La flambée des prix de l'énergie agite la Vivaldi : quelles solutions proposent le gouvernement ?
Différents partis se positionnent face à l’envolée des prix énergétiques. Le PS propose un rabais ; Groen un prolongement de l’élargissement de l'accès au tarif social ; et le MR une baisse des taxes.
- Publié le 15-09-2021 à 18h53
- Mis à jour le 16-09-2021 à 11h23
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L’envolée des prix de l’énergie va réduire le pouvoir d’achat des ménages, particulièrement dans les familles les plus précarisées. Pour rappel, ces familles consacrent généralement une plus grande partie de leurs revenus aux dépenses énergétiques.
La flambée du prix du gaz s'explique par le fait que l'offre ne parvient plus à suivre l'augmentation de la demande, venue d'Asie mais aussi d'Europe. Par ailleurs, étant donné que le gaz est utilisé pour alimenter des centrales électriques, le prix de l'électricité a aussi grimpé en flèche.
Face à cette situation, la facture énergétique des ménages va augmenter dans les mois à venir. La Creg, le régulateur fédéral du secteur, a fait plusieurs estimations. Si les prix "historiquement élevés" devaient se maintenir pendant une année, la facture annuelle de gaz pourrait augmenter de 578 euros (pour monter à 1 609 euros). En ce qui concerne l'électricité, l'augmentation pourrait être de 123 euros, faisant grimper la facture annuelle à 1 013 euros. En combinant les deux énergies, on arriverait donc à une hausse de la facture du consommateur de 701 euros. En cas d'accalmie sur les marchés internationaux, le surcoût serait cependant de moindre ampleur.
Les propositions fusent
Face à cette situation, la ministre fédérale de l’Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen), a proposé de prolonger la mesure élargissant l’accès au tarif social. Pour rappel, les règles permettant de bénéficier du tarif social ont été assouplies au début de la crise sanitaire. Au premier trimestre 2021, le nombre de familles bénéficiaires a doublé : on est passé de 424 000 à 871 000 familles. Aujourd’hui, 17,4 % des ménages bénéficient de ces tarifs énergétiques avantageux.
Avec la flambée actuelle des prix, le tarif social est devenu encore plus attractif. En effet, le prix "social" du gaz ne peut augmenter de plus de 15 % par rapport au trimestre précédent (ou de plus de 25 % par rapport à la moyenne des quatre trimestres précédents).

Ce plafonnement permettra de limiter la hausse du nouveau tarif social qui entrera en vigueur le 1er octobre. Le tarif du troisième trimestre est déjà nettement plus avantageux que les prix du marché. Alors que le prix moyen d’un nouveau contrat de gaz était de 1 609 euros en août, le tarif social est plafonné à… 576 euros. En ce qui concerne l’électricité, l’avantage est un peu moins important : 1 013 euros pour une facture "normale", contre 743 euros pour le tarif social.
Il est aujourd’hui prévu que l’élargissement du tarif social s’arrête à la fin de cette année. Dans le contexte actuel d’envolée des prix, la facture pourrait donc être (très) salée pour les familles qui perdraient cet avantage.
Une mesure à 208 millions d’euros
La proposition de Tinne Van der Straeten, qui consiste à prolonger l'élargissement dans le temps, a-t-elle des chances de passer la rampe ? En tout cas, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, s'y est attaqué vigoureusement. Selon lui, ce tarif social revient à ce que l'État finance "la consommation d'énergie dans des passoires énergétiques", ce qui est "contraire aux enjeux environnementaux". Pour faire face au "pic ponctuel", il propose néanmoins de réduire les taxes et frais de distribution, qui "représentent 60 % de la facture énergétique". Un geste qui bénéficierait "au public qui en a besoin".
Le PS, quant à lui, a proposé de mettre en place un rabais forfaitaire sur la facture d’énergie. Il se dit également favorable à la prolongation de l’élargissement du tarif social.

Quelle proposition pourrait finalement s’imposer ? Il nous revient que la plupart des partis planchent sur leurs propres mesures. Mais, à ce stade, aucune n’aurait été déposée sur la table du gouvernement. Celle de Tinne Van der Straeten devrait arriver dans le courant du mois d’octobre, à l’occasion des discussions sur le budget.
Contacté, son cabinet indique que la ministre est "heureuse de constater que l'augmentation de la facture énergétique est un sujet de préoccupation pour tous les partis". "Nous allons examiner toutes les propositions, a ajouté sa porte-parole. La facture énergétique est néanmoins une compétence partagée entre plusieurs niveaux de pouvoir. La rénovation des bâtiments, par exemple, dépend des régions. Nous appelons donc tous les partis à prendre leurs responsabilités".
Combien coûte l’élargissement du tarif social à un nombre deux fois plus élevé de familles ? Selon un rapport de la Creg, paru en juillet dernier, il devrait coûter 208 millions d’euros au budget de l’État en 2021. Mais, en raison de l’envolée des prix de l’énergie et du système de plafonnement, ce surcoût pourrait être plus important. En effet, l’État sera amené à dépenser plus pour combler l’écart entre le tarif social et le prix du marché.