"Good Living" ne verra pas le jour dans sa version actuelle : des contraintes pèsent lourd sur le prix de sortie des logements
Libre Immo | Les socialistes bruxellois ne voudraient plus de la réforme du RRU telle quelle. Un texte revisité sera proposé en juin au gouvernement.
Publié le 10-05-2023 à 16h24
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Cela devait être la grande avancée urbanistique de la législature, le projet qui allait révolutionner la conception de la ville et des immeubles au sein de la capitale pour tenir compte des enseignements de la crise climatique et de la pandémie. Ce projet, c’est celui de la refonte complète du Règlement régional d’urbanisme (RRU), la bible de l’urbanisme bruxellois, porté depuis le début de la législature par le secrétaire d’État en charge de l’Urbanisme Pascal Smet (Vooruit) et baptisé Good Living. Approuvé en première lecture par le gouvernement bruxellois, rappelons-le, le texte a ensuite été soumis à l’enquête publique, puis à l’avis des communes. Pour finir, il a été transmis à la Commission régionale de développement (CRD) qui doit encore l’examiner.
Bref, le projet avançait lentement mais il avançait.
Critiques
Cependant, une rumeur insistante circule depuis quelques semaines selon laquelle les partenaires socialistes francophones de Pascal Smet ne voudraient plus du texte pour diverses raisons. La rumeur est d'abord venue de la Commission du développement territorial du Parlement bruxellois où le projet a été évoqué plusieurs fois. Ainsi, selon le député Geoffroy Coomans de Brachène, observateur très attentif du projet auquel son parti, le MR, est tout à fait opposé, "les critiques les plus virulentes du texte sont venues des socialistes comme Fadila Laanan et Isabelle Emmery, présidente de la Commission. On a bien senti que les socialistes ont petit à petit pris conscience des effets pervers du texte."
Même son de cloche chez Isabelle Pauthier, députée Ecolo, également membre de la Commission et fine connaisseuse des thématiques urbanistiques. "On s'est rendu compte que, visiblement, les socialistes ne veulent plus de ce texte auquel nous étions plutôt favorables. En tous les cas pour ce qui concerne le volet 'Espace public', devenu pierre d'achoppement alors que les enjeux réels sont ailleurs, en particulier dans l'appréciation des gabarits des nouveaux immeubles, explique la députée. Cela s'est vu à plusieurs reprises en réunion. Cela a même été dit."
La réaction de Rudi Vervoort
Au cabinet du Ministre-président Rudi Vervoort, on ne dit pas "ne plus vouloir du texte" mais on explique que "les communes bruxelloises (socialistes et autres) avaient majoritairement remis des avis défavorables essentiellement sur le stationnement mais aussi sur le caractère flou et donc insécurisant du texte. Il y avait aussi le sentiment que le texte n'est pensé que pour les gros projets. Enfin, et surtout, on a pris conscience du risque que ces contraintes pèsent lourd dans le prix de sortie des logements, ce qui n'est pas une option par les temps qui courent." La porte-parole du Ministre-président indique également que "ces remarques sont en cours d'analyse et nous sommes raccords avec Pascal Smet sur le fait d'y répondre largement et qu'un texte revisité sera déposé sur la table du conseil des ministres en juin."
Encore sous cette législature ?
Le cabinet Vervoort est donc très prudent et insiste agir en accord avec Pascal Smet pour présenter un texte qui tiendra compte des nombreuses remarques formulées au cours de l’enquête publique ainsi que des critiques des communes.
Mais, si le cabinet ne dit pas clairement lâcher le projet, il faut se rappeler que si le texte proposé est substantiellement modifié, il ne pourra être envoyé au Conseil d’État et devra faire l’objet d’une nouvelle procédure d’enquête publique. On peut donc se demander si ce texte "revisité" a encore une chance de sortir au cours de cette législature. À l’approche des élections, cela arrangerait peut-être bien les socialistes qui n’ont pas trop envie de voir se renouveler pour Good Living les difficultés rencontrées avec son pendant dédié à la mobilité Good Move. C’est que Good Living entraînera à terme, au fur et à mesure des demandes de réaménagement, la suppression de milliers de places de parking et réduira considérablement la place de la voiture dans l’espace public. Or, on a bien vu qu’avec Good Move, les restrictions à la circulation automobile n’étaient pas bien passées notamment chez les électeurs socialistes…