Les boursiers anticipent une récession
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Publié le 06-03-2020 à 18h16 - Mis à jour le 06-03-2020 à 19h08
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Rares sont les secteurs capables d’échapper à la panique.
Si les acheteurs ou les chasseurs de bonnes affaires ont réussi à maintenir les indicateurs boursiers dans le vert en début de semaine, force est de constater que les vendeurs ont largement occupé le devant de la scène ces derniers jours. Panique ? Oui, d’évidence. En raison d’une trop grande quantité de témoignages et de chiffres, d’une part, et par manque de visibilité sur le futur proche, d’autre part. Pour les investisseurs boursiers qui tentent systématiquement d’anticiper les tendances économiques au travers de leurs achats ou ventes d’actions, les éléments négatifs s’amoncellent alors que la prévisibilité de l’intensité de l’épidémie et de sa durée manque de consistance. La réaction des opérateurs qui vendent leurs portefeuilles est donc assez logique. Mais que deviennent les capitaux qui fuient la Bourse ? On le voit à l’évolution positive des prix des obligations de première qualité, ils vont vers un segment des marchés financiers censé apporter de la sécurité. On l’a noté, cette semaine, aux États-Unis, où en raison de la hausse des valorisations, le rendement des obligations d’État à 10 ans est descendu à un plancher historique de 0,74 %. Ces fonds sont donc parqués désormais là où une inflation de 2,5 % les afflige d’un rendement réel négatif de près de 2 % !
L’exagération est donc devenue la norme, tout comme le fut jusqu’à la mi-février l’exubérance irrationnelle des investisseurs. En ce sens, la situation a pour effet positif de ramener ces derniers plus près de la réalité.
La question qui reste d’actualité, et sans réponse après un rebond prometteur, est de savoir si les marchés boursiers sont entrés dans une longue phase baissière. Ce que l’on sait, c’est que l’heure est au retour de la volatilité.
Euro recherché
Et pas qu’en Bourse. Sur le marché des devises, on a vu l’euro retrouver des couleurs face au dollar, lesté par la baisse surprise des taux de référence de la Réserve fédérale américaine. Décidée à la hâte pour tenter de rassurer les marchés, cette opération a surtout déstabilisé les marchés, en donnant le sentiment que la Fed tente de contenir une situation hors de contrôle. En quelques jours, l’euro a repris 4 % au billet vert. La recherche de sécurité a aussi coûté cher aux devises à haut rendement en raison de la clôture de positions spéculatives dites de “carry trade”. Un mécanisme utilisé par des fonds qui empruntent à bas coût en euro et réinvestissent en devises assorties de taux d’intérêt élevé. En dénouant ces positions, les fonds rachètent de l’euro au détriment des devises de pays émergents. Comme le notait dans une revue un économiste belge, on aurait envie de profiter de ces baisses, mais aujourd’hui, plus personne ne veut prendre l’avion.
Marché baissier ?
Bref : les indicateurs boursiers ont repris leur recul à l’approche d’un week-end prometteur de nouvelles révélations glaçantes sur l’évolution des zones de contamination. Et les gestionnaires ont entrepris de préparer leurs portefeuilles à une probable récession à l’échelle mondiale. Tous les secteurs sont soumis à cette stratégie de sauve-qui-peut. Et cette semaine, les banques ont payé cher le coup de poker de la Fed, en affichant des baisses inquiétantes. Mais à l’aune de l’indice Eurostoxx 600, depuis le début de la panique épidémique, soit 10 jours à peine, les places européennes ont reculé de 14,50 %. Parmi les valeurs composant cet indice de référence, celles du secteur des loisirs et des voyages fait pire, évidemment avec un recul de 26 %. Le secteur des croisières ne remonte pas (-22 %), pas plus que celui des matières premières (-20 %), lesté par un baril de pétrole sous les 45 dollars. Ici, quoi que tentent de faire les producteurs, la chute des importations de brut par la Chine est brutale et sans appel. Même si l’on commence à envisager un redémarrage de l’activité là où apparemment, l’épidémie a perdu de son intensité, soit aussi là où elle a pris naissance.
Quelques havres de paix
Le secteur de l’automobile aussi a passé quelques dures journées avec un recul global de 17 %, mais pourrait récupérer ses pertes avec le temps. Dans ce segment d’activité, on assiste plus à un report du chiffre d’affaires qu’à sa perte pure et simple. De rattrapage il devrait aussi être question dans le secteur des “utilities”, la consommation d’électricité par les particuliers restant stable, notamment. On note ici des replis plus mesurés, dictés par les ventes aveugles et globales de portefeuilles. À Bruxelles l’action du distributeur Elia est encore largement bénéficiaire depuis le début de l’année. La pharmacie est également mieux lotie, même si elle a subi des ventes depuis le début de la crise sanitaire. Là aussi, le groupe belge UCB garde la tête haute depuis le début de l’année. Enfin, cette semaine, dans la grisaille de notre marché, on a aussi vu émerger Ontex, à la faveur de résultats très encourageants. Le titre a bondi de 17 % en quelques jours. Après une longue phase de déprime liée à un environnement qui reste difficile, et à une dette préoccupante. On le voit, le marché recèle toujours de bonnes surprises, malgré tout.
