Révolution dans les maisons de repos : "Il y a moins de mécontentement, le personnel est moins souvent absent"
Libre Immo | Le dossier. Implémenter le modèle ne demande pas beaucoup d'investissement financier.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/30b604d2-7012-42fd-a607-1c786a610571.png)
- Publié le 09-06-2023 à 11h26
:focal(3115x2085:3125x2075)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OV2SSD5MUVF7XAEE77IGYGXSKA.jpg)
"Chez nous, le modèle Tubbe est devenu naturel", explique Pascale Dekoster, directrice de la Maison Notre-Dame de Stockel, à Woluwe-Saint-Pierre. Cette maison de repos de 88 résidents a entamé la démarche scandinave il y a quatre ans, avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin. "Le modèle est bien installé aujourd'hui et nous continuons à notre propre rythme. Il y a toujours quelque chose à faire car nous sommes sans cesse à l'écoute de nos résidents et de notre personnel. Nous avons même établi un comité des rêves."
Pour elle, le gros avantage quand le processus devient automatique, c'est que les idées viennent beaucoup plus vite, que ce soit du côté des résidents ou du personnel. "On n'imagine pas qu'ils puissent avoir tellement d'idées nouvelles pour améliorer le bien-être de tous. Et si les résidents arrivent parfois avec des projets plus onéreux, pas de souci : ils proposent automatiquement des suggestions pour récolter de l'argent."
Implémenter le modèle ne demande pas beaucoup d'investissement financier, tempère la directrice. "Par exemple, nous n'avons rien changé à l'architecture du bâtiment. Ce qui était de toute façon impossible dans notre cas. Nous occupons une ancienne construction qui date de 1952 et avons ajouté une annexe au début des années 2010", détaille Pascale Dekoster. Le rôle du jardin a, lui, été important dans l'application du modèle Tubbe. "Le jardin a été réalisé à l'initiative de nombreux résidents qui se le sont appropriés. Ils ont choisi les plantes, le mobilier et se sont même mis au travail." Les résidents ont également participé à la décoration de la résidence.
Un personnel conquis
Pascale Dekoster reconnaît que la démarche a suscité quelques inquiétudes au début. De la part du personnel notamment, qui craignait que les résidents ne deviennent tyranniques. "Mais l’ambiance et le bien-être qui en résultent sont au bénéfice de tous : il y a moins de mécontentement, le personnel est moins souvent absent, le turn-over est faible et nous ne sommes pas en manque de candidats, ce qui est rare dans notre secteur. Le personnel a du plaisir à venir travailler. Et pour moi, c’est agréable aussi : je ne dois pas toujours décider toute seule."
Le soutien des acteurs du secteur
L'opérateur : “Nous soutenons les directions qui se lancent dans ce processus qui permet d’augmenter le bien-être des résidents et la qualité des soins, explique Lieve Van Boxem, responsable pour la presse de Korian, opérateur de maisons de repos et de résidences-services. La méthode Tubbe s’intègre bien dans notre philosophie Positive Care. Notre mission consiste, en effet, à écouter nos résidents et à respecter le plus possible leurs souhaits, afin qu’ils se sentent chez eux dans nos résidences. Je pense que c’est un plus pour attirer de nouveaux résidents.”
L'investisseur : “Le fait que nos maisons de repos et de soins appliquent le modèle Tubbe n’a pas vraiment d’impact pour nous, remarque Philippe Etienne, responsable de la communication pour la société immobilière réglementée Cofinimmo. Mais nous sommes en tout cas très attentifs aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Pour le côté social, par exemple, nous savons bien qu’un des gros problèmes des personnes âgées, c’est la solitude. C’est pourquoi nous essayons d’agir sur la conception des bâtiments pour avoir un trafic qui se fait naturellement afin de favoriser les échanges entre les résidents. Nous avons également, dans les pays voisins, plusieurs projets de campus de soins en cours. Il s’agit notamment d’un site où des cabinets médicaux sont installés proches des maisons de repos. Quand une personne vient se faire soigner, c’est pour elle une bonne occasion pour venir rendre visite à un proche qui réside dans la maison de repos et de soins.”