Réforme sur les expulsions : l'investissement dans le logement locatif "sera encore moins attractif"
Libre Immo | Olivier Carrette, administrateur délégué de l'Union professionnelle du secteur immobilier, comprend les mesures prises mais il estime que le combat réside ailleurs.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/3794e68f-5aa0-49a3-b726-bed694fe37b9.png)
Publié le 25-05-2023 à 16h01
:focal(2995x2005:3005x1995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TBFXOXXZKRG4FHSUFJLW2ZN4YU.jpg)
Pour les experts immobiliers, il ne fait aucun doute que la réforme sur les expulsions domiciliaires aura un impact négatif sur le marché locatif. Olivier Carrette, administrateur délégué de l'Upsi (Union professionnelle du secteur immobilier), estime que cela va renforcer le manque d'offre sur le marché bruxellois où 60 % des habitations sont louées. "Il y a une gigantesque pénurie de logements dans toute la Belgique", nous explique-t-il. Pour combler ce manque, "il faut inciter le secteur privé à produire du logement. Je comprends les mesures sociales qui sont prises mais le combat réside ailleurs. Ce qu'il faut, c'est octroyer des permis pour la production de logements. Une fois que l'offre sera suffisante, les prix vont baisser et les logements deviendront plus accessibles. Il y aura, dès lors, moins de demandes pour les logements sociaux; ce qui permettra aux personnes avec des faibles revenus de louer plus facilement. On s'attaque aux symptômes et non pas à la cause du problème qui est le manque d'offre."
Olivier Hamal, le président du SNPC (Syndicat national des propriétaires et copropriétaires), confirme cette analyse, se basant notamment sur des échos du secteur de la construction qui anticipe un fléchissement des projets de construction en raison d’un environnement moins favorable. Dont les raisons ne se limitent d’ailleurs pas aux réformes controversées (en ce compris, l’indexation des loyers alignée sur le PEB). Il y a également la hausse de 20 % du prix des matériaux de construction, la remontée des taux d’intérêt hypothécaires à presque 4 % pour un emprunt sur vingt ans, la crise économique, l’indexation automatique des salaires, le manque de délivrance de permis pour le résidentiel.
"Situation déjà très pénible"
Pour Jérémie Arnet, administrateur délégué de l'agence bruxelloise Immo Fadan, ce type de mesures "fait peur aux propriétaires" et rend "moins attrayant l'investissement", sachant que "la situation actuelle est déjà très pénible." Et de citer l'exemple de la commune d'Ixelles où le juge refuse de statuer sur une demande d'expulsion tant qu'il n'y a pas trois mois d'arriérés de loyer. "Le juge fait un peu comme il veut. C'est lui qui décide; ce qui rend la gestion de patrimoine immobilier compliquée. Certains propriétaires se demandent s'ils ne doivent pas vendre leurs biens ; d'autres vont prendre le maximum de précautions dans le choix des locataires. Je me demande si cette réforme ne va pas aussi jouer en défaveur des locataires."
Dans l'avis de Brupartners sur le projet d'ordonnance, les organisations représentatives des employeurs et des classes moyennes font le même constat. "Malgré tout, les rendements locatifs sont actuellement relativement faibles ; dès lors, détériorer les conditions de location (sans aucune compensation financière crédible et effective) rendra l'investissement dans le logement encore moins attractif. In fine, c'est tout le processus de production de logements neufs qui est mis sous pression par cette initiative", soulignent-elles. Impossible donc pour elles de soutenir une telle réforme.