Peut-on espérer des ventes à perte et donc des prix intéressants à la pompe, comme en France ?
La décision du gouvernement français d’autoriser les ventes à perte fait réagir.
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- Publié le 18-09-2023 à 19h27
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La décision a de quoi surprendre : le gouvernement français, par la voix de la Première ministre Elisabeth Borne puis du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, a décidé d’autoriser la vente à perte du carburant à la pompe, alors que cette pratique est interdite depuis les années 1960.
Vendre à perte, c’est-à-dire autoriser qu’à certains moments, les revendeurs s’autorisent à vendre en dessous de ce que cela leur coûte. Quel intérêt ? Attirer le chaland – comme lors de soldes ultra-compétitives – voire, pour certains, étouffer la concurrence avant de remonter les prix et tout empocher.
Et l’État a donc surpris en décidant de permettre cela, et ce à partir du mois de décembre. Le but affiché ? Freiner l’inflation, alors que le pouvoir d’achat des Français est mis à l’épreuve. Rappelons que le salaire moyen est plus faible qu’en Belgique mais le prix des carburants est similaire, voire plus élevé. La crise des Gilets jaunes n’est d’ailleurs pas si loin.
Avantage pour les gros distributeurs
”On a deux marchés différents. En France, chacun est libre de faire ce qu’il veut. C’est pour cela que les supermarchés proposent des prix inférieurs que les distributeurs de carburants spécialisés dans cette activité. Les supermarchés en font un produit d’appel”, indique Olivier Neirynck, porte-parole de la Fédération belge des négociants en combustibles, en guise d’introduction.
”En Belgique, nous avons évidemment aussi l’interdiction de vendre à perte. Même s’il faut noter que pour les acteurs qui sont actifs dans le raffinage, le stockage et la distribution, c’est compliqué de savoir s’ils vendent à perte ou non à la pompe et qu’ils se rattrapent ou non sur une autre étape. Mais c’est difficile à contrôler”, précise-t-il.
Quoi qu’il en soit, pour lui, c’est un scénario inenvisageable en Belgique. En particulier pour les petits distributeurs, qui seraient probablement les premiers à souffrir de ce type d’action.
"Cette baisse peut être vue comme un aveu de faiblesse de la part de l'Etat français. C'est qu'ils n'arrivent pas à faire baisser les prix."
Il est effectivement aisé d’imaginer TotalEnergies ou un autre groupe de cette envergure baisser les prix fortement, sur une période limitée, et de laisser certains acteurs être pris à la gorge et perdre leurs parts de marché. Une stratégie payante uniquement pour les groupes aux reins les plus solides.
”Cette baisse peut être vue comme un aveu de faiblesse de la part de l’État français. C’est qu’ils n’arrivent pas à faire baisser les prix”, ajoute-t-il, critique. “Et ce sont les caisses de l’État qui risquent de se vider également, car si les prix baissent et les accises également, ce sera le premier perdant”, lance-t-il.
”En Belgique, il n’y a rien de ce genre dans le pipeline en tout cas”, ajoute-t-il.
Des problèmes énergétiques à attendre ?
Au-delà du coût pour l’État de ce genre d’initiative, Olivier Neirynck rappelle que la question énergétique reste au cœur des préoccupations pour l’avenir proche et plus lointain. “On est à flux tendus. Les tensions géopolitiques sont toujours fortes. La guerre en Ukraine n’est pas finie et les alternatives en approvisionnement de gaz sont plus chères. Il y a une pression des prix à la hausse”, alerte-t-il, alors que, selon lui, les consommateurs et représentants politiques ont tendance à oublier cela. La mémoire trop courte, peut-être.