Vers un recul de l'inflation après son pic à 5 % en novembre ? "Certains coûts sont déjà en train de diminuer"
Nous avons connu un pic d’inflation en novembre, à 5 %, d’après le Bureau fédéral du Plan. La hausse des prix devrait se calmer, mais “des effets de second tour” sont à craindre. Les pénuries de stocks et de main-d’oeuvre auront des répercussions indirectes sur l’inflation.
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Publié le 09-11-2021 à 18h02 - Mis à jour le 09-11-2021 à 18h12
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Après avoir franchi le cap des 4 % en octobre (en rythme annualisé), le taux d’inflation poursuit son inexorable hausse : +5 % en novembre pour l’indice des prix à la consommation, d’après les prévisions du Bureau fédéral du Plan. La prévision pour le mois de décembre est un taux de croissance de 4,84 %. En cause évidemment, la hausse des prix de l’énergie. Ce sont surtout les hausses des prix du gaz qui interpellent. Alors qu’ils se montaient à 14 euros le mégawattheure (MWh) en avril 2020, ils sont montés, au plus haut il y a quelques semaines, à 116 euros le MWh, contre 76 euros le MWh aujourd’hui. Avec l’effet que l’on sait sur les prix de l’électricité. Les prix pétroliers, eux aussi, participent à la flambée des prix. Pareil taux d’inflation ne s’était plus vu depuis 2008, alors qu’éclatait la crise financière. Ce qui amène à se poser quelques questions…

1. Est-ce que l’inflation va perdurer ?
D’après les prévisionnistes, non, même si le Bureau du plan prévoit un taux d’inflation moyen de 3,3 % sur l’ensemble de l’année 2022. Le ton reste "rassurant", même si les prévisions des économistes se font moins catégoriques sur la durée de la hausse des prix. Notamment parce que la situation sur le marché du gaz reste très incertaine, en partie dépendante du bon vouloir russe sur les niveaux d’exportation. La hausse des prix de l’énergie explique, quasi à elle seule, la hausse des prix à la consommation. Le hic, c’est qu’elle se couple aussi à une hausse des salaires.
2. Quelles répercussions pour les entreprises ?
"À côté de la hausse des prix, on a de plus en plus d'indications de hausses salariales réelles, surtout en Flandre, pour combler la pénurie de travailleurs sur le marché de l'emploi", explique Geert Langenus, économiste à la Banque nationale (BNB). Ce qui alimente évidemment aussi l'inflation. "Il me semble clair qu'une partie de la hausse du coût du travail sera répercutée dans les prix de vente. Est-ce que cela devient problématique pour les entreprises ? On verra dans quelle mesure cela va freiner la croissance mais je veux répéter qu'on est, selon moi, loin d'un scénario de stagflation (NdlR : hausse de l'inflation, sans croissance économique)."
Un avis que partage Philippe Ledent, économiste chez ING, qui complète : "il y aura probablement une différence entre les entreprises soumises à la concurrence internationale, qui ne peuvent que difficilement répercuter les hausses de coûts sur leur prix de vente et rogneront sur d'autres coûts ou leurs marges bénéficiaires, et les entreprises qui le peuvent. Mais oui, je pense qu'il y aura des effets de second tour, ce qui est d'ailleurs intégré de manière modérée dans nos prévisions." (NdlR : 2,1 % en 2021 et 2,3 % en 2022, soit 1 % de moins tout de même que le Bureau du Plan).
Autre conséquence non négligeable : le poids des salaires. L’augmentation de "l’indice santé", qui sert entre autres au calcul de l’indexation des salaires, des allocations sociales et des loyers, serait de 1,9 % en 2021 et 3,1 % en 2022, contre 0,99 % en 2020 et 1,46 % en 2019. Le dépassement de l’indice pivot est donc toujours bien prévu pour janvier 2022.
3. Quels sont les freins à la hausse de l’inflation ?
Il y a évidemment la baisse des prix de l’énergie qui, quoiqu’incertaine, semble doucement se matérialiser. “Les entreprises vont, à mon avis, absorber une partie de l’augmentation des coûts dans leurs marges bénéficiaires, dont on avait indiqué en juin qu’elles se trouvaient au-dessus de la moyenne à moyen terme”, enchaîne Geert Langenus L’impact sur l’inflation sera donc plus modéré que la hausse des coûts.
"Ensuite, ajoute l'économiste, "même si les problèmes dans les chaînes de valeurs pourraient effectivement être de plus longue durée – avec des problèmes d'approvisionnement jusqu'à fin 2022 ? -, on ne va pas nécessairement voir les mêmes augmentations des prix des inputs (matières premières, etc.) que celles qu'on vient de voir ces derniers temps. En fait, certains coûts sont déjà en train de diminuer. Les prix du gaz semble avoir passé le pic, mais aussi le Baltic Dry Index, l'indicateur des coûts de transport maritime, qui a beaucoup diminué récemment (NdlR : de 50 % depuis début octobre). Tout cela renforce l'analyse que la hausse de l'inflation sera effectivement temporaire…", conclut l'économiste de la BNB.