Revue boursière: les marchés financiers victimes de la stratégie de Trump
Le président américain ranime une fois de plus la guerre commerciale.
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Publié le 02-08-2019 à 17h56 - Mis à jour le 05-08-2019 à 10h54
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Le président américain ranime une fois de plus la guerre commerciale.
Fin de semaine chaotique sur les marchés financiers, tant sur les changes que sur l’obligataire et en Bourse où les grands indices affichaient vendredi des reculs dépassant les 3 %. En cause, un nouveau coup de force initié par Donald Trump, consistant en l’annonce d’une nouvelle volée de taxes à l’importation sur les produits chinois. Le milieu de semaine avait pourtant été marqué par la baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed), mise elle aussi sous pression par le président américain.
On notera que cette omniprésence de Trump s’inscrit avec beaucoup de logique et de cynisme dans sa stratégie électorale. En temps voulu, il lui sera aisé de détendre les relations avec la Chine et ses autres partenaires commerciaux, tout en bénéficiant d’un contexte de taux bas - la Fed pourrait baisser à nouveau ses taux lors de la prochaine réunion de son comité monétaire. Ce faisant, il pourra sortir un excellent bilan économique et se l’attribuer, au terme de la législature.
Une action inutile ?
Les observateurs ont noté que les responsables de la Fed ont dû soigner leur communication pour éviter de donner l’impression d’une perte d’indépendance. Ces mêmes observateurs ont fait remarquer que c’est la première fois que la Fed réduit ses taux directeurs en vue de contrecarrer des incertitudes. D’autant qu’elles sont liées à la stratégie commerciale de la Maison-Blanche.
Par ailleurs, il faut retenir que le chômage est à 3,70 %, que les créations d’emplois ont été robustes en juillet, que la croissance annuelle est à 2,30 % et que, n’en déplaise à la Fed qui indique que l’inflation est inférieure à 2 %, elle est à 2,10 %. Rien dans les chiffres ne donne une raison logique à la décision annoncée cette semaine.
Enfin, si le marché a salué initialement la baisse des taux, certains s’interrogent sur le gonflement de la bulle dans le secteur immobilier. Secteur qui était à l’origine de la crise de 2008. Du côté obligataire, la fuite vers la sécurité a renforcé le mouvement des taux en territoire négatif, le total de l’encours à rendement négatif atteignant selon Bloomberg le montant affolant de 14 000 milliards de dollars. Et l’on sait que toutes les bulles financières finissent un jour ou l’autre par se dégonfler.
On souffle le chaud et le froid
Si la Fed a comblé les attentes du marché en donnant de l’air aux actifs risqués, certains secteurs ont payé en partie la note de ce coup d’arrêt à la normalisation de la politique monétaire américaine. À commencer par les banques qui voient s’éloigner la perspective d’une remontée des marges d’intérêt. ING a une nouvelle fois dégringolé après avoir publié des résultats décevants, suivi chez nous par KBC. À Paris, pourtant les grands noms du secteur s’étaient distingués plus tôt dans la semaine par des rebonds marqués suivant la publication de résultats trimestriels satisfaisants. À Bruxelles, les entreprises cotées qui ont publié leurs résultats ont aussi connu un rebond passager balayé vendredi par la tendance des marchés, à l’image d’Umicore, de Solvay ou même Ontex.
Effets secondaires
Par ailleurs, les opérateurs ont plus généralement été secoués par l’annonce des nouvelles taxes américaines qui a généré une vague d’inquiétude et un retournement de tendance brutal vendredi. Et, au niveau international, le secteur le plus déprimé a certainement été celui des matières premières, pétrole compris, en raison des craintes sur la croissance mondiale. Clairement, Trump réunit, à coups de tweets brutaux, les conditions psychologiques et techniques pour une prochaine baisse des taux de la Fed, à la mi-septembre.