Photovoltaïque : six astuces pour diminuer le coût du tarif prosumer
Publié le 29-05-2020 à 06h31 - Mis à jour le 29-05-2020 à 09h27
À moins qu’un énième rebondissement ne survienne d’ici-là, le tarif prosumer entrera en vigueur le 1er octobre prochain en Wallonie.
Les détenteurs wallons de panneaux photovoltaïques paieront donc des frais de réseau (distribution, transport, surcharges) lorsqu’ils prélèvent de l’électricité sur le réseau. Exactement comme les autres consommateurs. Ces prélèvements d’électricité ont lieu lorsque le soleil ne brille pas, ou pas suffisamment pour alimenter l’habitation avec ses panneaux photovoltaïques.
L’un des objectifs du tarif prosumer est de mieux répartir les coûts d’entretien du réseau d’électricité entre les ménages qui n’ont pas de panneaux et ceux qui en ont.
Un autre objectif est d’inciter les propriétaires de panneaux photovoltaïques à consommer l’électricité au moment où ils la produisent. Aujourd’hui, il n’existe aucun incitant financier favorisant l’autoconsommation, alors que ce comportement est pourtant souhaitable.
Avec le tarif prosumer, les propriétaires de panneaux seront incités financièrement à consommer l’électricité qu’ils produisent. En effet, plus un ménage autoconsommera, moins il devra prélever sur le réseau. Or le tarif prosumer est calculé sur la base de ces prélèvements. À condition, bien sûr, de disposer d’un compteur communicant (ou intelligent), qui permet de mesurer précisément ces prélèvements. Sans quoi le tarif prosumer sera calculé forfaitairement, en fonction de la puissance de l’installation photovoltaïque.
D’ici à l’entrée en vigueur du tarif prosumer, le gouvernement wallon devrait s’être mis d’accord sur l’octroi de primes à l’investissement dans des équipements favorisant cette autoconsommation. En attendant d’y voir plus clair au niveau de ces primes, nous avons tenté de savoir quels équipements sont les plus intéressants.
1) Démarrer ses appareils électroménagers en journée
Le réflexe le plus évident est de lancer certains appareils électroménagers (lave-vaisselle, machine à laver, séchoir) à partir de midi, le moment le plus probable pour avoir du soleil. Si le potentiel de déplacement de consommation est limité, l’investissement nécessaire peut être nul ou peu onéreux. "Il ne faut pas nécessairement être physiquement présent à la maison pour lancer ses appareils quand il y a du soleil, explique Francis Ghigny, l’ancien président de la Cwape, aujourd’hui conseiller du cabinet Henry (Ecolo). Il est possible de brancher ses appareils sur des prises qui laissent passer le courant à des heures prédéfinies. Ce genre de système ne coûte pas grand-chose. Or il serait possible d’augmenter son autoconsommation de 7 % rien qu’en faisant démarrer ces trois équipements en journée". Une autoconsommation en hausse de 7 % permettrait d’économiser une cinquantaine d’euros par an en moyenne sur le tarif prosumer.
2) Le PV Heater, le maître achat ?
Le PV Heater pourrait devenir un achat intéressant avec l’entrée en vigueur du tarif prosumer. Ce dispositif, accolé à un boiler électrique classique, permet de chauffer son eau au bon moment. Son intérêt principal est qu’il fonctionne uniquement lorsque la production des panneaux photovoltaïques est excédentaire. Ainsi si le frigo, le congélateur et d’autres appareils en veille consomment moins d’électricité que la production des panneaux, le PV Heater s’enclenche automatiquement pour chauffer l’eau du boiler. Et inversement. L’idée est de rejeter le minimum d’électricité sur le réseau, et donc de minimiser les prélèvements.
"C’est un système très réactif, il fait varier sa puissance en une seconde, explique Benjamin Wilkin, directeur d’Apere, l’association pour la promotion des énergies renouvelables. Si vous allumez un appareil électroménager, comme un aspirateur ou des taques de cuisson, et que la consommation de la maison devient supérieure à la production des panneaux, l’alimentation du boiler diminue ou s’éteint s’il n’y a plus du tout d’excédents. En revanche, dès que la production photovoltaïque est supérieure à la consommation du ménage, le boiler redémarre". Et s’il n’y pas assez de soleil durant la journée ? "Le PV Heater possède une fonction qui permet de réaliser l’appoint avec de l’électricité venant du réseau en fin de journée", explique Benjamin Wilkin.
Ce système coûte aux alentours de 1000 euros tout compris pour les personnes qui ont déjà un boiler électrique. Un investissement relativement abordable, donc. "C’est le système le moins cher et le plus efficace pour produire de l’eau chaude de manière renouvelable, ajoute Benjamin Wilkin. Auparavant, le solaire thermique était considéré comme la meilleure solution pour chauffer l’eau, mais on ne le conseille plus".
Selon Benjamin Wilkin, le PV Heater permet de faire passer l’autosuffisance d’un ménage de 30 à 45 % en moyenne. Et donc de diminuer les prélèvements d’électricité sur le réseau de 15 % environ. D’un point de vue purement financier, le tarif prosumer diminuerait d’un peu plus de 100 euros par an, en moyenne. Le PV Heater serait donc rentabilisé en dix ans maximum, et plus rapidement si des primes devaient être octroyées.
Du côté du cabinet Henry, on estime que ce système est intéressant pour les familles nombreuses qui ont d’importants besoins en eau chaude. Mais il présente certaines limites. "En été, la consommation en eau chaude est moindre, explique-t-on au cabinet Henry. Il y a donc un décalage dans le potentiel solaire et la consommation". Par ailleurs, ce système fonctionne sur une seule phase, ce qui peut être un inconvénient pour les personnes qui ont une installation électrique en triphasé.
3) Les batteries toujours pas rentables ?
Aujourd’hui, une batterie Tesla Powerwall 2 (13,5 kWh) coûte plus de 7000 euros. Cet investissement, s’il permet d’augmenter sensiblement l’autoconsommation de sa production photovoltaïque, est quasiment impossible à rentabiliser. Et cela d’autant plus qu’une seule batterie ne permet pas à une habitation d’arriver à une autonomie de 100 %. Pour cela, il en faudrait plusieurs, ce qui peut rapidement faire exploser le coût de l’investissement. Même en investissant plus de 7000 euros, il faudrait donc continuer à payer un tarif prosumer, certes réduit.
4) La domotique doit encore se développer
Les spécialistes de la domotique que nous avons contactés sont formels. À ce jour, il existe peu de solutions permettant de faire démarrer automatiquement ses appareils électriques lorsqu’une production photovoltaïque excédentaire est détectée. Les appareils électroménagers intelligents se développent mais il faudra encore attendre pour voir une interface facilement programmable émerger. "Il y a beaucoup de gadgets, commente Benjamin Wilkin. De toute façon, le lave-vaisselle, le séchoir et la machine à laver ne représentent que 4,5 kWh de consommation à eux trois. Avec un PV Heater, il est possible de déplacer la consommation de son boiler électrique au bon moment, ce qui représente une consommation de 10 à 12 kWh d’un seul coup". Francis Ghigny estime, lui, que le marché va se développer avec l’introduction du tarif prosumer et l’octroi futur de primes. "Je viens moi-même d’investir dans un système intelligent, explique-t-il. Il est composé d’un système de monitoring qui détecte si la production des panneaux est excédentaire. À côté, il y a un système de pilotage, à programmer une seule fois, qui alimente les appareils électroménagers avec la production excédentaire". Ce système coûterait environ 2000 euros pour un gain d’autoconsommation qu’il faut encore vérifier.
5) Recharger sa voiture électrique
Recharger une voiture électrique en journée pourrait constituer une solution intéressante. Surtout pour les installations photovoltaïques dont la production est supérieure à la consommation du ménage. Encore faut-il pouvoir recharger son véhicule certains jours de la semaine en journée à la maison. En outre, des contraintes de puissance disponible peuvent aussi jouer. Mais si elles sont résolues, la voiture électrique représente un beau potentiel de déplacement de la consommation.
6) Diminuer sa consommation
Cela paraît évident, mais un bon moyen de diminuer le coût du tarif prosumer est de diminuer sa consommation d’électricité quand les panneaux ne produisent pas. Par exemple, en optant pour des ampoules moins énergivores si ce n’est pas déjà fait.
