Revue boursière: La BCE calme tout le monde en sortant son (gros) bazooka
Revue Boursière: Après un premier essai manqué, la BCE a ajusté le tir avec précision.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5347a177-ca2b-4917-954b-a2a26078a3be.png)
Publié le 20-03-2020 à 17h50 - Mis à jour le 23-03-2020 à 10h14
:focal(1275x857.5:1285x847.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VRSB45KMOJBK5GP2LJLSKHA5MU.jpg)
Après un premier essai manqué, la BCE a ajusté le tir avec précision.
Le 12 mars dernier, la présidente du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, avait annoncé un éventail de mesures techniques pour soutenir les PME. Les marchés boursiers, qui espéraient mieux, avaient accéléré leur chute entamée à la mi-février. Mais, cette semaine, c’est le durcissement inattendu des conditions sur le marché obligataire qui a déclenché une deuxième salve de la part de la BCE. Elle a annoncé la relance massive du "quantitative easing" avec, à la clé, 750 milliards d’euros de munitions, en plus des 120 milliards annoncés dans la première phase du plan. L’idée ? Dans la perspective d’un creusement important des déficits budgétaires des États membres et de leur endettement (lié aux efforts pour battre l’épidémie et pour empêcher les entreprises touchées de mettre la clé sous la porte), aider les États et les entreprises à trouver du refinancement dans un marché méfiant. La note ? On verra après… Il s’agit, ici, d’éviter le blocage des économies et une nouvelle crise de la dette souveraine. Et, jusqu’à présent, le bazooka de la BCE a fait mouche. Les taux demandés par le marché à l’Italie, qui atteignaient les 3 % mercredi, sont revenus vendredi à 1,58 %.
Une réaction extraordinaire
La détermination de la BCE est inscrite dans la déclaration de Christine Lagarde : "Des temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire". La BCE, comme la Fed et les gouvernements, réagissent vite et bien. Les leçons de la crise de 2008 ont porté leurs fruits.
Où en est-on ? Les taux courts sont à zéro, ou presque, un peu partout. Les taux longs, au plancher, sont sous contrôle des banques centrales. Les marchés boursiers ont très lourdement chuté. Les opérateurs ont intégré le scénario du pire. A-t-on touché le fond ? Pas évident à définir. Mais il est temps de revenir aux fondamentaux et à distinguer ce qui tient encore debout après un krach d’anthologie. La détermination de la Réserve fédérale américaine, celle de la BCE et les plans de relance des États semblent avoir rassuré les investisseurs assis sur des montagnes de liquidités. Ces derniers jours, ils avaient même vendu leur or, la réserve de dernier recours. Quant au pétrole, victime de la guerre menée par l’Arabie Saoudite et la Russie, il semble aussi avoir touché le fond. Mais il est toujours sous la barre des 30 dollars le baril, comme en 2003. Et les perspectives de baisse de la consommation n’arrangent rien.
Fondamentaux
À la Bourse de Bruxelles, après un démarrage dans le rouge lundi, les premiers signes d’un retour des acheteurs, à l’affût de bonnes affaires, se sont fait sentir. Avec des rebonds de grande ampleur, vite suivis de prises de bénéfices vigoureuses. C’est le temps des boursicoteurs. Sur la semaine, on a vu des secteurs se détacher dans une très grande volatilité, des titres affichant des écarts de cours de 30 % sur la journée ! Avec une vague d’achats, puis de ventes, sur les valeurs télécoms de notre marché, puis sur la distribution, avant d’inverser les flux et de racheter les holdings et les financières pour, ensuite, passer aux immobilières. Avec une vedette incontestée : l’action du groupe belge de distribution Colruyt, qui est désormais la seule de l’indice Bel 20 à afficher un bilan boursier positif sur l’année en cours. Avant le Krach, l’action était pourtant conseillée à la vente par pratiquement tous les analystes… Et vendue à découvert par plusieurs fonds spéculatifs. Ces derniers ont d’ailleurs été muselés (temporairement) cette semaine par les autorités de marché européennes, irritées par l’accroissement de volatilité causé par ce mode de spéculation.
Mode survie
La distribution, avant que les analystes ne recommencent leur tri des secteurs résilients à la crise en cours, reste un de secteurs défensifs à suivre, comme la pharmacie, l’alimentation,… Aux États-Unis, où débute la crise sanitaire, Amazon a lancé les cartons et promet d’engager 100 000 personnes pour faire face à l’explosion prévisible du commerce en ligne. Wal-Mart vient de faire de même en ouvrant 150 000 postes. Les Américains aussi remplissent leurs frigos pour faire face à la terrible vague qui arrive chez eux.
Patrick Van Campenhout