La coopérative NewB peine à obtenir le statut de banque: quel est son plan pour sortir du rouge ?
- Publié le 16-08-2017 à 17h06
- Mis à jour le 16-08-2017 à 17h09
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/NBFSTIM7HFDPREK4VFY5N3LSOI.jpg)
La coopérative financière éthique prépare le lancement d’une série de produits d’assurance. L’année 2018 sera cruciale... A priori, c’est un chiffre qui pourrait décourager les dizaines de milliers de coopérateurs de NewB. En 2016, la coopérative qui a pour objectif de mettre sur pied une banque éthique, transparente et participative, a affiché une perte nette de 1,6 million d’euros, ce qui porte ses pertes cumulées, depuis sa création, à 5,155 millions d’euros. De quoi se demander si ce modèle peut, un jour, devenir rentable. D’autant que l’octroi de la licence bancaire n’est pas pour demain. Malgré ce parcours d’obstacles, les dirigeants de NewB continuent à y croire et annoncent pour les mois à venir des initiatives importantes. "Nous sommes en phase de plein développement. L’assemblée a donné mandat à la coopérative de lancer une série de produits", nous a expliqué le président Bernard Bayot.
Essayons de voir clair dans ce plan d’attaque pour sortir du rouge et se faire une place un peu à part dans le monde belge de la finance.
1 Le lancement de la carte bancaire prépayée
Défendre une finance éthique, c’est bien mais il faut venir avec des projets concrets. Un fait majeur en 2016 a donc été le lancement en avril de la carte bancaire prépayée. Il s’agit d’une Mastercard qui, contrairement aux cartes de crédit classiques, ne permet pas d’aller en négatif (puisqu’elle est prépayée). "Car nous savons que la carte de crédit est un des principaux vecteurs du surendettement contre lequel nous nous battons", nous explique Bernard Bayot. Ce premier produit est utilisé par environ 5 000 coopérateurs. La carte est gratuite à condition d’en faire usage au moins une fois par mois. A chaque utilisation de la carte, 5 centimes sont versés à l’association choisie par le coopérateur. C’est Rabobank qui est la banque dépositaire. "Elle fait partie des 15 banques les plus sûres au monde", estime Bernard Bayot.
2 L’obtention de la licence bancaire actuellement en attente
Un des obstacles majeurs que NewB doit encore franchir consiste à obtenir la licence bancaire. Ce qui pourrait prendre des années. On sent que la coopérative fait un maximum pour répondre aux exigences de la Banque nationale, jusqu’ici peu réceptive à ses demandes. Elle a franchi un grand pas avec l’entrée dans le capital de Monceau Assurances, un groupe mutualiste français, à concurrence de 10 millions d’euros. C’est le premier institutionnel à renforcer le capital. Idéalement, il faudrait d’autres partenaires financiers. La coopérative a aussi engagé l’ancien CFO de Crelan, Tom Olinger, pour former une direction bicéphale avec Dirk Coeckelbergh, qui venait lui aussi de Crelan. "Tout cela se fait en concertation avec l’autorité bancaire", souligne Bernard Bayot.
Et la coopérative n’hésite pas à mettre les moyens puisque les deux membres du comité de direction représentent un coût salarial annuel de 165 000 euros. On est évidemment très loin des salaires de Max Jadot (BNP Paribas Fortis) ou Johan Thijs (KBC) qui gagnent plus d’un million par an. Mais c’est quand même une somme considérable pour une coopérative de cette taille, qui emploie une quinzaine de personnes. "Le projet bancaire est plus que jamais à l’étude", fait valoir Bernard Bayot.
3 Se développer comme intermédiaire en assurance
NewB veut aussi développer les activités d’assurance en ayant le statut d’intermédiaire. Raison pour laquelle elle a opéré une modification statutaire en juin dernier. Et elle est actuellement en discussion avec la FSMA (l’autorité des services et des marchés financiers) pour obtenir le statut d’intermédiaire en assurance. Elle a remis un cahier des charges à Monceau en vue de développer un certain nombre de produits, qui répondent à ses critères. "Il y aura une dizaine de produits vie et non vie, qui seront tout à fait spécifiques à NewB", précise Bernard Bayot. L’idée serait notamment d’éviter certaines "dérives" liées à la segmentation des clients en assurance. Exemple : les primes RC auto plus élevées pour les jeunes conducteurs. Les produits d’assurance-vie se limiteront aussi à des investissements éthiques et durables, conformément aux obkectifs de NewB. "Nous sommes en train de renforcer les équipes pour être prêts à commercialiser les produits en 2018", poursuit le président.
4 Des précisions concernant les objectifs financiers ?
Bernard Bayot tient à relativiser la perte en 2016 qui "est inférieure à ce qu’on avait prévu dans le budget". D’après lui, la coopérative ne sera en bénéfice que d’ici quelques années. Comme toute start-up qui se respecte, les premiers pas sont délicats et pour le moment, l’argent ne rentre pas dans les caisses. L’année 2018 s’annonce donc cruciale; elle sera celle du développement de nouveaux produits.
Quel bilan pour la coopérative après six ans d’existence ?
Les premiers pas de NewB remontent au 6 mai 2011 quand 24 organisations se sont mises ensemble pour lancer ce projet de banque éthique et durable. Un peu moins de deux années après, la campagne de souscription publique était lancée, avec un certain succès grâce notamment aux secousses liées à la crise bancaire de 2008. En moins de 100 jours, en effet, des dizaines de milliers de nouveaux coopérateurs avaient acheté des parts. Le 6 juillet 2013, c’était la grand-messe au Heysel pour soutenir, dans une ambiance enthousiaste, ce projet. Fin 2014, il fallait toutefois déchanter vu la difficulté à obtenir une licence bancaire. Mais les coopérateurs n’ont pas baissé les bras. A défaut de devenir une banque, ils ont soutenu le développement et le lancement de produits durables et éthiques. Première réalisation en avril 2016, avec la carte bancaire prépayée.
A fin 2016, NewB affiche une perte cumulée de 5,155 millions d’euros. Les fonds propres s’élèvent à 10 millions. Le capital injecté en 2016 par le groupe mutualiste français Monceau Assurances est de 10 millions.
La part du capital qui est aux mains des particuliers (un peu plus de 50 000) s’élève à environ 4,5 millions pour 500 000 euros pour les organisations sociales.