Crucke envoie une facture de 50 millions d’euros aux consommateurs wallons d’électricité
Il s’oppose à l’introduction de la redevance photovoltaïque prévue pour 2020.
- Publié le 23-01-2019 à 16h47
- Mis à jour le 01-04-2019 à 15h52
Il s’oppose à l’introduction de la redevance photovoltaïque prévue pour 2020.
Nouveau rebondissement dans l’éternel dossier photovoltaïque wallon. Selon L’Echo , Jean-Luc Crucke (MR), le ministre wallon de l’Énergie, s’oppose à l’introduction de la redevance photovoltaïque, prévue pour 2020.
Pour rappel, cette redevance (ou tarif prosumer ) vise à faire payer les propriétaires wallons de panneaux photovoltaïques pour l’utilisation du réseau d’électricité. Aujourd’hui, un ménage dont les besoins en électricité sont couverts par sa production photovoltaïque ne paie quasiment pas de frais de réseau. Or, ces ménages utilisent aussi le réseau, soit pour prélever de l’électricité en soirée, soit pour en injecter en journée.
L’introduction de ce tarif prosumer était censée faire baisser les tarifs de distribution d’électricité en 2020, au bénéfice de l’ensemble des consommateurs wallons d’électricité. Au total, environ 50 millions d’euros devaient être prélevés annuellement via le tarif prosumer . Chez Resa, par exemple, les tarifs de distribution devaient baisser de 6,3 % en 2020. L’opposition de Jean-Luc Crucke au tarif prosumer pourrait donc remettre en question cette baisse de la facture.
Contacté, le cabinet Crucke répond qu’il ne serait pas normal de remettre en cause le principe du compteur qui tourne à l’envers de façon rétroactive. “On ne veut pas, de nouveau, revenir sur un acquis de personnes qui ont fait un investissement en faveur de la transition énergétique” , explique Stéphanie Wyard, porte-parole. “Nous voulons donc modifier le décret tarifaire pour interdire cette rétroactivité” .
Selon l’avant-projet de décret qui devrait être approuvé, ce jeudi, par la coalition MR-CDH, les personnes ayant placé leurs panneaux avant le 1er juillet 2019 échapperont au tarif prosumer .
Cette décision ressemble furieusement à un geste de pacification vis-à-vis de “Touche pas à mes certificats verts”, l’ASBL qui défend les propriétaires de panneaux photovoltaïques.
Pour rappel, TPCV avait échoué à obtenir le retour à quinze ans de certificats verts (cv) pour les personnes ayant placé des panneaux avant le 30 novembre 2011.
Face à ce blocage, Regis François, le président de TPCV, avait menacé de lancer une campagne de communication très virulente à l’encontre des partis qui s’opposent au retour à quinze ans de cv. Une campagne aux effets potentiellement désastreux à quelques mois des élections…
Par ailleurs, cette décision de Jean-Luc Crucke ne veut pas dire avec certitude que les prosumers ayant installé leurs panneaux avant le 1er juillet 2019 ne passeront pas à la caisse. En effet, la Cwape, le régulateur wallon, qui est à la base du tarif prosumer , pourrait attaquer le décret de Jean-Luc Crucke.
“Nous avons une compétence exclusive dans le domaine de la tarification ”, nous explique Stéphane Renier, le président de la Cwape. “Nous allons examiner s’il n’y a pas empiétement de nos compétences” .
Le patron d'Electrabel risque d'être révolté
Hasard du calendrier, Philippe Van Troeye, le patron d'Electrabel, avait vivement critiqué, ce lundi, le principe du compteur qui tourne à l'envers. «Il faut supprimer le compteur qui tourne à l'envers, c'est beaucoup trop favorable pour celui qui a mis des panneaux solaires , a-t-il déclaré lors d'une conférence. Il y a des gens qui ne peuvent pas mettre des panneaux et aujourd'hui ce sont ces gens qui paient une partie du compteur qui tourne à l'envers. C'est mon côté syndical, ça me révolte, le politique doit arrêter ça, ce n'est pas possible" .
Du côté de l'opposition, le PS estime que Jean-Luc Crucke ne respecte pas l'indépendance de la Cwape. "Il s'agit d'un beau cadeau électoral aux 150.000 propriétaires de panneaux".