Trump et les marchés veulent des taux bas! Que fera la Fed?
Les marchés financiers ont adopté mardi une position d’attente à la veille d’une probable baisse des taux d’intérêt directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed).
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5347a177-ca2b-4917-954b-a2a26078a3be.png)
Publié le 30-07-2019 à 16h40 - Mis à jour le 31-07-2019 à 18h35
:focal(2495x1255:2505x1245)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Q7PCFLB4BJHKNPRGXUH5CAMMWA.jpg)
Les marchés financiers ont adopté mardi une position d’attente à la veille d’une probable baisse des taux d’intérêt directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed).
À en croire le panel d’économistes interrogés par l’agence financière Bloomberg, il ne fait aucun doute que la Fed va passer à l’acte. Mais l’état de santé de l’économie américaine justifie-t-il une telle mesure ? Pour Bruno du Bus, Professeur invité à l’Ichec, rien ne montre un ralentissement inquiétant de l’économie américaine, mais il faut tenir compte d’une série d’éléments que le patron de la Fed, Jerome Powell, doit intégrer avec un minimum de doigté.
1 La pression politique du président Trump
Pour Bruno du Bus, "il est essentiel de revenir au principe d’indépendance de la banque centrale américaine. Pour réduire les taux directeurs tout en faisant preuve d’indépendance, la Fed devra justifier son action par l’évolution inquiétante de fondamentaux. Et si elle baisse ses taux, elle contribuera comme il le souhaite, à renforcer le bilan économique du président Trump, en donnant le sentiment qu’elle cède aux pressions politiques". Depuis des mois en effet, Donald Trump matraque son message à l’encontre de la politique monétaire soutenue par le président de la Réserve fédérale… qu’il a lui-même mis en place. Mais ce dernier n’est pas seul à la manœuvre.
2 Les fondamentaux économiques
Le chômage recule, l’inflation est stable, et la croissance ne faiblit pas aux États-Unis. Rien ne justifie dès lors une baisse des taux. Pour Bruno du Bus, "la Fed pourrait justifier son action par la perspective d’un ralentissement lié à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Mais si dans les semaines qui viennent, les négociateurs devaient parvenir à un accord, cela remettrait ce scénario pessimiste en question. Et, en l’occurrence, les fondamentaux économiques américains n’inspirent pas d’inquiétude actuellement".

3 Les attentes des marchés financiers
La Fed doit aussi prendre en compte les estimations des observateurs et des gestionnaires financiers. "En effet, à en croire le consensus mesuré par Bloomberg, 80 % des analystes tablent sur une réduction de 25 points de base de la fourchette de taux de référence de la Fed qui passerait de 2,25/2,50 % à 2,00/2,25 %. Et les 20 % restants espèrent une baisse de 50 points de base qui ferait passer la fourchette de taux à 1,75/2,00 %. Ce qui signifie dans tous les cas que le marché est à 100 % d’accord sur une baisse des taux ce mercredi. Ce qui signifie que, si la Fed ne bouge pas ses taux, elle décevra les marchés, avec un impact probable sur les valorisations".
4 Le risque d’un message pessimiste
Si la Fed passe à l’acte, elle devrait déclencher un nouvel accès d’optimisme des marchés tout en donnant une image négative de la dynamique économique américaine. "La Fed doit évidemment marcher sur des œufs pour valider sa politique monétaire. Pour éviter de véhiculer un message trop pessimiste, elle pourrait baisser ses taux en présentant cette option comme une mesure préventive, sachant qu’une baisse des taux ne fait sentir ses effets dans l’économie qu’un ou deux trimestres plus tard".
5. La possibilité d’un message alternatif
Et, si Jerome Powell se contentait d’évoquer de possibles actions, comme vient de le faire son homologue de la BCE, Mario Draghi ? "Cela risquerait de créer une déception dans le chef des gestionnaires, puisque Jerome Powell a déjà sorti cette carte lors de la précédente réunion du Comité monétaire de la Fed".