"On a quelques pépites en Belgique, le potentiel de hausse de certaines d'entre elles reste important"
Pour Philippe Gijsels, stratégiste en chef de BNP Paribas Fortis, le rally actuel des marchés pourrait bientôt prendre fin. Ce qui ne signifie pas que quelques belles histoires puissent encore surprendre en Belgique.
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- Publié le 18-02-2019 à 16h08
- Mis à jour le 18-02-2019 à 18h13
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Pour Philippe Gijsels, stratégiste en chef de BNP Paribas Fortis, le rally actuel des marchés pourrait bientôt prendre fin. Ce qui ne signifie pas que quelques belles histoires puissent encore surprendre en Belgique.
Le BEL 20 en hausse de près de 12 % depuis le début de l'année, c'est une surprise à laquelle on ne s'attendait pas il y a quelques semaines encore ?
Non, je ne suis pas tellement surpris en fait. En novembre, on pensait vraiment qu'un rally de fin d'année était encore possible. Les chiffres de la conjoncture n'étaient pas si défavorables que cela, et les résultats du quatrième trimestre, certes moins bons que ceux du troisième (qui étaient excellents), n'étaient pas mauvais non plus. On aurait donc pu s'attendre à un sursaut des marchés, qui étaient matraqués depuis quelques mois, mais cela n'a pas été le cas…
Pourquoi ?
Parce que les risques géopolitiques étaient vraiment pesants. On peut penser aux conséquences néfastes du Brexit, aux effets de plus en plus en plus tangibles de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et au shutdown… Plus important encore, et c'est souvent oublié, il faut aussi se rappeler que les politiques monétaires des banques centrales, surtout aux Etats-Unis, étaient toujours dans une phase de durcissement. On parlait toujours de hausses de taux d'intérêt et des réductions de bilans, ce qui voulait dire que la Fed (banque centrale américaine, NDLR), par exemple, allait moins acheter d'actifs… La politique monétaire non conventionnelle était donc aussi dans le viseur des marchés, lesquels craignaient donc cette fermeture progressive du robinet à liquidités.
Tout cela a pesé sur les marchés jusqu'au début du mois de janvier, et puis, surprise, la hausse.
Oui, c'est cela. Je ne sais pas ce que le président de la Fed a mangé à Noël, mais manifestement, c'est à partir de ce moment-là que ses propos ont été du goût des marchés. Il a clairement laissé entendre que si le ralentissement économique qui se faisait sentir aux Etats-Unis se poursuivait, le rythme de relèvement des taux d'intérêt pourrait ralentir. Jusque-là, la Fed prévoyait encore deux hausses de taux, mais cela pourrait ne plus être le cas. Cela a d'autant plus été le cas que la Fed a également annoncé qu'elle ne réduit pas comme attendu son bilan. Et puis, ce qui marque depuis le début de l'année, ce sont les messages rassurants du président américain Donald Trump sur les négociations commerciales avec les Chinois, dont il ne cesse de dire qu'elles se passent bien. On s'attend donc à ce qu'un accord puisse être conclu, même si c'est au-delà de la date butoir du 1er mars.
Cela dit, l'ampleur de la hausse étonne, non ? Tous les indices européens et américains au-delà d'une hausse de 10 % depuis le début de l'année, cela veut dire que c'est la fin du rally ?
Oui, on doit sans doute être proche de la fin du rally, parce que l'environnement conjoncturel, aux Etats-Unis comme en Europe, se dégrade. On le voit aussi dans les perspectives de résultat de bénéfice par action des entreprises, qui sont nettement moins bonnes qu'en 2018. Tout cela devrait donc conduire in fine à mettre fin au rally, mais sans doute nombre d'entre eux attendent-ils la conclusion de l'accord entre la Chine et les Etats-Unis, qui pourrait c'est bien donner un dernier coup de pouce aux marchés.
Pour vous, la fête est presque finie, donc ? Y compris pour le Bel 20?
L'indice-phare de la place bruxelloise est très corrélé aux autres indicateurs européens, particulièrement le CAC 40. Ce qui sortira du lot dépendra d'histoires individuelles, mais dans les 12 prochains mois, il ne faut plus s'attendre à des grosses performances de la part des indices en moyenne. Le Bel 20 devrait selon nous se situer en fin d'année à un niveau un peu plus élevé qu'aujourd'hui, entre 3600 et 3700 points. Les valeurs financières ont été matraquées, en grande partie à raison puisque les taux d'intérêt ne devraient pas remonter de sitôt. Les valeurs cycliques, liées à la conjoncture, pourraient surperformer au deuxième semestre, parce qu'il est possible qu'on assiste aux premières bonnes nouvelles sur le front des perspectives de résultats à ce moment-là, après un premier semestre peu favorable. Les valeurs défensives, en revanche, du genre Nestlé ou Unilever, sont déjà très chères aujourd'hui. Leur potentiel est éteint selon moi...
Quelles valeurs belges pourraient surprendre dans le bon sens ces prochains mois ?
Oui, on a quelques pépites en Belgique, comme on dit, et de notre côté on pense que le potentiel de hausse de cours de certaines d'entre elles reste important, comme la holding financière KBC Ancora (+40%), l'entreprise de fret Euronav (+48%), l'entreprise d'imagerie Afga-Gevaert (+30%), l'entreprise technologique EVS (+32%) et l'entreprise informatique Econocom (+44 %).
