Explosion des prix dans les supermarchés : “Le gouvernement n’a pas pris la mesure de la crise”
Pour l’organisation de défense des consommateurs Testachats, qui scrute chaque mois l’évolution des prix dans les grandes surfaces, le gouvernement a été beaucoup trop attentiste sur cette question. Et l’impact sur le portefeuille des Belges, mais aussi sur leur santé, s’en fera sentir encore un moment.
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- Publié le 04-09-2023 à 08h53
- Mis à jour le 04-09-2023 à 08h59
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Libre Eco | Le dossier
On le sait, faire ses courses en ce mois de septembre va encore être un mauvais moment à passer pour bon nombre de ménages. D’autant que la rentrée scolaire génère évidemment son lot de dépenses supplémentaires.
En juillet dernier, et se basant sur un panier de 3 000 produits dans 7 chaînes de supermarchés, l’organisation de défense des consommateurs Testachats estimait que les dépenses en supermarché pour un couple sans enfants s’élevaient à 531 euros par mois. Toute petite éclaircie : dans un rapport publié ce mercredi par l’Office national de statistique, l’inflation des produits alimentaires a diminué de 0,50 % en août par rapport à juillet.
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Mais si l’on compare, toujours sur base de ce panier de Testachats, les prix de juillet 2023 (les derniers disponibles) avec ceux de septembre de l’an dernier, on constate des hausses de prix toujours très sensibles (voir notre infographie) : + 13,41 % pour le panier en question. Plus en détail, les hausses sont parfois vertigineuses : + 29,6 % pour les légumes, + 20 % pour les lasagnes, + 19 % pour le pain, + 18 % pour les produits surgelés, + 13 % pour les fruits, + 11 % pour les produits de soin, + 10 % pour la charcuterie ou encore + 6 % pour la viande.
Trop peu, trop tard
Bref, en l’espace d’un an, les prix ont pris sacrément de la hauteur. Et votre budget va s’en ressentir. “Dès le mois de mars, notre baromètre démontrait que l’inflation alimentaire dépassait les 20 %. Notre sentiment, c’est que le gouvernement n’a pas pris la mesure de cette crise. L’envolée des prix a changé les habitudes alimentaires d’une majorité des Belges qui ont opté pour des produits de moindre qualité. Outre l’impact sur le portefeuille, cela a aussi un impact sur la santé des consommateurs”, explique Julie Frère, porte-parole de Testachats.
Dans d’autres pays, comme la France ou la Grèce, il y a par exemple eu la mise en place d’un panier anti-inflation.
Et d’ajouter : “Nous n’avons pas beaucoup entendu le gouvernement sur ces questions et il n’a pas pris de mesures comme ce fut le cas au moment de la crise énergétique. Dans d’autres pays, comme la France ou la Grèce, il y a par exemple eu la mise en place d’un panier anti-inflation. Chez nous, le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne a tardivement demandé des engagements à la Fevia et mandaté l’Observatoire des prix pour analyser d’éventuelles anomalies de marché. C’est utile mais cela intervient très tardivement”.
Testachats ajoute que le gouvernement aurait pu faire preuve de plus de zèle auprès de l’Inspection économique dans le contrôle des actions promotionnelles des distributeurs et s’étonne qu’il considère comme légal la pratique du shrinkflation qui consiste pour les marques à maintenir leurs prix mais en rognant sur les quantités vendues.
La perception des distributeurs
“Malgré le fait que les prix des matières diminuent depuis plus d’un an, les prix dans les supermarchés continuent d’augmenter. Ceux de certains produits grimpent encore, même si c’est moins vite qu’avant. L’inflation recule mais reste élevée”, souligne-t-on encore chez Testachats qui a interpellé l’Autorité belge de la Concurrence sur certaines pratiques.
Et, malgré l’engagement de certains distributeurs de jouer la carte des prix en cette rentrée – on l’a encore vu récemment avec Delhaize et sa campagne des “P’tits Lions” –, la problématique de l’envolée des prix alimentaires restera d’actualité sans doute pour un bon moment encore. Une réalité qui affecte négativement l’image et la perception des enseignes auprès des consommateurs. C’est ce qui ressort de la dernière enquête estivale de l’institut Gfk, rapportée par la revue spécialisée Gondola. Deux fois par an, Gfk sonde 6 000 ménages belges sur la manière dont ils perçoivent les distributeurs selon trois critères : les avantages (promotions…), l’apparence (propreté, qualité des produits,…) et l’amabilité du personnel. Et le constat du dernier rapport sorti cet été est sans appel : la cote d’amour des Belges envers les distributeurs, au sommet pendant la crise du Covid, marque de plus en plus le pas…