Revue boursière: les investisseurs délaissent même les valeurs défensives
Nouveau coup de force de Trump, réponse chinoise et chaos.
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Publié le 10-08-2019 à 14h31 - Mis à jour le 10-08-2019 à 14h32
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Nouveau coup de force de Trump, réponse chinoise et chaos. Analyse.Qu’on ne s’y trompe pas : le timide redressement des marchés d’actions suite au gros coup de froid de lundi n’a pas permis d’effacer les pertes encaissées, durant ces dernières séances. La tendance boursière à moyen terme reste négative depuis la mi-juillet, même si le niveau des taux d’intérêt conduit mécaniquement les capitaux vers les pans les plus risqués des marchés financiers. Mais pour l’heure, les investisseurs les plus prudents hésitent à conserver une part trop importante en actions. C’est que l’environnement financier est troublé par trop de facteurs exogènes, limitant la visibilité sur les perspectives économiques. On évoque même le principe d’une récession à l’échelle mondiale. Le fait même d’en parler crée potentiellement les conditions d’un large ralentissement économique.
Cette perte de confiance est en partie organisée par le président américain lui-même, qui met la pression sur la Réserve fédérale américaine en vue de la forcer à adapter à la baisse une nouvelle fois ses taux directeurs. L’annonce brutale par Donald Trump cette semaine d’une nouvelle volée de taxes sur les importations chinoises fait évidemment partie de sa stratégie. Mais cette fois, la Chine a montré les premiers signes d’exaspération face à l’attitude brutale de Trump alors que des négociations sont en cours sur le dossier commercial. En laissant filer le yuan face au dollar, la Chine a en effet donné un coup de pouce à ses exportations, les rendant plus attractives, mais elle a aussi suscité des effets de bord indésirables, comme la baisse des taux d’intérêt annoncée de concert par l’Inde, la Nouvelle-Zélande et la Thaïlande. Après la guerre commerciale, voici venue la guerre des devises.
Brexit, instabilité italienne
Pour l’investisseur, le segment des valeurs défensives reste la seule issue en Bourse. Le niveau des taux d’intérêt pèse très lourd sur la santé du secteur bancaire qui ne se prive pas, d’ailleurs, de le faire savoir. Chez nous, le patron du groupe bancaire flamand KBC a emboîté le pas à celui d’ING Belgique qui réclame la fin du taux minimal sur les comptes d’épargne. On notera au passage que les titres des deux banques se sont inscrits dans la tendance négative qui affecte le secteur en Europe, l’action ING perdant encore près de 10 % sur la semaine, et celui de KBC près de 7 %. ING est même lanterne rouge de l’indice Eurostoxx 50, avec les autres banques, et les valeurs du secteur automobile. Et ce n’est pas la situation en Italie qui arrangera le cas des institutions financières : la fin de la coalition gouvernementale en Italie et l’exigence d’élections anticipées par le leader de l’extrême droite, font à nouveau peser des doutes sur les grands noms de la finance italienne et européenne. Le niveau des taux sur la dette italienne le montre, la défiance est au rendez-vous. Le différentiel de rendement des obligations à 10 ans entre l’Allemagne (-0,60 %) et l’Italie (1,61 %) s’est encore creusé à plus de 2 %, le marché acceptant toujours de perdre de l’argent pour trouver dans la dette des pays les plus sûrs de la zone euro, un minimum de sécurité. La dette belge, à cet égard, a vu son benchmark afficher un rendement négatif d’un quart de pourcent.
Correction en cours à Bruxelles
Comme partout ailleurs en Europe, les gestionnaires ont tenté de limiter la casse à la Bourse de Bruxelles après le dérapage de lundi. Mais au terme de la semaine, la quasi-totalité des valeurs composant l’indice Bel 20 affichaient un bilan hebdomadaire négatif. Dans les rares performances positives de la semaine, on a pu relever celle d’Ahold Delhaize liée à une rumeur d’alliance aux États-Unis. À confirmer, bien sûr.