Le BCE augmente ses taux : quel impact sur votre emprunt immobilier ? Et pour votre épargne ?
En augmentant son taux de dépôt à un niveau “historique”, la Banque centrale européenne va indéniablement influencer les taux sur les prêts immobiliers, mais aussi sur l’épargne. À quel point ? Éléments de réponse avec l’économiste Eric Dor.
- Publié le 15-09-2023 à 15h09
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Augmentera ? Augmentera pas ? Ce jeudi, au bout du suspens, la BCE a décidé de relever ses taux (dont le taux de dépôt, à son plus haut niveau depuis 1999). Une décision justifiée par le fait que “si l’inflation continue de ralentir, elle devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période”.

Un verdict apprécié par les pays partisans de cette hausse, surnommé les “faucons”, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche ou encore la Belgique. Ceux-ci estimaient que l’inflation était encore bien trop élevée malgré la baisse du prix de l’énergie, et qu’une augmentation serait bénéfique pour l’économie européenne.
De l’autre côté, les “colombes” (la plupart des pays latins) étaient plutôt en faveur du statu quo, s’appuyant sur le fait que tous les indicateurs économiques montrent que l’économie européenne se dégrade et qu’une période de récession serait possible.
"C’est sans doute de nature à augmenter encore un peu les taux hypothécaire"
Selon l’économiste Eric Dor, cette décision d’augmentation n’est pas uniquement en faveur des “colombes” mais plutôt le résultat d’un compromis entre les deux parties. “On appelle ça une augmentation de colombes. Dans la mesure où ils augmentent mais en même temps, la BCE nous dit que c’est sans doute le plafond maintenant et qu’on va rester comme ça longtemps afin de voir ce que cela donne. C’est donc une augmentation gentille puisqu’elle ne provoque pas de gros resserrements des conditions financières.”
Du changement pour les prêts et les taux d’épargne ?
Maintenant que l’annonce a été faite, la question est dès lors de savoir quel impact elle aura sur le quotidien des Belges. Notamment sur les crédits hypothécaires. À ce jour, les taux de ceux-ci varient entre 3,1 et 3,6 %. Un pourcentage en presque constante augmentation depuis quelques années, qui risquent de continuer encore d’augmenter Eric Dor. “C’est sans doute de nature à augmenter encore un peu les taux hypothécaires et donc les mensualités des gens qui empruntent pour un même montant emprunté”, indique l’économiste, qui se veut malgré tout rassurant. “Ce ne sera pas trop le cas si les taux longs n’augmentent pas. Les taux des prêts immobiliers ont fort l’habitude d’être un peu indexés sur les taux longs, prenant en compte notamment la prime de risques. Et en général, pour acheter un bien immobilier, les gens choisissent un taux long. L’augmentation était donc en quelque sorte déjà anticipée.” Une tendance qui pourrait donc être négative pour les emprunteurs, mais sans exagération selon les dires d’Eric Dor.
"Avec cette nouvelle augmentation, ça va rapporter encore plus aux banques"
Du côté des comptes épargne, l’avenir est plus incertain. Nul ne sait comment le secteur bancaire va réagir à cette nouvelle. Mais l’économiste se veut optimiste, prenant en compte que le bon d’État n’a eu qu’un impact minime sur les taux d’intérêts proposés par les banques. “Ils pourraient augmenter. La hausse de la BCE améliore encore enfin les conditions qui pourraient décider les banques à être enfin un peu plus généreuse sur les comptes d’épargne. Mais même la fuite de plus de 20 milliards d’euros du bon d’État (l’argent détenu sur les comptes épargne des citoyens ayant été redirigé vers le bon d’État, NdlR) n’a pas réussi à persuader les banques d’augmenter fortement leur taux d’épargne. Par contre, c’est vrai qu’avec cette nouvelle augmentation, ça va rapporter aux banques encore plus puisqu’elles ont énormément de liquidités.”
Du positif pour les banques donc. Aussi pour les épargnants ? “On peut qu’espérer que ça contribue à rendre les banques progressivement plus exposées à augmenter les taux. Mais là, il faut attendre pour voir”, conclut-il.