Durabilité : "Tous les bureaux d’architecture ont à peu près les mêmes réflexes"
En d’autres termes, ils se démènent pour offrir une architecture vertueuse pour son environnement.
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Publié le 23-03-2023 à 11h44
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Libre Immo | Le dossier
La veille du jour où BPI Real Estate, le pôle immobilier du groupe multidisciplinaire CFE, annonçait l’acquisition de son immeuble Wood Hub par la compagnie d’assurances belge Ethias, Archi 2000, le bureau d’architecture bruxellois qui l’a conçu, le montrait en exemple dans le cadre d’une conférence organisée au Mipim par Caviar.archi et Ecobuild.brussels sur le thème "Brussels Builds Greener". Autour de la table étaient réunis des représentants de bureaux d’architecture bruxellois (A2RC, ArtBuild, Altiplan…) et de sociétés de promotion (AG Real Estate, Atenor…), parmi lesquels Jérôme Verdussen, COO Partner d’Archi 2000, et Christophe Snoeck, architecte associé du même bureau.
Lors de la conférence "Brussels Build Greener", plutôt que d’avancer des réflexions ou des innovations, vous avez présenté deux bâtiments vertueux : le Monteco (rue Montoyer, 14) et le Wood Hub (Auderghem).
Jerôme Verdussen : Cela nous a semblé plus concret, afin d’expliciter les enjeux de cette problématique, de se focaliser sur des bâtiments.
Christophe Snoeck : On a choisi le Monteco ("Montoyer + ecological"), réceptionné fin 2022 pour le compte de Nextensa et de ION, parce qu'avec sa structure entièrement en bois, il est hautement emblématique. Quant au Wood Hub, dont la livraison est prévue pour fin 2023, il est terriblement ambitieux en matière de durabilité (gestion énergétique "fossil free" et "smart building", certification BREAAM Outstanding et WELL Platinum…) et, de plus, il affiche une première belge : une structure portante mixte bois/béton, préfabriquée, permettant de réduire de près de 30 % les émissions de CO2 liées aux structures des bâtiments. Si l'exiguïté du terrain du Monteco autorisait l'utilisation à 100 % du bois, dans le cas du Wood Hub, le bois seul n'aurait pas suffi à franchir et à optimiser les grandes portées.
L’amélioration du bilan carbone de ces bâtiments représente un surcoût. Quel est-il ?
C.S. : Impossible à dire. Car il y a quantité de critères qui entrent en ligne de compte. Dans le cas du Monteco, par exemple, le planning de chantier a été réduit de manière drastique (seize mois seulement, d’août 2021 à fin novembre 2022, dont cinq mois pour la seule démolition des trois sous-sols ; et l’on parle d’un immeuble de huit niveaux hors sol) ; l’impact sur le quartier, ses voiries, son trafic, a été moins prégnant puisque tout était préfabriqué ; la construction était plus sèche (on a économisé 65 000 litres d’eau par rapport à une version 100 % béton), sans dégagement de poussière (néfaste pour les voisins), etc.
J.V. : Il y a toutefois un surcoût, c’est indéniable. Il faut donc que les développeurs intègrent la durabilité dans leur philosophie. Cela ne veut néanmoins pas dire qu’on peut se permettre de faire exploser les budgets.
En 2018, le Belliard 65 qu’Archi 2 000 a signé pour Axa Belgium a été distingué aux Green Solutions Awards à l’échelle de la Belgique et du monde. Entre autres parce que vous avez été au-delà des exigences réglementaires. Serait-ce encore possible aujourd’hui, sachant que ces exigences se resserrent ? Notamment au niveau européen.
C.S. : Disons que ce n’est pas mission impossible. En matière de certification PEB très certainement.
J.V. : C’est, par contre, peut-être plus compliqué en termes d’ESG [critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, NdlR]. On ressent d’ailleurs une certaine inquiétude dans le chef des investisseurs et des développeurs à ce propos. Pas tant sur le neuf que sur l’existant car les rénovations sont devenues plus complexes qu’avant.
De quand date la prise de conscience écologique chez Archi 2 000 ?
J.V. : J’aurais tendance à dire qu’elle a toujours existé, même si, depuis le début des années 2000, elle est allée en grandissant avec l’évolution de l’intérêt pour l’environnement, la durabilité, l’économie circulaire…
C.S. : C’était sans doute plus décousu dans ces années-là mais depuis que le bureau a été racheté par ses sept partenaires actuels [en 2020, NdlR], on a mis une structure sur ces notions. C’était d’ailleurs la thématique numéro un lors des discussions préalables au rachat.
Au final, qu’avez-vous retenu de cette conférence au Mipim ?
J.V. : Ce qui ressort, c’est que tous les bureaux d’architecture mènent des réflexions assez similaires. Et ont à peu près les mêmes réflexes : d’une part, celui d’anticiper, de proposer des choses innovantes, d’aller plus loin que ce qu’exigent les réglementations; d’autre part, celui d’avoir constitué, en interne, qui une cellule, qui un pôle de R&D [Recherche et Développement, NdlR] pour débattre de ces questions de durabilité. À tel point qu’on s’est presque pris à rêver d’une mutualisation de ces réflexions, de ces recherches de matériaux innovants (biosourcés, zéro carbone…), etc. Même si, en pratique, c’est compliqué, sachant que si on est confrères, on est aussi concurrents.