, conseillant, quand on dort, d'avoir la tête orientée vers le nord-est.
Les matériaux et couleurs ont aussi un impact sur notre bien-être. Si elle conseille d’utiliser des matériaux écologiques et sans impact négatif sur la santé, Fiona Beenkens vérifie également leur lien avec les ondes, principalement dans les chambres et proche de la tête. L’acier et le métal qui absorbent les charges magnétiques et vont les chercher en excès sont à éviter. Tout comme le bois qui est un diffuseur d’ondes.
Pour le choix des couleurs, l'architecte travaille beaucoup avec la psychologie des couleurs. "Le blanc est très froid et le noir très lourd, très fatigant. Pour le reste, je ne dis pas qu'une couleur est meilleure qu'une autre car chacun est différent. Mais je déconseille de mettre du rouge dans les chambres d'enfants. C'est une couleur qui active l'énergie."