"Tout est cher partout à Bruxelles"
Ce qui ne veut pas dire que le fossé entre le sud-est et le nord-ouest n’existe plus...
Publié le 14-04-2016 à 17h58 - Mis à jour le 14-04-2016 à 18h05
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Le marché immobilier bruxellois vu par la lorgnette des géomètres-experts immobiliers est généralement un peu différent de celui décrit par les notaires ou les agents immobiliers. C’est qu’ils se basent non sur des milliers de prix mais sur quelques centaines de visites personnalisées de biens.
1. Le qualitatif avant le quantitatif. Les biens - unifamiliales, appartements et maisons de rapport - sont analysés en fonction de leur surface, leurs équipements, leur état et gratifiés d’un certain nombre de points. Ils sont dès lors comparables.
2. Prix stables. Les grandes tendances relevées par les géomètres sont assez similaires à celles des autres observateurs du marché, avec notamment, une stagnation relative des prix depuis 2010-2011, voire depuis 2007-2008. Et ce, même si les courbes ne sont pas aussi plates que dans les années 80 ou dans les années 90. "Tantôt les prix sont inférieurs à ceux de l’année précédente, tantôt ils sont supérieurs, mais, hormis un pic entre 2011 et 2013, ils oscillent tous dans une fourchette de 10 à 15 %." Sur 10 ans, cela ne fait donc que des soubresauts moyens d’1 à 1,5 %/an. "C’est sans doute la baisse du crédit-logement qui sauve le marché, ajoute l’expert. Sans cela, les prix - qui ont augmenté de manière excessive avant 2007, NdlR - auraient baissé".
3. Tout est cher à Bruxelles. La toute grande majorité des biens bruxellois évoluent dans une fourchette de coefficients de 500 à 1 000. Traduction : entre une bonne et une mauvaise situation, le prix ne passe plus que du simple au double, pas au triple ou au quadruple. "L’écart n’est pas énorme. Cela veut dire que tout est cher partout à Bruxelles, qu’il n’y a quasiment plus de mauvaises situations", explique Eric De Keghel, rapporteur de la Commission du marché immobilier de l’Union des géomètres-experts de Bruxelles. Ce qui ne veut pas dire que les disparités entre le nord-ouest et le sud-est de la Région sont à mettre au rencart. Mais bien qu’un logement en bon état dans une commune "pauvre" ne sera pas bradé, pas plus qu’un bien en mauvais état dans une commune "riche". Les biens les plus recherchés sont et restent les unifamiliales moyennes "avec jardin et… garage, ajoute l’expert. Les petites maisons se vendent également assez cher. Par contre, les villas énergivores sont délaissées, sauf par des promoteurs qui les achètent pour leur terrain". Du côté des appartements, les 2-chambres ont toujours la cote.
4. Ventes publiques moins… présentables. Si les biens vendus de gré à gré atteignent des prix plus élevés que ceux vendus en vente publique, c’est avant tout parce que ces derniers sont en moins bon état ou non conformes aux réglementations, voire moins bien localisés. "C’est d’autant plus marquant pour les maisons de rapport, précise Eric De Keghel, dont la moitié au moins est en infraction urbanistique. L’an dernier, leur prix était plus bas qu’en 2006".
5. Le triomphe des garages. Ce sont eux qui stimulent les candidats acquéreurs. Surtout dans le Pentagone où leur prix peut friser les 50 000 euros, alors que l’appartement auquel ils sont associés est vendu… quasiment au rabais. Une manière comme une autre, pour le vendeur, de se rattraper.
Les prix surfaits d’Ixelles
Riches Français. Au tournant du siècle, comme tout au long des années 2000, il y avait, sur le podium des communes les plus chères, une sorte de tournante entre Ixelles, Uccle et les deux Woluwe. Parfois même, s’y bousculaient aussi Watermael-Boitsfort ou Auderghem. Depuis quelques années, selon les géomètres experts immobiliers, les beaux quartiers d’Ixelles (place Brugmann, place du Châtelain, avenue Molière, les abords des étangs, etc.) squattent la première place. Davantage encore en 2015."Même si Woluwe-Saint-Pierre et Uccle restent chères, les beaux quartiers d’Ixelles les dépassent, confirme Eric De Keghel. C’est surtout vrai pour les maisons d’habitation, mais également pour les appartements." En cause ? L’amour passionnel que leur portent les Français. "La constatation vaut pour tous les marchés immobiliers : ce qui rend un quartier surfait, ce sont les étrangers." Fin des années 80, début des années 2000, les Suédois ont aussi payé leurs briques bruxelloises trop chères. Idem pour les Irlandais, dans les années 2000. "Et ce, même s’ils ne viennent pas avec les prix parisiens en tête…"