Les vins de Bourgogne seront-ils bientôt impayables ?
Pendant les foires aux vins, les offres promotionnelles sont nombreuses : bouteilles gratuites ou réductions. Les vins de Bourgogne sont peu présents mais à la veille de fortes hausses de prix.
Publié le 25-02-2022 à 14h01 - Mis à jour le 25-02-2022 à 14h09
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Les températures hivernales peuvent être trompeuses : le printemps est d’ores et déjà présent dans la grande distribution qui nous propose des Foires aux vins propices aux multiples promotions.
Le printemps a ainsi débuté dès le 17 février chez Delhaize alors que les clients de cora, Carrefour et Spar devront encore patienter une dizaine de jours avec des Foires aux vins débutant la 2e semaine du mois de mars. Les offres sont multiples et habituelles : des bouteilles gratuites chez Delhaize, Intermarché ou encore Okay et des réductions de 15 % ou de 25 % à l’achat de 3 ou 6 bouteilles chez Colruyt. À chaque fois pour les vins sélectionnés : une petite soixantaine chez Colruyt et pas moins de 267 références en promo chez cora.
C’est généralement l’occasion de proposer quelques nouveautés : cora en présente 22, dont la cuvée Eureka. C’est encore un Proseco rosé chez Spar ou un Bourgogne Blanc chez Colruyt qui ont pour but de susciter la curiosité des amateurs. Il s’agit aussi de suivre des tendances de consommation : cora propose 68 vins HVE, pour “Haute Valeur Environnementale”.
Stock suffisant ?
En 2021, Delhaize a également ajusté son offre en fonction des goûts, différents, au nord et au sud du pays. Au nord, les vins du Nouveau Monde comptent pour plus de 70 % des ventes. Le distributeur y a affiché également davantage de blancs et rosés en diminuant la proportion des vins de Bordeaux, sans impact négatif sur la part de Bordeaux, au contraire (+2 % sur les deux dernières années).
Au Sud, où les vins du Nouveau Monde ne représentent que 27 % des ventes, il constate deux choses : la hausse de la consommation des vins sans alcool et celles des vins rouges en général.
Reste qu’après deux années de croissance, difficile de savoir comment le client va réagir. Sans oublier que la petite récolte de l’automne dernier, principalement en Bourgogne et en Loire, aura également un impact sur le marché.
Les vins de Bourgogne, justement, ne sont pas très présents dans les folders de la grande distribution en ce début de printemps. "Nous avons diminué la sélection de vins de Bourgogne de 50 % pour garantir un stock suffisant pour toute l'année. Nous avons quelques promotions intéressantes sur des appellations bien connues comme le Chablis dans cette Foire aux Vins", souligne Karima Ghozzi, porte-parole chez Delhaize.
"C'est vrai qu'il y a très peu de Bourgogne dans le guide printemps : un Mâcon Villages blanc, un Bourgogne Chardonnay et un Mercurey rouge. Cette région était déjà très chère depuis plusieurs années et les vignerons qui font de la qualité ont de toutes petites productions", explique de son côté Alain Renier, acheteur vins chez cora.
6 000 bouteilles
Le prix d'un Bourgogne blanc débute dans les 9 euros chez Colruyt, alors que le prix moyen d'une bouteille achetée par le client tourne autour des 4,50 euros. Le nouveau Bourgogne Blanc (domaine Fouquerand) est même proposé au prix de… 15,50 euros la bouteille. "C'est un vin bio, ce qui n'est pas courant en Bourgogne car les producteurs vendent toute leur production sans problème. Quand un producteur fait du bio, c'est qu'il est très engagé", remarque Jean-Christophe Verschelde, consultant vins chez Colruyt, qui a réussi à grappiller 6 000 bouteilles.
"Étant soumis à la loi de l'offre et de la demande, les prix ont toujours été positionnés assez haut dans la Bourgogne. Les volumes produits ont toujours été moins importants que sur les autres régions françaises ainsi que les stocks en réserve", note encore Siryn Stambouli, porte-parole chez Carrefour.
Et pourtant, les ventes de Bourgogne ont enregistré une évolution de 8 % en rouge et de 20 % en blanc l'an dernier sur le marché belge. "Les Belges se sont fait plaisir", analyse Jean-Christophe Verschelde. Chez Spar, les performances des vins rouges ont été légèrement supérieures à celle des autres vins français.
Si les vins de Bourgogne sont chers, ils le seront encore plus à l'avenir : la récolte 2021 a tout simplement été catastrophique, jusqu'à 70 % inférieure par rapport aux années normales. "Les principales appellations touchées sont Saint-Véran, Viré-Clessé et Pouilly-Fuissé", rappelle Karima Ghozzi. "Les prix à la consommation sur le marché vont probablement augmenter de 15 à 20 %."
Répercussion sur les prix
Jean-Christophe Verschelde table, lui, sur des hausses de 30 à 40 % sur le millésime 2021. À voir comment cette hausse sera répercutée sur le prix client. La bonne nouvelle, c'est que les millésimes 2018/19/20 offrent de belles opportunités. "Les clients ont la chance que les bonnes années soient en rayon", note-t-il, conseillant plus particulièrement l'année 2019 en rouge. Il est peut-être temps d'en profiter.
Quant à Alain Renier, il n'est pas très fan des vins de Bourgogne. "La très faible récolte 2021 entraîne une augmentation des prix sur les millésimes encore disponibles. Cette très forte augmentation n'est pas due à une meilleure qualité mais à une pénurie", juge l'acheteur vins chez cora, évoquant même un prix "totalement surfait" pour le Chablis.
Il suggère plutôt des crus du Beaujolais. "On peut encore trouver une qualité magnifique à des prix tout à fait raisonnables."