Les prix commencent à baisser dans la grande distribution : "Depuis le 1er janvier, nous avons réussi à baisser le prix de 420 produits"
Plusieurs enseignes l’ont annoncé, mais cette baisse est encore loin de compenser la hausse vertigineuse des produits alimentaires.
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Publié le 08-05-2023 à 18h13 - Mis à jour le 09-05-2023 à 17h26
Le consommateur ne s’en plaindra pas : plusieurs enseignes de la grande distribution ont annoncé ces derniers temps des baisses de prix dans leur assortiment, de quoi quelque peu gommer les envolées spectaculaires des produits alimentaires enregistrées depuis plus d’un an maintenant. C’est bien simple : le plus gros poste de dépenses des ménages belges était l’alimentation, en mars, dernier, avec en moyenne 30,4 % de leur revenu consacré à l’achat de la nourriture.
Quelques exemples qui expliquent cette envolée des dépenses alimentaires. L’inflation des produits laitiers était de 26,2 % en avril dernier, et ce sur base annuelle, selon le dernier indice des prix à la consommation. Pour le pain et les céréales, la hausse était cette fois de 17,2 % et même de 34,6 % pour le lait entier. “L’inflation des produits alimentaires (y compris les boissons alcoolisées) atteint ce mois-ci 16,64 %, contre 17,02 % en mars”, résumait voilà quelques jours Statbel qui collecte toutes ces données.
C’est dire s’il y a du chemin à parcourir pour retrouver des niveaux de prix bien plus abordables pour le portefeuille des consommateurs. Après Aldi et Lidl, Carrefour annonce donc à son tour des baisses de prix sur une centaine de produits, en moyenne de l’ordre de 15 %. L’enseigne met en valeur dans sa communication un produit avec une réduction de 30 %, mais il s’agit du kilo de farine fluide de la marque Carrefour, qui est désormais affiché à 0,99 euro. C’est aussi – 15 % sur les spaghetti Barilla, mais non sur le reste de la gamme de la marque italienne de pâtes.
Contexte baissier
Un tel geste – il y en aura d’autres dans quelques semaines – fait écho à un “contexte baissier du prix de matières premières”, explique Siryn Stambouli, porte-parole de Carrefour. “Si nous pouvons négocier une baisse de prix auprès de nos fournisseurs en raison de cette baisse du prix des matières premières, nous trouvons évident de répercuter cela dans les prix proposés dans les magasins. Nous voulons renverser la tendance quand c’est possible”.
C’est la même logique de défense du pouvoir d’achat des clients qui anime forcément la concurrence. “Nous baissons les prix dès que cela s’avère possible. Et c’est exactement ce que nous faisons”, précise de son côté Jason Sevestre, porte-parole chez Aldi. “Depuis le 1er janvier, nous avons réussi à baisser le prix de 420 produits. Pour être clair, il ne s’agit pas de promotions, mais de baisses de prix effectives. Dans les semaines à venir, il y en aura encore”.
Le folder évoque justement cette vague de baisse : c’est par exemple 0,79 euro au lieu de 0,99 pour des desserts à la crème de la marque Ursi ou encore 0,85 euro contre 0,99 euro auparavant pour des chips Tortilla.
Colruyt… heureux
Lidl a également mis le grand braquet et a réduit le prix de 250 produits de son assortiment fixe. “Il s’agit d’une sélection très variée de marques de distributeur”, précise l’enseigne. Là encore, le dépliant est un excellent vecteur de communication envers les clients : c’est par exemple une baisse de 9 % pour le pain blanc et de 29 % pour des biscuits. “Nous baissons les prix de notre assortiment fixe dès que possible”, souligne Hendrik Van Wilderode, directeur du marketing.
”Nous sommes heureux de constater que nos concurrents font également des efforts pour le portefeuille des consommateurs”, réagit pour sa part Eva Biltereyst, porte-parole chez Colruyt. “Nous allons donc faire ce que nous faisons toujours : garantir à nos clients les prix les plus bas, chaque jour à nouveau. Nous pouvons cependant dire aujourd’hui que pour la plupart des produits, nous n’avons pas besoin de réduire les prix dans ce cas, car nous avions déjà un niveau de prix plus bas”.
Les raisons pour une hausse ou une baisse sont multiples : le prix des matières premières, dont l’énergie, les conditions climatiques qui influencent les récoltes, et la volonté ou non des producteurs d’adapter leur offre aux conditions réelles du marché.
Patience… pour une baisse durable
Selon l’étude de l’assureur-crédit Allianz Trade, les prix élevés sont dus aux producteurs plutôt qu’à la grande distribution sur base d’une analyse du marché européen. “Les distributeurs alimentaires ont répercuté la majorité (mais pas la totalité) des frais sur les clients. Rien qu’en 2022, les producteurs du secteur alimentaire ont augmenté leurs prix de +17 % sur base annuelle, contre +12 % 'seulement’ pour les distributeurs alimentaires”, note Johan Geeroms, Director Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade.
Certains ont aussi profité de l’excuse de la crise pour maintenir des prix élevés. “Environ 10 % de l’augmentation des prix n’est pas à imputer à une augmentation des coûts (de l’énergie et de production)”, mais à une “volonté de faire du bénéfice”.
Les prix commencent toutefois à baisser. Mais pas d’euphorie. “Il faudra attendre la fin de cette année pour espérer un ralentissement de l’augmentation des prix des denrées alimentaires”, estime encore Johan Geeroms. Patience…