Il est désormais possible d'isoler sa maison avec... de l’herbe coupée
La société wallonne Gramitherm connaît un nouveau succès grâce à ses panneaux d’isolation produits à partir d’herbe naturelle coupée.
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Publié le 22-03-2023 à 18h51
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Emmenés par l'Awex, l’Agence wallonne à l’exportation, Christian Roggeman, administrateur délégué de Gramitherm Europe, et son épouse Agnès Roggeman, chargée de la communication, découvraient le Mipim pour la première fois. Non sans étonnement, reconnaissent-ils d’emblée, quelque peu impressionnés par la foule des professionnels se pressant à Cannes, mais aussi par la qualité des échanges et le nombre de marques d’intérêt dont ils ont bénéficié en quatre jours de salon. Il faut dire qu’ils n’étaient pas venus les mains vides et que leur produit phare, un panneau d’isolation thermique composé à partir de fibres d’herbe naturelle, est on ne peut plus pertinent compte tenu des enjeux majeurs de durabilité et d’économies d’énergie qui secouent les secteurs de l’immobilier et de la construction.
"Les panneaux d'isolation en laine minérale (laine de verre, laine de roche) sont devenus extrêmement chers à produire avec la flambée des prix de l'énergie, assure Christian Roggeman. En dehors du non-sens écologique, il y a désormais un impératif économique. Nos panneaux, autrefois beaucoup plus onéreux, sont devenus tout d'un coup très compétitifs, si pas moins chers parfois." De quoi attirer l'œil de grands groupes de construction comme Bouygues Immobilier, par exemple. "Ils viennent nous chercher pour notre bilan carbone exemplaire, le meilleur dans sa catégorie de produits, et l'efficacité inégalée de notre concept. On est les seuls au monde à faire cela."
C'est donc convaincu du bien-fondé de ses activités et empreint d'une certaine fierté que le couple en a présenté les tenants et les aboutissants à Cannes. "Gramitherm est le fruit d'une technologie suisse que j'ai rachetée voici une dizaine d'années, explique Christian Roggeman. Le principe est simple : récupérer l'herbe coupée aux abords des canaux, des aéroports, des gares, et de tout autre site nécessitant une maintenance régulière, et conditionner cette biomasse autrement perdue pour en faire des panneaux d'isolation."
Nouvelle usine
Après avoir fabriqué à façon pendant des années, l'entreprise a levé des fonds en 2019 pour construire sa propre usine sur un site industriel désaffecté à Sambreville (Auvelais), entre Namur et Charleroi. "En mars 2020, l'usine était prête et on a lancé la production. Éclate alors la crise sanitaire, ce qui a fortement compliqué les débuts", raconte l'administrateur délégué de Gramitherm. Mais la petite entreprise fait le dos rond. Elle vient d'achever un cycle de deux années de production complètes en 2021 et 2022. "Nous travaillons en circuit court, précise Christian Roggeman. L'herbe coupée provient d'un rayon de maximum cent kilomètres à la ronde de l'usine, et nous livrons nos panneaux sur des chantiers éloignés de maximum 500 à 600 km. Cela n'a pas de sens d'exporter au-delà. L'industrie du biosourcé repose sur un écosystème de marchés de proximité. C'est aussi cela qui permet de limiter l'impact écologique." L'entreprise, qui emploie 20 personnes, signe la moitié de son chiffre d'affaires en Belgique et l'autre moitié aux Pays-Bas, au Luxembourg, en France, en Allemagne, au Danemark, en Suisse et en Italie.
"Nous nous inscrivons dans une nouvelle génération d'entreprises qui promeut le savoir-faire wallon à l'international", souligne encore le patron de Gramitherm, attirant l'attention sur le développement des industries du bois et biosourcée, nouveaux fleurons de l'économie circulaire au sud du pays. "On revient à un modèle économique logique et rationnel, plus court et moins consommateur d'énergie", conclut Christian Roggeman.