Des maisons en kit et circulaires : une réponse à la pénurie de logements?
Libre Immo | L’entreprise de construction Icontech a reçu la visite du ministre wallon du Logement Christophe Collignon.
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- Publié le 01-06-2023 à 10h59
- Mis à jour le 01-06-2023 à 11h00
Après un peu plus de trois ans d’existence, la jeune entreprise de construction en atelier Icontech, dont le siège social est à Bruxelles et l’usine de production à Marchienne-au-Pont (Charleroi), franchit une étape décisive de son développement en bouclant une levée de fonds d’un million d’euros auprès de plusieurs partenaires (la coopérative Crédal, Wallonie Entreprendre et l’investisseur privé Nextgen IG). Une bonne nouvelle que les trois ingénieurs associés à la tête de la PME ont tenu à partager avec le ministre wallon du Logement Christophe Collignon (PS), invité pour l’occasion à visiter la halle de 2 000 m² dans laquelle sont préfabriqués les modules d’habitation durables, flexibles et… brevetés qui font leur fierté.
“Cet apport financier nous permettra de monter en puissance en accélérant significativement le rythme de production, se réjouit Philippe Lebordais, CEO d’Icontech. Au lieu d’un module par semaine, comme c’est le cas aujourd’hui, nous serons à même de finaliser un module par jour grâce à une chaîne de production optimalisée pour limiter au maximum les déplacements de nos opérateurs.” Si le carnet de commandes suit, l’entreprise engagera des collaborateurs permanents et étendra ses quartiers au sein de la halle carolo en signant pour 2000 m² supplémentaires. “Il y a 13 000 m² disponibles au total sur le site”, sourit Philippe Lebordais, dont les ambitions, comme celles de ses associés Denis Lefébure et Laurent Valentin, sont nourries par un enthousiasme et une énergie communicatifs.

“Contrairement aux préjugés qui assimilent préfabriqué avec construction low-cost, les modules conçus et réalisés en acier, béton et bois par Icontech répondent à des standards de qualité élevés”, pointe Laurent Valentin, en charge du développement et des finances de l’entreprise. Et ce, tant du point de vue de l’étanchéité au sol (grâce à un caoutchouc synthétique qui enveloppe la base des modules pour prévenir toute remontée d’humidité par capillarité), que de l’isolation thermique, le tout en favorisant l’usage de matériaux les plus durables possible. Quant aux finitions, elles sont laissées au choix du maître d’ouvrage. “Nous sommes capables de tout réaliser, quitte à faire appel à des partenaires pour certains travaux, précise-t-il. La seule contrainte que nous avons, c’est celle du transport. Les modules sont donc limités en largeur (4,25 m) et en profondeur (12 m).”
Pour assembler les modules achevés les uns aux autres, Icontech a mis au point un système lui permettant de soulever chaque structure en s’accrochant directement aux extrémités supérieures des colonnes qui la soutiennent. “Cela nous fait gagner du temps lors de la pose sur chantier car les modules sont placés au millimètre près en une seule manœuvre”, décrit Philippe Lebordais qui vante les mérites d’un outil imaginé à cet effet par ses associés et lui : un palonnier de levage universel télescopique qui s’ajuste à une variété de modules de dimensions diverses pour les hisser dans les airs.
L’intérêt de la standardisation
Fort de ces techniques de pointe, le trio assure pouvoir décliner son produit à l’envi, en se pliant à la créativité des architectes et aux desiderata des maîtres d’ouvrage. Preuves à l’appui au sein de son portefeuille de projets en cours et réalisés, qui s’étend du studio de jardin de moins de 40 m² à la maison d’architecte de 250 m², en passant par les rehausses d’immeubles existants (un ou deux étages supplémentaires). Mais les trois associés insistent sur le fait que le bien-fondé du système constructif d’Icontech réside dans l’industrialisation des processus et, donc, dans la répétition de modules préfabriqués à l’identique. “C’est alors que la formule est la plus économique et prend tout son sens, acquiesce Laurent Valentin, qui ajoute cibler en priorité les projets d’équipements (écoles, maisons de repos…) et d’immeubles de logements collectifs (kots étudiants, logements sociaux, logements d’urgence et de transit…).
Ce sont d’ailleurs ces derniers qui ont retenu l’attention du ministre qui y voit une piste de réponse à la pénurie de logements abordables et de qualité. “La solution proposée par Icontech est non seulement durable et énergétiquement performante mais aussi… rapide, relève le mandataire wallon. Le délai ordinaire de production de logements publics en Wallonie, c’est entre cinq et sept ans. Il faut réduire ce tempo. Cela passe bien sûr par l’accélération du processus de délivrance des permis mais la mise en œuvre des projets gagne elle aussi à être écourtée. Certainement en matière de marchés publics.”

Économie circulaire et modularité
Autres éléments salués par Christophe Collignon, la création d’emplois au sein du bassin industriel carolo et le caractère circulaire de la démarche d’Icontech puisque les logements modulaires peuvent être transformés en fonction des besoins de leurs occupants mais aussi entièrement démontés (d’autant plus facilement qu’ils sont installés sur des pieux ou des plots) et réaffectés à d’autres fonctions et d’autres lieux. “Ce n’est pas seulement de la théorie, cela a été fait avec le prototype de trois modules conçus et assemblés par Icontech en 2020 dans une usine de Nivelles, raconte Philippe Lebordais. Quand l’opportunité de déménager la production en propre à Marchienne-au-Pont s’est présentée, nous avons désolidarisé, transporté et remonté le prototype qui abrite, à présent, nos bureaux au sein de la halle. Il a suffi de refaire le plafonnage à l’endroit de la jointure entre les modules et de placer un nouveau plancher.”
1 800 euros: le prix au mètre carré
Icontech pratique les mêmes tarifs que ceux traditionnellement pratiqués dans le secteurde la construction, à savoir entre 1 800 et 2 000 euros/m², renseigne Philippe Lebordais. Dans le cas de logements collectifs et, donc, d’une production standardisée,le coût baisse aux alentoursde 1 400-1 500 euros/m².
2019, la naissance d’Icontech
L’idée de lancer une production industrielle dans le bassin carolo s’impose dans l’esprit de Philippe Lebordais lors de l’annonce dela fermeture de l’usine Caterpillar en 2016. Sensibilisé par un père qui a travaillé pendant 40 ans dans une usine à proximité, l’ingénieur de gestion réfléchità un projet. Lorsqu’il rencontre ses associés, Denis Lefébureet Laurent Valentin, tous deux ingénieurs civils, à l’été 2019,ce projet se concrétise.Fin 2019, Icontech était née.