Épargne: les banques belges pourraient augmenter leurs taux de 1% "sans se mettre en danger"
Selon l’Ieseg school of management, se basant sur les chiffres de la BNB et de la BCE, cette hausse ne déstabiliserait pas le secteur financier.
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- Publié le 01-06-2023 à 11h40
- Mis à jour le 01-06-2023 à 13h23
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Nouvelle pièce à verser concernant la faiblesse lancinante des taux d’intérêt sur les comptes d’épargne : selon une étude de l’Ieseg School of management (Lille et Paris), les banques belges pourraient se permettre de remonter en moyenne les taux de 1% sans que leurs comptes en soient réellement affectés, ou que cela mette à mal le secteur bancaire.
Deux approches peuvent être menées, selon Eric Dor, professeur d’économie à l’Ieseg. La première consiste "tout simplement" à regarder quels sont les revenus d’intérêt des banques, soit la différence entre les (faibles) taux payés sur les dépôts et emprunts et ceux (plus élevés) reçus sur les prêts et autres actifs. La Banque nationale de Belgique (BNB), dans le cadre son rapport macroprudentiel 2023 (sur la stabilité du secteur financier) a montré que les revenus d’intérêts des institutions financières se portaient bien. "Au premier trimestre 2023, comparé au même trimestre de 2022, le revenu net d’intérêt des banques de droit belge, hors opérations de couverture affectée à terme, a augmenté de 1788 millions d’euros. Les intérêts reçus ont en effet augmenté de 3871 millions d’euros alors que l’augmentation des intérêts payés s’est limitée à 2083 millions d’euros", rappelle Eric Dor.
Le revenu net d’intérêt des banques de droit belge, hors opérations de couverture affectée à terme, au cours de la période annuelle du 2ème trimestre 2022 au 1er trimestre 2023, a augmenté de 4211 millions d’euros par rapport à la période annuelle précédente du 2ème trimestre 2021 au 1er trimestre 2022. L’augmentation des intérêts reçus a en effet été de 7423 millions d’euros contre une augmentation des intérêts payés limitée à 3212 millions d’euros.
Résultat des courses : les banques belges pourraient se permettre sans problème une hausse des taux d’épargne de 1%. Cela représenterait en effet une charge annuelle de 2,853 milliards (aux conditions actuelles), alors que les revenus déjà acquis se montent à 4,211 milliards d’euros sur une base annuelle (mars 2023/mars 2022). Si l’Ieseg reconnaît qu’il peut y avoir une certaine hétérogénéité entre les banques belges, "les informations publiées par certaines banques belges semblent montrer que l’amélioration du revenu net d’intérêt est largement partagée".
Une autre approche pour cerner la capacité des banques belges à relever les rémunérations des comptes d’épargne, qui fondent comme neige au soleil avec la hausse de l’inflation (près de 20% en 2 ans), c’est de voir quel est le taux moyen proposé sur les dépôts, et le taux moyen affiché pour les crédits.
Là, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui fournit les données. "Le taux moyen payé par les banques belges sur les dépôts d’épargne réglementée était en mars de 0,37%, d’après la BCE, alors que le taux moyen sur les encours des crédits aux ménages était de 3,31 % pour les crédits à la consommation, 1,88% pour les crédits hypothécaires et 3,79% pour les autres prêts ". Ce qui fait conclure à Eric Dor que "globalement, il serait donc possible d’augmenter un peu le taux payé sur les comptes d’épargne réglementée sans déstabiliser les banques". Dans quelques jours, la Banque nationale remettra l’avis sollicité par le gouvernement sur cette question. Ira-t-il dans le même sens ?