"En Europe, on a mieux régulé le système bancaire qu’aux Etats-Unis"
Le professeur de Finances de la Sorbonne Roland Gillet estime que la situation pour le secteur bancaire européen est a priori moins préoccupante.
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Publié le 15-03-2023 à 17h31 - Mis à jour le 15-03-2023 à 19h05
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”Il faut le dire, l’Europe a bien mieux régulé le secteur financier qu’aux Etats-Unis”, lance Roland Gillet professeur de finances à la Sorbonne (Paris). “Les propos de Jerome Powell, président de la Fed, ou du président américain Joe Biden le laissent penser, en creux. Comment a-t-on pu en arriver à une telle situation des banques comme SVB, qui est tout de même de la taille de KBC (plus de 200 milliards de bilan) ? La réponse est simple : entre les intentions initiales du régulateur et leur concrétisation aux Etats-Unis, il y a de la marge. En Europe, la nomination d’un superviseur et la mise en place de stress-tests pour les banques systémiques permet a priori d’éviter ce type de cas et d’envisager l’avenir avec un peu plus de sérénité”. Pour autant, le risque zéro n’existe pas.
Gestion des liquidités
Pour l’expert, il est évident que la gestion des liquidités (ALM, pour asset liabilities management, NdlR) dans les banques devra être scrutée de près dans les mois qui viennent. “Je ne connais pas la manière dont les banques se sont couvertes lorsqu’elles ont octroyé des crédits hypothécaires à long terme de 0,5 à 1 % – ça s’est vu – mais il y a là une source de préoccupation. J’imagine aussi qu’elles ont souscrit des contrats de couverture contre la hausse des taux, même si on ne sait pas précisément dans quelle mesure”, ajoute Roland Gilet.
Qui tient aussi à nuancer la situation en raison des rémunérations des dépôts, même s’il est évident que la hausse des taux met à mal les stocks obligataires. “La BCE joue ici aussi un rôle clé, et puis soyons honnêtes, l’euribor à 3 mois pointe à 2 % , mais les taux d’épargne dans les banques restent ridicules. Cela ne fera pas plaisir aux épargnants, mais il y a là un amortisseur pour les institutions financières”.
Enfin, pour Roland Gillet, l’effet de contagion devrait être limité par le fait que la nature même de l’inflation est différente des deux côtés de l’Atlantique. “L’inflation de base – core inflation dans le jargon – aux Etats-Unis est bien plus élevée qu’en Europe, en raison des plans de relance, d’un début de spirale inflationniste sur les salaires, dans un marché du travail tendu ; sur le Vieux Continent, l’inflation est élevée mais n’a pas amené des hausses de taux d’intérêt aussi importantes qu’aux Etats-Unis. Les taux à 10 ans ne sont donc pas scandaleusement élevés en Europe”, conclut le professeur.