"D'ici cinq à dix ans, le défi des acteurs du 'coliving' sera de créer des logements abordables"
Libre Immo | Le coliving va devoir relever plusieurs défis dans les années à venir, dont celui de s'ouvrir à l’acquisition.
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Publié le 27-04-2023 à 17h30
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Consultant spécialisé dans le coliving et président de l’association internationale des professionnels de l’immobilier Co-Liv à Paris depuis avril 2019, Gui Perdrix défend les intérêts des acteurs du coliving tout en faisant la promotion des bonnes pratiques. Il est notamment l’auteur du livre Art of Coliving qui recueille son expérience au terme d’un tour du monde d’un an au cours duquel il a visité cent espaces de coliving dans trente villes différentes. Fort de ces connaissances de terrain, il lance des pistes pour faire évoluer le secteur.
Plus d’intimité et des loyers abordables
À commencer par la typologie des espaces de coliving qui, pour Gui Perdrix, devrait pouvoir répondre aux besoins d'un public plus varié. "Pensé pour des jeunes célibataires, dans l'état actuel des choses, le coliving ne s'envisage pas sur la durée, explique-t-il. Quand on a un partenaire ou des enfants, on en sort. Et qu'en est-il de ces publics particuliers que sont les seniors ou les personnes en situation de handicap ? La vie en communauté et les valeurs prônées par le coliving sont partagées par un nombre grandissant de personnes et de profils. Mais pour élargir leur cible, les acteurs du coliving doivent offrir plus que de simples chambres." Selon lui, les professionnels se sont longtemps focalisés sur les espaces communs au détriment des espaces privatifs qui doivent être plus grands et plus confortables. Des studios ou des petits appartements, par exemple.
Autre point d'attention de l'expert, le coût d'un logement en coliving qui est aujourd'hui beaucoup trop élevé à ses yeux. "C'est dû au caractère récent et innovant de cette offre de logements. Débarquant sur le marché, les acteurs en présence ont dû se faire une place, avance Gui Perdrix. En se positionnant sur les segments moyen et haut de gamme du marché immobilier et en attirant une clientèle aisée d'expatriés et de jeunes actifs diplômés de l'enseignement supérieur, ils pouvaient s'assurer plus de marge bénéficiaire et, donc, s'attirer les faveurs des investisseurs."
À présent que le coliving est reconnu comme un produit immobilier à part entière, les sociétés spécialisées ont la confiance du marché et, donc, davantage de marge de manœuvre. "D'ici cinq à dix ans, le défi des acteurs du secteur sera de créer des logements abordables", augure l'expert.
Un modèle mixte
Mais, dans la vision de Gui Perdrix, le facteur véritablement déterminant pour l'avenir du coliving réside dans le nécessaire basculement d'un modèle strictement locatif vers un modèle mixte, faisant la part belle à la location comme à… l'acquisition. "Même les millenials et les adeptes d'une communauté de partage en matière de biens mobiliers nourrissent le désir d'un achat immobilier au cours de leur vie, assure le président de Co-Liv. Le fait que le coliving se limite actuellement au modèle 'build to rent', et donc à l'immobilier vu comme un service, constitue une limite à son développement."
Un tour du monde des espaces de coliving
En 2019, Gui Perdrix boucle un voyage d'un an à la découverte de cent espaces de coliving dans trente métropoles mondiales. Il visite New York où le coliving est né pour répondre à une pénurie de logements criante ; Los Angeles où la formule est le propre des "artistes désargentés dans une ville où le loyer moyen grimpe à 2 400 dollars par mois contre 900 en coliving" ; San Francisco, peuplée d'entrepreneurs actifs dans la tech et le développement de start-up qui affectionnent ce type d'habitat et les rencontres qu'il permet.
En Chine et en Inde, les plateformes travaillent avec des propriétaires individuels. Et en Europe ? À Londres, on trouve "un peu de tout". À Amsterdam, la culture du coliving est bien présente mais il y a peu d'opérateurs. "La loi ne permet pas à plus de deux personnes qui ne sont pas de la même famille de figurer sur un contrat de bail", invoque-t-il. En France, un des opérateurs a eu l'idée de lancer des espaces de coliving thématiques : gastronomie, cinéma…