Les notaires licencient sur fond de dépression immobilière
Libre Immo | Le dossier. Depuis le début de cette année, le nombre de collaborateurs a diminué de 204 unités.
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- Publié le 07-09-2023 à 18h17
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"Il y a des soucis, c'est indéniable, indique Jan Sap, directeur général de Fednot, la fédération du notariat belge. Cela devient compliqué pour certaines études notariales. On déplore d'ailleurs une augmentation du nombre de licenciements."
Depuis le début de cette année, le nombre de collaborateurs a diminué de 204 unités. Au regard du nombre d'études - 1 113 -, cela représente grosso modo un collaborateur en moins par ensemble de cinq études. "Nous ne disposons pas de la cause, seulement de la date de fin des contrats, tempère-t-il. On retrouve dans cette catégorie les licenciements, mais aussi les démissions, l'arrivée à échéance des contrats à durée déterminée…"
Moins d’actes et tarifs réduits
Face à ce constat, Jan Sap voit trois raisons.
La première, principale, est immobilière. "Qui dit affaiblissement du marché immobilier - et les chiffres qui l'attestent viennent précisément de la fédération, NdlR - dit moins d'actes et donc moins d'honoraires. En juillet 2023, le nombre d'actes de vente a diminué de 19 % par rapport à juillet 2022. Et le nombre d'actes de crédit de 32 % !" Des chiffres dans la même veine que ceux du premier semestre de l'année avec -20 % d'actes de ventes en gré à gré clôturés et -32 % d'actes de crédit.
Or, les "actes immobiliers sont les plus rémunérateurs pour le notariat, par comparaison avec les actes liés à la famille (succession, donation, séparation…). En moyenne, l'immobilier représente 65 % du chiffre d'affaires d'une étude notariale en Belgique." Pour certaines, qui sont localisées dans des régions à forte activité immobilière - la Côte, Bruxelles, Anvers… - c'est souvent plus. C'est d'ailleurs normalement le personnel de ces études qui devrait le plus souffrir.
Deuxième raison des difficultés du notariat, "la récente réforme des honoraires et des frais que peut facturer un notaire, entrée en vigueur le 1er janvier de cette année", ajoute Jan Sap, qui pointe notamment une diminution de quelque mille euros pour celui qui achète une habitation propre et unique de 150 000 à 300 000 euros par le biais d'un crédit hypothécaire. Concrètement, la réduction englobe une réduction moyenne de 10 % sur les honoraires du notaire pour l'acte d'achat, une réduction de 20 % sur ses honoraires pour l'acte de crédit, et un montant fixe pour les frais qu'il peut facturer pour les deux actes.
Enfin, au titre de troisième raison, il y a la hausse des coûts, de personnel notamment du fait de l’indexation automatique des salaires ; qui, dans le notariat, est trimestrielle.
Autres postes à pourvoir
"Il y a des licenciements, poursuit le directeur général de Fednot, mais ce n'est pas une vague de licenciements. Les études notariales sont à comparer à des PME qui sont proches de leurs collaborateurs et tiennent à les garder." D'autant que s'il regarde les dernières statistiques, l'activité sur le marché semble reprendre un peu.
"Mais ce qui est étonnant, c’est que même si les notaires ont dû se défaire de deux grosses centaines de collaborateurs, ils cherchent à en engager le même nombre. Il y a sur notre site pas moins de 230 annonces d’emplois, mais de compétences spécialisées."